L’invité Jean Gobinet, musicien de jazz et professeur de trompette, privilégie l’immersion dans l’œuvre pour en ressentir l’émotion. pour lui, Les lieux de musique sont vecteurs de cette expérience. CONSTRUCTION Canopée des Halles Paris respire Conservatoires de nouvelles harmonies Une journée avec un sculpteur sur pierre n°41 bimestriel - août-sept. 2014 numéro 41 août-septembre 2014 8 Nantes L’îlot Jallais connecté 28 fibre optique la dynamique des réseaux 22 Conservatoires De nouvelles harmonies 4 à 11 C’est dans l’actu ouvrages Bordeaux : un chauffage urbain plein d’énergie. Rouen : l’art en taille XXL. infos Nantes : l’îlot Jallais connecté. Lycée international, Nantes : énergie positive. Aérogare de Mayotte : le bois est roi. Hôtel de Montesquiou : diplomatique rénovation. Le Quesnoy : travaux pratiques. Fontenay-aux-Roses : toute la lumière pour l’IRSN. Millau : à mi-pente. Libourne : l’hôpital caméléon. Courbevoie : les feux de la rampe. GROUPE LGV SEA : tout le monde sur le pont ! Autoroute Berlin-Munich : VINCI aux commandes. 12 à 18 La saga du mois Les halles, Paris : sous la canopée, une bouffée d’air Pour accueillir les milliers de visiteurs et usagers des Halles, VINCI Construction France conduit la transformation en profondeur de ce quartier. Création architecturale et redistribution des accès aux transports s’y mêlent dans une prouesse logistique et technique. 19 C’est innovant Mur manteau bois arbonis Structure gagnante pour façades filantes. L’invité Jean Gobinet « J’avais 10 ans quand mon frère m’a fait écouter un morceau de jazz, My Favorite Things, par le saxophoniste John Coltrane, dans l’une de ces cabines d’écoute de disques que proposaient certains magasins de musique. Tout d’un coup, j’ai vécu une sensation extraordinaire, une complète immersion dans la musique ! » Arrivant de son village natal des Vosges, Jean Gobinet n’était pas spécialement préparé à un tel choc. Cette émotion aura été fondatrice et, depuis, la musique est devenue sa vie même. Son choix se porte sur la trompette, et son parcours lui donne l’occasion de jouer avec les plus grands noms du jazz – Quincy Jones, Michel Legrand – comme de la variété – Stevie Wonder, Gilbert Bécaud, Henri Salvador, les Rita Mitsouko ou le Grand Orchestre du Splendid. Puis il développe une activité d’arrangeur et d’orchestrateur, notamment pour l’Orchestre national de jazz, Didier Lockwood, Michel Fugain ou dans le cadre de musiques de films (The Artist, Oggy et les Cafards). Parallèlement à ses activités de musicien et de compositeur, il est aujourd’hui professeur de trompette, d’arrangement et de composition au Conservatoire de la vallée de Chevreuse, à Orsay (91). À ses élèves, au public des concerts de jazz, il cherche à transmettre cette sensation, à faire ressentir cette émotion unique, bouleversante et fondatrice de l’immersion dans l’œuvre. Qu’il s’agisse de musique, de peinture, de sculpture ou… d’architecture. 20 à 21 La trace des bâtisseurs botte fondations L’expertise technique du sous-sol. 22 à 25 C’est dans l’air conservatoires De nouvelles harmonies. 26 à 27 C’est essentiel département ressources humaines Mieux recruter pour gagner. secrétaire de chantier C’est quoi au juste ? 28 à 31 C’est le métier fibre optique La dynamique des réseaux. Une journée avec… José Barbier, sculpteur sur pierre. 2 ⁄ Passion construction N° 41 Direction de la Communication : 61, avenue Jules-Quentin, 92730 Nanterre. Tél. 01 46 95 70 00 /// Directeur de la publication : Xavier Defaux /// Rédactrice en chef : Emmanuelle Jouan /// Conception-réalisation : 41, rue Greneta, 75002 Paris /// Responsable éditorial : Jérôme Rousselle /// Secrétariat de rédaction : Primerose Christol /// Direction artistique et maquette : Agnès Lalle, Béatrice Boubé /// Iconographie : Marion Capéra, Emmanuelle Jouan /// Ont participé à ce numéro : Éric Allermoz, Sophie Caux-Lourié, Michèle Cohen, Anne Fellmann, Bruno Schwab /// Tirage : 28 000 exemplaires /// Impression : Imprimerie Vincent. Ce document utilise du papier Condat Silk (certifié PEFC) garantissant la gestion durable des forêts. Il a été imprimé par un imprimeur Imprim’Vert® qui n’utilise pas de produits toxiques et sécurise le stockage des produits et déchets dangereux, et organise leurs collectes. Tribune « Les Maîtres Bâtisseurs, notre atout pour l’avenir » L’ordre des Maîtres Bâtisseurs fête cette année ses 25 ans, et Gérard Grau, mission magnifiquement accomplie, cède la place à Alain Delage en tant que référent national. Plus que jamais, les Maîtres Bâtisseurs portent haut les valeurs de VINCI Construction France ! Ils sont maintenant près de 350 partout en France, dans toutes les directions déléguées, particulièrement attachés à transmettre leur expérience et à placer l’homme au centre de notre organisation. Au-delà de leurs missions d’accompagnement des nouveaux embauchés, de tutorat et d’insertion que tous assument avec passion, les Maîtres Bâtisseurs, par leur comportement exemplaire, jouent un rôle déterminant dans le changement en profondeur de notre culture sécurité : il est significatif de constater que les chantiers bénéficiant de leur présence ont de meilleurs résultats dans ce domaine. Aujourd’hui, les Maîtres Bâtisseurs ont un autre défi à relever : celui de l’innovation. Nouvelles méthodes, avec le respect exigeant de la démarche Orchestra, nouveaux outils, avec l’éclosion des technologies 3D, nouveaux concepts constructifs, etc. Dans un contexte économique tendu, c’est en capitalisant sur l’expertise des Maîtres Bâtisseurs que VINCI Construction France sera capable d’innover pour proposer à ses clients les meilleures solutions et les projets les plus séduisants. Gardiens d’une tradition d’excellence, les Maîtres Bâtisseurs représentent un atout essentiel pour construire l’avenir. Nous pouvons compter sur eux. 12 30 Fernando Sistac, président de l’ordre Les halles, Paris sous la canopée, une bouffée d’air une journée avec josé barbier des Maîtres Bâtisseurs, directeur général adjoint de VINCI Construction France De gauche à droite : Fernando Sistac, Gérard Grau et Alain Delage /// ISSN : 1957-5696 /// Crédits photographiques : Couverture : © Luc Benevello. L’invité : © DR. Pages 2-3 : © A. Da Silva/Graphix Images ; © DR ; © DR Vinci Construction France. Pages 4-5 : © Richard Nourry. Pages 6-7 : © Asisi ; © Thierry Duvivier. Pages 8-11 : © Agence de Alzua ; © Agence SCE ; © Archicréa ; © Chabanne et partenaires ; © Didier Charre ; © DR Vinci Construction France ; © Fargeot Lamellé Collé ; © Jean-Michel Nossant ; © Otton Sanchez Architectes ; © Photopqr/Le Parisien/Audureau Aurélie/Paris ; © Nicolas Robin ; © SCAU ; © Vinci. Pages 12-18 : © Luc Benevello ; © Aline Boros ; © Alexandre Dubus ; © F4E ; © RATP/Patrick Berget et Jacques Anziutti architectes/L’autre Image ; © SemPariSeine-Hervé Piraud. Page 19 : © Vinci Construction France. Pages 20-21 : © DR Vinci Construction France. Pages 22-25 : © Jérôme Cabanel ; © J.-P. Lott ; © Hélène Peter ; © VINCI Construction France ; ©Thomas Wibratte. Page 26 : © Thierry Duvivier ; © Thierry Foulon. Page 27 : © Luc Benevello ; © Phong. Pages 28-29 : © Fanny Auburtin/Vinci Ouest ; © Hélène Peter. Pages 30-31 : © Luc Benevello. Page 32 : © Bruno Démeulin/Graphix Images. Le magazine de VINCI Construction France ⁄ 3 C’est Dans l’actu FICHE D’IdENTITé Maître d’ouvrage : Énergie des Bassins/Mixéner. Maître d’œuvre : bureau d’études Cetab. réseau de chaleur urbain Entreprise : Chantiers Modernes Sud-Ouest. Budget : 2,6 M€. Bordeaux un chauffage urbain plein d’énergie E ntre le plus grand pont levant d’Europe, inauguré en 2013, et le futur stade de 42 000 places (deux réalisations confiées à VINCI Construction France), Bordeaux (33) est en pleine mutation. Actuellement, s’y ajoute la rénovation de l’ancienne zone portuaire des Bassins à flot. « De nombreux projets sont en cours, notamment la construction de 5 000 logements. C’est pour ce futur quartier que Chantiers Modernes SudOuest réalise le réseau de chauffage et d’eau sanitaire », détaille Édouard Hervé, chef d’agence, Chantiers Modernes Sud-Ouest, à Pessac (33). Le projet consiste à terrasser 3 km de tranchées, afin d’enfouir au total 6 km de conduites d’eau chaude. « Nous posons plus de 500 tubes d’acier de 12 m de long, qui transporteront une eau à 90 °C », complète Josselin Mignucci, ingénieur travaux en “coaching team”. Pour résister à la 4 ⁄ Passion construction N° 41 pression, conserver la chaleur et éviter tout risque de fuite, chaque conduite est doublée d’une mousse expansive sur isolé permettant de limiter les pertes de charge. Répartis en quatre phases, les travaux ont débuté en septembre 2013, pour s’achever à l’été 2015. À terme, le réseau sera relié à une chaudière biomasse d’une puissance totale de 6 MW. Grâce à ce dispositif durable (bois + gaz), 70 % des énergies utilisées dans le quartier seront renouvelables, ce qui représentera une économie annuelle de 8 000 t de CO2. « Depuis quatre ans, Chantiers Modernes Sud-Ouest réalise des travaux de chauffage urbain de ce type. Le projet des Bassins à flot est exemplaire en matière d’énergie. Il nécessite un savoir-faire technique particulier, à mi-chemin entre le transport de gaz et les travaux d’adduction d’eau potable », conclut David Montlaur, ingénieur travaux. Calendrier : septembre 2013juillet 2015. Environ 6 km de conduites en acier sur isolé. « Une première en quinze ans de chantiers » Damien Michel, chef de chantier, Sogea Sud-Ouest Hydraulique, détaché à Chantiers Modernes Sud-Ouest, 35 ans « Nous travaillons avec une équipe d’une dizaine de compagnons spécialisés : terrassiers, canalisateurs, jointeurs, soudeurs. Il faut être méthodique, pour que chaque étape s’enchaîne le mieux possible. La principale difficulté est de poser des canalisations de 12 m de long. Il faut sécuriser les parois de la tranchée avec des caissons de blindage sur une distance trois fois supérieure à ce que nous pratiquons habituellement. Je n’avais jamais posé de canalisations de cette longueur en quinze ans d’ancienneté. Les soudures qui relient chaque canalisation en acier sont cruciales : elles doivent être parfaites et bien isolées. Ce chantier est atypique par sa taille. C’est le plus important réseau de chaleur de la région. Nous devons aussi gérer d’autres contraintes : situés entre le port autonome et la Garonne, nous opérons en présence de sol vasard avec nappe phréatique. Nous utilisons régulièrement un système de pompage pour assécher les tranchées dans lesquelles nous travaillons. Par ailleurs, notre chantier est réalisé à proximité de bâtiments en construction. Plus d’une vingtaine de grues nous entourent. Il faut se faire sa place ! » Le magazine de VINCI Construction France ⁄ 5 C’est Dans l’actu FICHE D’IdENTITé le panorama XXL Maître d’ouvrage : Métropole Rouen Normandie. Maître d’œuvre : Bureau 112. Entreprise : Sogea Nord-Ouest. Budget : 2,3 M€. Calendrier : juin 2014-décembre 2014. Chiffres clés : 35 m Hauteur de la rotonde. 31 m Hauteur des œuvres. 101 m Taille totale de la toile déployée. 600 m3 de béton. 200 t de structure métallique. Rouen L’art en taille XXL S ur les quais de Seine de Rouen, en SeineMaritime, Sogea Nord-Ouest pilote un projet culturel et touristique unique en France. « Le Panorama XXL est un lieu d’exposition circulaire, une rotonde de 35 m de hauteur pour 35 m de diamètre. Cette construction exposera des œuvres panoramiques à 360° », détaille Olivier Schwerer, directeur d’exploitation, Sogea Nord-Ouest. Dès le mois de décembre 2014, la nouvelle tour panoramique accueillera en effet le travail de l’artiste allemand Yadegar Asisi, reconnu dans 6 ⁄ Passion construction N° 41 le monde entier pour ses expositions à 360° sur la Rome antique ou la forêt amazonienne. Pour Sogea Nord-Ouest, le chantier se scinde en deux parties. « Nos équipes ont tout d’abord réalisé les fondations de l’ouvrage – pieux forés tubés, réseaux de longrines, dalle portée –, précise Olivier Schwerer, puis érigé une tour centrale en béton, qui permettra au public de prendre de l’altitude grâce à trois plateformes d’observation du panorama à 9,13 et 16 m. Nous réalisons ensuite une structure métallique de 200 t d’acier, assemblée sur site en seule- ment trois semaines. Le bardage extérieur de cette enveloppe sera composé de panneaux sandwich. » Une structure démontable, puisque la tour se trouve à un emplacement provisoire et sera déplacée, dans cinq ans, au sein d’un futur écoquartier de Rouen, aujourd’hui en construction. Le chantier, d’un montant de 2,3 millions d’euros, s’achèvera en décembre prochain. Le maître d’ouvrage, Métropole Rouen Normandie, espère at tirer 100 000 visiteurs par an. Des fresques colossales D’une précision extrême, les fresques panoramiques reconstituent un paysage, urbain ou naturel, grâce à un subtil mélange de photographies, de peintures et d’images numériques. Les expositions reposeront sur des toiles tendues de 37 m de haut, composant un panorama XXL d’une circonférence extérieure de 105 m. Après la Rome antique et la forêt amazonienne, Yadegar Asisi proposera, au printemps 2016, un panorama inédit et très attendu sur le Rouen gothique à l’époque de Jeanne d’Arc. « Un ouvrage inhabituel » David Robert, 45 ans, chef de chantier, Sogea Nord-Ouest « Les fondations de la tour panoramique reposent sur 29 pieux forés à 20 m. Une profondeur nécessaire pour deux raisons : l’instabilité des sols, due à la proximité de la Seine, et les contraintes de vent sur un ouvrage de 35 m de hauteur. La rotonde est un ouvrage complexe. Nous avons d’abord réalisé la tour centrale intérieure, puis l’enveloppe métallique, qui est vraiment très impressionnante. D’autant que les délais d’exécution sont courts. Nous sommes davantage dans un ouvrage de génie civil que de bâtiment tel que nous en avons l’habitude. Pour ma part, j’ai le sentiment de participer à un projet culturel unique en France. Je suis impatient de découvrir le résultat final le jour de l’inauguration, en décembre 2014. » Le mot de l’invité : Jean Gobinet “ Je pense que la notion d’expérience est fondamentale dans l’art. Dans ma pratique de professeur de musique, je dis à mes élèves qu’ils doivent imaginer qu’ils mettent un casque avec une lampe frontale et qu’ils rentrent à l’intérieur de la musique comme des spéléologues, pour y découvrir des choses qu’ils ne soupçonnaient pas. » Le magazine de VINCI Construction France ⁄ 7 C’est Dans l’actu Nantes L’îlot Jallais connecté C’est dans le cadre d’un contrat de partenariat public-privé (PPP) avec VINCI Construction France que Nantes Métropole (44) a signé l’aménagement de l’îlot Jallais 8a1, situé à proximité immédiate de la future gare TGV de Nantes. Cette opération comptera un parking public de 592 places, 7 850 m² de bureaux et 640 m² de commerces en pied d’immeuble. Adim Ouest s’est vu confier le contrat de promotion immobilière, tandis que Sogea Atlantique assurera les travaux de construction, certifiés BREEAM. La livraison est prévue en juin 2016 pour le parking et en décembre de la même année pour les bureaux et commerces. Lycée international, Nantes Forum sur la digue D’une capacité de 1 500 élèves, le nouveau lycée international de l’Ile-de-Nantes (44) a ouvert ses portes pour la rentrée. Ce programme de 26 700 m², construit en vingt et un mois seulement, allie les diverses compétences des filiales locales de VINCI : Sogea Atlantique (associé à ETPO), Caillaud Lamellé Collé, Botte Fondations et Cegelec. Le nouvel établissement, à énergie positive, participe au désenclavement du quartier de l’île de Nantes et à son ouverture sur la Loire. Sur la digue du canal de Jonage (69), près de Lyon, s’est tenu, le 12 juin 2014, le premier forum technique sur les digues, à l’initiative de Botte Fondations et de Tournaud, associés à VINCI Construction Terrassement. Dans le cadre exceptionnel du chantier EDF, les dernières innovations en matière d’étanchéité ont été présentées. Venus de toute la France, 150 professionnels ont rencontré les acteurs du chantier pour découvrir les savoir-faire en matière d’entretien ou de réhabilitation de digue. Énergie positive 8 ⁄ Passion construction N° 41 Aérogare de Mayotte Le bois est roi Inaugurée officiellement par le président de la République le 23 août 2014, l’aérogare de Pamandzi, à Mayotte (océan Indien), met à l’honneur le travail effectué par Fargeot Lamellé Collé (Arbonis) sur le lot bois – charpente en mélèze, poutres, plafonds acoustiques, murs, ventelles brise-soleil, panneaux anticycloniques, etc. Le défi était de taille : créer un lieu où il fait bon s’arrêter pour mieux repartir. Hôtel de Montesquiou Diplomatique rénovation Express u� Dans le cadre de la création d’une liaison tram-train entre Le Bourget et Épinay-sur-Seine, Campenon Bernard Industrie (CBI) réalise en groupement le complexe de maintenance et de remisage des rames de Noisy-le-Sec (93), pour le compte de la SNCF. Montant total du marché : 20 M€, dont 17,1 M€ pour CBI. Des navires à la culture Réhabiliter les ateliers des Capucins à Brest (29), faire de cette ancienne usine de construction navale un lieu culturel, avec cinéma multiplexe, médiathèque, commerces, et même y installer le Centre national des arts de la rue… Cette tâche incombe à Sogea Bretagne, qui travaillera sur une surface de 25 000 m² pendant vingt-deux mois, pour un montant de 15 M€. Bâtiment de 7 951 m2 de bureaux situé dans le VIIe arrondissement de Paris, agrémenté d’un grand jardin, l’hôtel de Montesquiou accueille la Chancellerie de l’ambassade de la République populaire de Chine. Édifié en 1781, il devait être rénové. C’est Campenon Bernard Construction (CBC) qui a décroché le contrat de réhabilitation réalisée en entreprise générale, signé en présence de personnalités de l’ambassade de Chine en France, de représentants de VINCI Construction France et de CBC ainsi que de l’agence d’architecture Arte Charpentier. Le bâtiment sera réhabilité en partie, avec la création d’un parking enterré de 70 places. CBC assistera les entreprises chinoises pendant les travaux. Montant du marché : 13 M€. Le Quesnoy Travaux pratiques Rénover une cité scolaire pendant les cours : tel est le défi lancé par le conseil général du Nord et relevé par Sogea Caroni. Il s’agit du collège Eugène-Thomas, situé au Quesnoy (59). La rénovation porte sur les salles de cours et le réfectoire ainsi que sur les alentours, avec la réalisation d’accès pour les bus, de parkings pour les véhicules des professeurs et l’aménagement des abords. Quelque 800 élèves, dont 620 demipensionnaires, sont concernés par ce chantier HQE®, qui devrait s’étaler sur cinq ans, pour un montant de 8,9 M€. C’est Dans l’actu Fontenay-aux-Roses toute la lumière pour l’IRSN Baptisé “Prisme”, un nouveau bâtiment va être construit par Bateg à Fontenay-aux-Roses (92). Le bail de vingt-cinq ans signé le 7 juillet 2014 avec l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) porte sur la conception, la construction, le financement et la mise à disposition des ouvrages ainsi que sur les prestations de grosses réparations du bâtiment. Tel un cristal de roche, l’immeuble reçoit la lumière de toutes parts. Conçu par SCAU et Archicréa DP, il offrira 12 000 m² de bureaux, laboratoires et espaces spécifiques. Au total, trente et un mois de conception-réalisation, dont vingt-quatre mois de travaux en deux tranches, au terme desquels le transfert des services de l’IRSN s’effectuera dans un bâtiment moderne certifié HQE®. Montant global : 35,5 M€. Mixité générationnelle à La Ciotat Travaux du Midi va construire l’îlot Crozet, à La Ciotat (13). Cet ensemble mixte comprendra 82 logements, un Ehpad de 100 lits et un parking enterré de 246 places. Montant du marché : 16 M€. Libourne L’hôpital caméléon À partir de 2017, la ville de Libourne (33) bénéficiera d’un hôpital flambant neuf. Conçu par le cabinet d’architectes Chabanne et partenaires, l’ensemble de bâtiments de six étages, d’une capacité de 477 lits et 33 places d’hôpital de jour, s’intégrera harmonieusement entre la ville et un espace boisé classé. La couleur des façades passera du brun au vert selon le point de vue et le parcours des piétons. Des patios et des jardins intérieurs agrémenteront le séjour de ses utilisateurs. Cet hôpital compact, flexible et évolutif sera confié à GTM Aquitaine, dont le président, Gino Gotti, a signé le contrat de conception-construction le 10 juillet 2014 avec Michel Bruballa, directeur de l’actuel hôpital Robert-Boulin, et Michel Galand, président du conseil de surveillance de l’établissement. Un grand projet, dont les travaux débuteront en 2015 et s’achèveront fin 2017, pour un montant de 75 M€. 10 ⁄ Passion construction N° 41 Millau À mi-pente C’est dans le prolongement de la rue commerçante de Millau (12) que s’inscrit le centre commercial La Capelle, dont la première pierre vient d’être posée par Sogea Sud. Composé de 46 boutiques et restaurants, d’un supermarché et d’une médiathèque, le centre commercial se veut le lien entre les parties haute et basse de la ville. Réalisé en tout corps d’état pour le groupe Casino, il sera achevé en septembre 2015 pour un montant de 13,7 M€. groupe Le mot de l’invité : Jean Gobinet “ Des salles comme celle-ci sont intéressantes pour nous, musiciens de jazz, car elles sont à la bonne échelle, à mi-chemin entre le club de jazz et les grandes salles de concert. En effet, une salle qui conviendra pour de la musique classique n’offrira pas une bonne qualité acoustique pour des musiques actuelles, qui nécessitent l’usage de câbles électriques et de haut-parleurs. » Courbevoie Les feux de la rampe LGV SEA Tout le monde sur le pont ! Saint-Romain-la-Virvée (33), 1er septembre 2014 : le viaduc de la Dordogne est achevé, après deux ans de travaux. Pour célébrer l’événement, le Premier ministre, Manuel Valls, accompagné d’Alain Vidalies, secrétaire d’État chargé des Transports, a fait le déplacement. L’ont accueilli Xavier Huillard, président-directeur général de VINCI, Pierre Coppey, directeur général délégué de VINCI, et des élus locaux. Tous ont pu admirer l’impressionnant viaduc, le plus long (1 319 m) de la future LGV qui reliera Tours à Bordeaux. C’est aussi le seul pont à avoir été exécuté avec la technique de construction des tabliers béton en encorbellement. Grâce à quatre équipages mobiles, ils permettent de régler la hauteur des voussoirs et de les couler en place. Pour bâtir cet ouvrage d’art, il a fallu 9 800 m3 de béton et 900 t d’acier pour les fondations, 153 pieux forés à 46 m de profondeur, 19 piles, 10 grues à tour, 300 voussoirs coulés en place et, surtout, les 150 compagnons qui ont œuvré à cette prouesse technique. Cette réalisation rapproche symboliquement Bordeaux de Paris : deux heures de TGV en 2017 ! Florence Foresti a étrenné le centre événementiel de la Cité des loisirs deux jours après son inauguration, le 22 mai 2014, par Jacques Kossowski, député-maire de Courbevoie (92), avec son nouveau spectacle. Ce nouvel espace festif, réalisé par GTM Bâtiment (mandataire) et CBC, se déploie sur deux bâtiments, dont le premier est équipé de deux salles de 1 000 et 300 places, de studios d’enregistrement, d’un espace média, etc. Quant au second, il accueille un gymnase, une cuisine centrale et des bureaux associatifs. Afin de répondre aux exigences acoustiques et de raccourcir les délais de construction, des voiles hauts de 17 m ont été exécutés toute hauteur en béton autoplaçant. Ce chantier a été réalisé en vingt-cinq mois pour un montant de 55 M€. H’Expo Le salon H’Expo, dédié aux professionnels de l’habitat, s’est tenu à Eurexpo Lyon les 23, 24 et 25 septembre 2014. Cette manifestation d’ampleur nationale fut l’occasion pour les équipes de VINCI Construction France de mettre en avant le savoir-faire du Groupe en matière de logement ainsi que l’offre Blue Fabric, pour construire de manière responsable et répondre aux enjeux de la ville durable. Erratum Passion Construction n° 40, page 10. “Un lycée international en Seine-Saint-Denis” Le lycée est situé sur les communes de Noisy-leGrand et de Bry-sur-Marne. Le délai contractuel est de vingt-sept mois, avec un ordre de service (OS) daté de fin mars 2014. Express uLe Salon des maires et des collectivités Locales, qui se déroulera du 25 au 27 novembre 2014 à Paris, porte de Versailles, sera pour VINCI Construction France l’occasion de présenter Primméa, son offre innovante de logement. u VINCI Construction France participera au SIMI, le Salon de l’immobilier d’entreprise, qui se déroulera du 3 au 5 décembre 2014 à Paris, porte Maillot. Autoroute Berlin-Munich VINCI aux commandes La section de l’autoroute A9, située dans le Land de Thuringe (Allemagne), a été inaugurée par Alexander Dobrindt, ministre fédéral des Transports allemand, et Pierre Coppey, directeur général délégué de VINCI. Longue de 46,5 km, elle bouclera la rénovation de la liaison entre Berlin et Munich. Réalisé par la société Via Gateway Thüringen GmbH, détenue à parité par VINCI Concessions et BAM PPP, ce nouveau tronçon est le premier projet autoroutier allemand en partenariat public-privé (PPP). Le contrat, d’un montant total de 220 M€, porte sur le financement, la conception, les travaux d’élargissement, sur 19 km, et de rénovation, sur 27,5 km, puis sur l’exploitationmaintenance de la totalité de la section autoroutière pendant vingt ans. Les travaux devraient durer trois ans. Le magazine de VINCI Construction France ⁄ 11 LA SAGA DU MOIS Les Halles, Paris Sous la Canopée, une bouffée d’air Près d’un million de personnes se croisent dans les Halles chaque jour. Pour les accueillir, VINCI Construction France conduit la transformation en profondeur de ce quartier. Création architecturale et redistribution des accès aux transports s’y mêlent dans une prouesse logistique et technique. LA SAGA DU MOIS Le mot de l’invité : Jean Gobinet “ Je reste bouche bée devant ce genre de réalisation, stupéfié que l’on puisse être capable d’imaginer ce genre de projet. D’un point de vue esthétique, c’est assez radical, avec un côté aérien, fluide, et en même temps tellement énorme qu’on se demande comment ça peut tenir. » L e défi est de taille : modifier le visage de l’un des quartiers les plus emblématiques de Paris, les Halles, sans perturber le quotidien de ses utilisateurs, ni interrompre son intense activité. Car les Halles, ce sont 750 000 voyageurs transitant quotidiennement par la plus grande gare souterraine d’Europe, près de 150 000 aficionados du shopping arpentant les allées du plus important centre commercial de la capitale, le Forum des Halles, des milliers de touristes, les jeunes qui se regroupent autour de la fontaine des Innocents et, bien sûr, les quelque 10 000 habitants du quartier. Ce défi, le groupement composé de Chantiers Modernes Construction, GTM TP IDF et Sogea TPI le relève depuis maintenant trois ans. « Plus de trente ans après son ouverture, le quartier néces- sitait une restructuration en profondeur et une modernisation de ses structures. La Ville de Paris nous a confié plusieurs chantiers à mener de front pour réaménager les Halles, pour un montant global dépassant les 280 millions d’euros. Chaque affaire se caractérise par une forte complexité et des contraintes techniques et logistiques importantes », détaille Xavier Gruson, directeur du projet, Sogea TPI. Le symbole du renouveau des Halles Le plus symbolique de ces chantiers est la réalisation de la Canopée, immense verrière translucide coiffant le patio central et nouvelle porte d’entrée au Forum des Halles. « La Canopée relève davantage d’un ouvrage d’art que d’un bâtiment architectural classique », poursuit Xavier Gruson. Suspendue à seulement 14,5 m du sol, FICHE D’IDENTITé ■ Maîtres d’ouvrage : Ville de Paris (Canopée, restructuration des circulations verticales, etc.), RATP (restructuration et agrandissement de la salle d’échanges RER, etc.). ■ Maîtrise d’ouvrage déléguée : SemPariSeine. ■ Maîtres d’œuvre : Patrick Berger et Jacques Anziutti (architectes). ■ Maîtres d’œuvre structure : Ingérop, PBJA. ■ Bureaux d’études tout corps d’état (TCE) : ISC, ECI et C&F (pour les plus importants). 14 ⁄ Passion construction N° 41 ■ Entreprises (gros œuvre-charpente-clos couvert) : Chantiers Modernes Construction (mandataire), GTM TP IDF et Sogea TPI. ■ Sous-traitants : Delair CFD (démolition), CMS (désamiantage), ingénierie des structures et des chantiers (bureau d’études), Freyssinet (précontrainte). ■ Calendrier : 2011-2016. ■ Budget : 281 M€ (Canopée : 175 M€, pôle transport : 29 M€, voirie souterraine : 65 M€, Cité de chantier : 12 M€). 7 000 t Poids de la charpente métallique de la Canopée et de la surtoiture des bâtiments annexes. cette enveloppe de verre de 25 000 m2 est composée de 18 000 pièces couleur jaune-vert, posées en écaille au millimètre près sur une structure métallique. Quinze ventelles d’acier, dont la plus longue atteint 96 m de portée, et un système de poutres et de tirants de toutes tailles soutenant cette mosaïque de vitres. « La particularité de ce projet est que nous construisons sur une trame orthogonale existante qui ne supporte pas de charge horizontale. La charpente doit s’adapter à cette structure », note Pascal Godon, directeur de travaux, Chantiers Modernes Construction. La Canopée (dont la seule charpente avoisine les 7 000 t d’acier, soit autant que la tour Eiffel !) s’appuie donc sur 71 poteaux en béton qui supportent le Forum des Halles depuis les fondations de la gare ferroviaire. « Une trentaine de ces poteaux ont été renforcés pour accueillir les nouvelles charges verticales, avec des interventions à l’intérieur des magasins », précise Pascal Godon. Un an de calculs Pour remporter l’appel d’offres de cette singulière toiture, le groupement a proposé une méthodologie de construction alternative à celle initialement prévue. « La solution préconisée de construire, puis pousser la Canopée pour l’installer à sa place définitive, à l’instar d’un pont, ne nous semblait pas optimale. Nous avons proposé de réaliser l’ouvrage directement sur place. Cela a séduit et rassuré le maître d’ouvrage », se souvient Karim Rahbani, directeur régional, Sogea TPI & GTM TP IDF. Puis les services d’études ont trava i l lé pend a nt près d’u n a n. I l s’agissait d’entrer dans le détail de l’édifice, d’éprouver sa constructi bilité, d’obtenir la meilleure circulation des efforts en tenant compte de l’inclinaison des ventelles, du poids du verre modifiant la courbure des poutres, ou encore de la pression exercée par le vent ou la pluie. En somme, de s’assurer de la stabilité de cet ouvrage “souple”. Équipements culturels et commerciaux Après deu x an s de t ravau x, si x jours sur sept, nuit et jour, « Démolir et construire en même temps » Nicolas Janela, conducteur de travaux, Sogea TPI « Je participe à la construction d’un escalier monumental reliant la place Marguerite-de-Navarre à la salle d’échanges de la gare. La principale contrainte est de démolir les quatre niveaux de planchers existants d’un parking, tout en reprenant au fur et à mesure les charges pour que l’ensemble de la structure ne s’écroule pas. Nous construisons en parallèle des dalles et des poutres de soutènement. Autrement dit, nous construisons et démolissons en même temps ! Cela nécessite un phasage très précis. Par chance, j’ai rejoint ce projet dès la phase d’études, ce qui me permet aujourd’hui d’avoir une vue d’ensemble. Par ailleurs, une partie du chantier se déroule en sous-œuvre, c’est-à-dire que nous ne pouvons pas compter sur l’aide des grues. Nous évoluons sous un hôtel quatre étoiles, ce qui nous impose de limiter le bruit et les poussières au maximum et de travailler à des horaires précis. Nous avons même fait repeindre notre grue aux couleurs des façades haussmanniennes qui nous entourent ! » Le magazine de VINCI Construction France ⁄ 15 LA SAGA DU MOIS Une logistique adaptée Parole à Dominique Hucher, directeur général de SemPariSeine « Sécuriser les activités, une exigence majeure » « Le site n’a pas été conçu dans les années 1970 pour l’affluence qu’il connaît aujourd’hui. Cela posait des problèmes de sécurité. L’investissement public est à la hauteur de l’importance de ce quartier historique de Paris, l’un des cœurs de la capitale. Le résultat final doit engendrer de nouveaux usages dans le quartier, susciter la curiosité. Il préfigure également ce qui sera le futur point central d’interconnexion du Grand Paris. Le premier enjeu était pour nous de poursuivre les activités du site en toute sécurité. Nous essayons donc en permanence de trouver un équilibre entre nos exigences et l’organisation du chantier. » la C anopée est achevée. Derrière d’imposantes palissades, les compagnons finalisent à présent le patio central, ses gradins sur deux niveaux accueillant des enseignes du centre commercial. De part et d’autre, deux nouveaux bâtiments (R+3) réuniront des commerces (6 300 m2), la bibliothèque La Fontaine (1 050 m 2) et le conservatoire Mozart (2 600 m 2) – dont les surfaces sont doublées –, un centre dédié à la culture hip-hop (1 400 m2), des ateliers des pratiques ar tistiques amateurs (1 000 m 2 ). « Nous réalisons deux passerelles d’accès piéton, de formes courbes et flexibles, asymétriques et d’une portée de 55 m, peu usuelles dans le bâtiment. Elles offriront aux passants une vue plongeante sur le Forum », complète Pascal Godon. La maquette numérique de synthèse entre en jeu ■ La synthèse clos et couvert de la Canopée devait, selon le marché, être réalisée en 3D. « La maquette numérique de projet (MNP), ou Building Information Modelling, favorise le dialogue entre le maître d’ouvrage, le maître d’œuvre et le constructeur. C’est un outil très opérationnel, permettant de combler les écarts entre le théorique des études et le construit », constate Caroline Réminy, responsable d’I-Tech 3D *, bureau de synthèse en charge de la MNP de la Canopée. La MNP est la mémoire des études du chantier et doit faciliter l’intégration de toutes les évolutions du projet. En superposant les modèles – architecte et constructeur –, les problèmes d’interface entre les lots ou l’impact de chaque modification deviennent tangibles. « La MNP est un facilitateur pour le travail collaboratif entre les parties prenantes », conclut Caroline Réminy. * Filiale de VINCI Construction France. 16 ⁄ Passion construction N° 41 Le réaménagement des Halles recèle des contraintes propres à son environnement. « Nous travaillons en plein cœur de Paris, un quartier urbain dense, piétonnier, à seulement quelques mètres des façades d’immeubles. Sans oublier l’impérieuse nécessité de ne jamais interrompre l’activité de la gare ou du centre commercial. Le stockage sur site est délicat, faute de place. L’approvisionnement des chantiers a donc exigé une organisation adaptée », souligne Xavier Gruson. Quatre grues silencieuses et sans émission atmosphérique ont été montées pour manipuler les milliers de pièces de la charpente. Les charges sous grue ont par ailleurs été limitées, du fait de la présence de commerces en activité sous le chantier de la Canopée. La fine dalle centrale du patio (12 cm d’épaisseur seulement) ne supportant pas les charges lourdes, le groupement a décidé de construire une piste d’accès métallique, assimilable à un pont, pour le passage des camions jusqu’aux zones de chantier. Des conditions draconiennes de sécurité ont imposé la construction de nouvelles issues de secours temporaires. Les émissions de poussière et les nuisances sonores sont contrôlées en permanence. D’autre part, afin d’accueillir les 1 000 compagnons mobilisés en pointe sur ce chantier, la maîtrise d’ouvrage a confié à VINCI Construction France la réalisation de la Cité de chantier. Une ville dans la ville de 20 000 m², composée de 500 bungalows, d’aires de déchargement pour les camions et d’ateliers de fabrication. Des compagnons à chaque niveau souterrain Si la Canopée représente la partie visible des Halles rénovées, de nombreux chantiers dans les soussols du quartier sont également en cours. Et à chaque niveau souterrain Le mot de l’invité : Jean Gobinet du quar tier, on croise des compagnons de VINCI Construction France. « Nous sommes également en charge des travaux de restructuration des circulations verticales du Forum des Halles. Soit 80 ouvrages dif férents, d’un montant moyen de 200 000 euros », conf irme Xavier Gruson. Exemples, parmi d’autres, de ces ouvrages : déplacement et renouvellement de tous les escalators, création de quatre ascenseu r s, prolongement des accès jusque dans la salle d’échanges de la gare RER, installation de portes coup e-feu e t d’es paces séc u r isés pour les personnes à mobilité réduite, dispositifs d’évacuation et sorties de secours, etc. « Des chantiers très contraints, avec des interventions dans les allées du Forum et dans les magasins », ajoute Xavier Gruson. Des travaux principalement réalisés de nuit pour minimi- “ Si le résultat est impressionnant, on est forcément touché aussi par la mise en œuvre, le labeur de l’homme pour produire une réalisation pareille. Et pourtant, en fin de compte, comme en musique, le public n’a pas à connaître le travail acharné que cela a nécessité. » « La dextérité au service d’une prouesse technique » François Lemoust, chef de chantier principal du projet Canopée, Maître Bâtisseur, GTM TP IDF « Pour construire la Canopée, nous avons monté les ventelles puis, une fois celles-ci soudées, nous avons retiré les 1 600 t de charpente métallique provisoire qui les étayaient. La position des ventelles ne peut s’écarter de plus de quelques centimètres par rapport aux plans prévus. Ajuster les pièces demande une grande dextérité, d’autant que nous travaillons en hauteur. De plus, aucune plaque de verre n’est de taille identique. Elles sont numérotées à l’avance et ont une position prédéfinie. Il n’y a rien de répétitif, et nous devons sans cesse nous remettre en question. Deux ans de travaux ont été nécessaires pour accomplir cette prouesse technique. C’est une fierté de participer à un chantier de cette ampleur. » ser l’impact sur le fonctionnement et la sécurité du centre commercial et du pôle transport. Des travaux de nuit Le réaménagement des Halles ne serait pas complet si sa gare souterraine, la plus grande d’Europe, ne s’offrait pas elle aussi une cure de jouvence. « La R ATP souhaite l’extension de la salle d’échanges de sa gare RER Châtelet-les-Halles, dont la surface augmentera de moitié grâce à la démolition d’un parking annexe », commente Christophe Pinel, directeur de travaux, Sogea TPI. Le projet prévoit aussi la construction d’un accès monumental direct entre la place Marguerite-de-Navarre et la salle d’échanges ainsi que la création de trois galeries souterraines piétonnes supplémentaires pour assurer les correspondances entre les lignes de métro et de RER se rejoignant dans cette station. « Nous avons démoli plus de 8 000 m3 d’ouvrages existants et coulé 9 700 m3 de béton. En faisant en sorte que les voyageurs ne se doutent de rien », poursuit Christophe Pinel. Là encore, les travaux se sont en grande partie déroulés la nuit, entre 1 heure et 5 heures du matin, dans la salle d’échanges en particulier. « La Canopée relève davantage d’un ouvrage d’art que d’un bâtiment architectural classique. » Xavier Gruson, directeur du projet, Sogea TPI Chiffres clés Une ostéopathe au cœur du chantier ■ 216 M€ : montant pour la construction ■ Léa Didier, ostéopathe intégrée aux sociétés du site de ChevillyLarue (94) depuis quatre ans, propose des consultations directement sur le chantier aux compagnons qui le souhaitent, soit pour un bilan (travail préventif de rééquilibrage), soit pour soigner des douleurs mécaniques (lumbago, entorses, tendinites, etc.). Grâce à son expérience du BTP associée à sa connaissance du corps humain, elle dispense également des conseils en préparation physique adaptés aux postes de travail. Cette démarche, réelle innovation au sein d’un chantier de VINCI Construction France, se verra renouvelée prochainement sur d’autres sites. de la Canopée, soit le quart du montant total des travaux de réaménagement des Halles (802 M€). ■ 71 poteaux existants servent de fondations à la Canopée. ■ 96 m : portée de la plus grande ventelle. ■ 100 pièces métalliques d’un poids supérieur à 9,5 t. Le magazine de VINCI Construction France ⁄ 17 LA SAGA DU MOIS Évolution permanente En f i n, le tout prem ier cha nt ier débuté par le groupement Chantiers Modernes Construction, GTM TP IDF et Sogea TPI début 2011 (qui sera aussi le dernier à s’achever courant 2016) concerne la restructuration des voies souterraines des Halles et leur mise en conformité sécurité incendie. « Nous supprimons 2 km de route pour les réserver aux commerces ou créer des locaux techniques. Nous créons également de nouvelles issues de secours, réhabilitons les galeries de ventilation, l’éclairage, les enrobés, etc. », décrit Gregor y Smith, directeur de travaux, GTM TP IDF. Pour l’occasion, le groupement s’est appuyé sur les filiales de VINCI Energie (Cegelec, SDEL) et d’Eurovia. « La principale difficulté de ce chantier est son évolution perma- nente ; nous sommes en interface avec les commerces, la R ATP, les autres chantiers en cours, les riverains, et devons sans cesse nous adapter aux exigences de chaque partie prenante », analyse Gregory Smith. Création architecturale, rénovation lourde en site occupé, génie civil, quartier dense en activité, chantier de premier plan médiatique, contraintes de sécurité, etc., le tout mené tambour bat tant : autant d’ingrédients qui font de cette rénovation des Halles un projet atypique pour les 350 compagnons qui y participent. « Il existe peu de projets de cette envergure, aussi complexes, techniques et exigeants, confirme Karim Rahbani. C’est pourquoi il requiert les compétences globales du groupe VINCI Construction France pour répondre aux attentes de la Ville de Paris. » « Il existe peu de projets de cette envergure, aussi complexes, techniques et exigeants. » Karim Rahbani, directeur régional, Sogea TPI & GTM TP IDF Parole à Patrick Berger et Jacques Anziutti, architectes, lauréats du concours international d’architecture organisé en 2007 pour la partie émergée des Halles « Le verre pour diffuser la lumière et s’en protéger » 1 En 1973, quel cinéaste tourna, dans le “trou des Halles”, le western Touche pas à la femme blanche ! racontant les aventures de Buffalo Bill et du général Custer ? A Sergio Leone B Marco Ferreri C Federico Fellini D Michelangelo Antonioni 2 Un seul des pavillons Baltard des anciennes halles de Paris a été conservé et démonté. Il a été remonté à : A Nogent-sur-Marne B Nogent-sur-Seine 18 ⁄ Passion construction N° 41 C Nogent-le-Roi D Nogent-le-Rotrou 3 La Canopée des Halles s’appelle ainsi, car elle évoque : A une balade en canoë sur un lac B le canotier du chanteur parisien Maurice Chevalier C la zone sommitale des grands arbres d’une forêt D la couleur du cou de la race de canards canopes 4 Dans le film Ratatouille, on voit la vitrine d’un magasin où sont exposés des rats empaillés. Ce magasin, qui existe vraiment, se trouve : A rue Rambuteau B rue Pierre-Lescot C rue des Innocents D rue des Halles 5 La charpente métallique de la Canopée des Halles pèse : A 7 000 t, autant que la tour Eiffel B 200 000 t, autant que le porte-avions Charles de Gaulle C 5 600 t, autant que 10 Airbus A380 au décollage D 300 000 t, autant qu’un supertanker pétrolier Réponses : 1.B - 2.A - 3.C - 4.D - 5.A Quiz « Les Halles sont un lieu de passage, un grand carrefour métropolitain. Le mot canopée désigne la partie supérieure des forêts. La canopée des arbres sert souvent d’abri, on se sent à couvert tout en étant en plein air. C’est la vocation de la Canopée de relier l’intérieur et l’extérieur des Halles, d’établir une continuité entre la ville souterraine et la capitale. Le verre, qui s’est imposé comme complément de l’acier et, surtout, comme “substance” pour diffuser la lumière naturelle et s’en protéger, confère son caractère à toute l’enveloppe. » prochaine prochaine saga saga ITER : le nouveau réacteur TOKAMAK à Cadarache c’est INNOVAnt Le mot de l’invité : Jean Gobinet Mur Manteau Bois Arbonis Structure gagnante pour façades filantes “ J’aime le bois ! Pour son aspect écologique, bien sûr, mais aussi pour les sensations qu’il procure, son toucher et, surtout, pour son acoustique, très différente de la dureté avec laquelle le BA13 standard renvoie le son dans une maison classique. » Rapide à monter, léger, résistant, isolant acoustique, assurant gains de surface et d’énergie : le Mur Manteau Bois Arbonis conjugue efficacité et respect de l’environnement. F ondé en 20 08, A rb on i s constitue le secteur Bois de V I NCI Con s t r uc t ion France en fédérant quatre sociétés : Caillaud Lamellé Collé, Ducloux, Fargeot Lamellé Collé et Satob Construction Bois, avec 14 implantations (sièges, agences et établissements commerciaux), 55 millions d’euros de chiffre d’affaires et 330 salariés. Arbonis crée des solutions bois innovantes. Si la plus connue reste à ce jour le M.B.A. (Mur Bois Arbonis), des dérivés sont aujourd’hui proposés sur le marché. Ainsi, le Mur Manteau Bois a-t-il fait son apparition en 2010. « C’est une façade filante qui enveloppe les bâtiments, résume Michel Perrin, directeur technique. Nous avons réussi à industrialiser sa production, ce qui permet d’intégrer une phase importante de préfabrication dans sa réalisation. D’où un temps d’intervention plus limité sur le chantier – avec la pose de 200 m2 à 350 m2 de façade par jour –, donc des gains économiques certains. Mais l’avantage financier est loin d’être le seul. » En effet, en intégrant directement l’isolant à l’intérieur du caisson qu’il constitue, le Mur Manteau Bois fait gagner 3 % de surface utile au sol. Il garantit également une qualité acoustique optimale, tout en répondant à l’ensemble des niveaux imposés par la réglementation thermique (RT) 2012, principalement grâce à la suppression quasi totale des ponts thermiques. En outre, la perte de chaleur vers l’extérieur est particulièrement limitée, puisque le bois n’est pas conducteur. Enfin, l’ensemble de sa fabrication et de son installation se fait via une filière sèche, élément important en matière de respect des normes environnementales. De multiples utilisations En quatre ans, le Mur Manteau Bois a été utilisé sur une quarantaine de réalisations, soit environ 100 000 m2 de façade. « Idéalement, il faut un ratio de 40 % d’ouverture maximal et 60 % d’opaque pour que le rapport économique soit favorable. Au-dessus, la rentabilité est moindre », précise Michel Perrin. Tous les types de bâtiments sont éligibles à son utilisation, et Arbonis fournit des composants pour des structures de cinq à six niveaux et jusqu’à neuf étages. Le Mur Manteau Bois est employé pour des façades dites “f ilantes”. Seule la contre-isolation intérieure (rail métallique et plaque de plâtre) s’encastre dans la structure béton. Arbonis propose aussi des façades semi-filantes. Pour celles-ci, l’entreprise a développé le système Mur Bois Coffrant, qui évite les calfeutrements ultérieurs et offre la possibilité d’intégrer les façades au fur et à mesure, étage après étage, en parallèle du coffrage de la structure béton. La façade sert ainsi au coffrage des poteaux béton et des rives de plancher. Reste à traiter la face externe, pour laquelle toutes les solutions sont envisageables. Le Mur Bois Coffrant peut recevoir divers ouvrages, tels que balcons, brise-soleil ou casquettes, ainsi que plusieurs vêtures (panneaux composites, métal, brique, enduit ou bois). Une solution maniable, à étudier de près. ■ Les besoins en termes de matériaux biosourcés sont plus importants depuis le Grenelle de l’environnement. Les solutions bois Arbonis répondent à ces exigences : le bois provient de forêts gérées durablement et à 70 % de France. Le reste arrive par bateau de pays du nord de l’Europe ; le bilan carbone est donc correct. Enfin, le bois stocke naturellement le CO2, ce qui en fait un acteur “naturel” de la lutte contre le réchauffement climatique. Le magazine de VINCI Construction France ⁄ 19 La trace des bâtisseurs Botte Fondations L’expertise technique du sous-so l Dans les sous -sols du Par is des Trente Glorieuses. Passage de té Fin de la Sec moi onde Guerre E n dépit de sa n mondiale. L France est à défaillance a Botte S.A reconstruire financièr . reste riche d’ . Le travail ne manque pas une exceptionn e, à Paris, où le ex pe rtise techniqu elle s chantiers so nombreux. Ren e. Campenon nt rachète é Botte crée so Bernard donc la bran Botte S.A., et n entreprise, che Travaux développe ég société, qui de la alement une devient Botte expérience en puisaterie BTP en 1986 (l ’a ct ivité Sondage lorsqu’il faut visiter et renf s existe touj orcer des fo dehors de VI ours, en ndatio meubles. Des NC zones entière ns d’im- sous le nom de I Construction France, sol parisien Botte Sondage étant fragilisé s du sous- de zéro, B s). Repartant otte BTP retr es par de très anciennes ca ouve un chif rrières, ce sa d’ af fa ir es fre sa voir-faire es tisfaisant en donc sollicité t ans et dé pour en confor veloppe de no moins de deux ter les galeries parfois sur de uveaux procéd , en partic s ki ulier le és, treprise est re lomètres. Peu à peu, l’enconnue comm moulées. Ain jet grouting et les parois e spécialiste du sous-sol : si, lorsque su les reprises en rvient la cris du début de e s années 19 sous-œuvre, les fouilles cl 90, l’entrepr és en main, le ré si st e à ise s la soutènements tempête. Ell de grande ha e a cependan uteur devien besoin de gr nent son cœ t de métier. P ur à l’ensem ossir et d’étendre son ac uis Botte S.A tivité ble du territo . développe nouvelles tech ire et non plus de seule ré ni gion parisien à tions sur pieu ques, comme les fondane. Le rappro la x, devenant ai m en t de Campeno ch ensi un acteur majeur des fo n Bernard et ndations spéc de Sogea iales à Paris et en 1999 va lui en fourni en région pa r l’oppor tuni risienne. L’ac La société S té. tivité Sondage ade fait en ef et Bureau d’ét s transact fet partie de udes de sol s’ ion : le servic la ajoute bientô à ses compé e Fondations t entreprise tences. de cette spécialisée da Au décès de ns le Ren tions est inté François repr é Botte, en 1972, son fils gré à Botte B s canalisaTP, renomm end les rêne al or s B ot te Sade Fond é s prise. Parmi ations. En 20 les belles réal de l’entre- société ch 04, la ange une dern isations, il faut citer les fond iè re fois son no ations de l’hôt pour Botte F m el PLM Saint ondations, av Jacques, da - à Lille (5 ec des agence ns le XIVe ar 9) , rondissemen s Marseille (13) (aujourd’hui t Le nouvea et Nantes (44) Par u siège de Bot . Hotel & Con is Marriott Rive Gauche te F ference Cen ondations es situé à Chevi ter). Mais le t lly-Larue (94) affaires décl s s’est inst , où l’entrepr inent, et plus al ise ie lé ur e nues successi en 2008 avec s dé co nv eves, notamm l’e pôle Travaux ent sur le chan Publics de VIN nsemble du tier des fond - France. ations de la G CI Constructio rande Arche n la Défense, so de nnent le glas de l’entrepris Botte S.A. dé e : pose son bila n en 1985. 91 m à 6 pieux de 0,8mètre ia 1 m de d m l de 5 1 e et d our p r u profonde de France, e d le Sta enis (93), à Saint-D. en 1995 0 7 9 1 acques, -J t in PLM Sa XIV . à Paris x (92). 6 à Bagneu , 6 d n ia 9 r 1 ristide-B Avenue A 20 ⁄ Passion construction N° 30 e 600 t de 6 les 135 m pour sode butons 5 mou e 00 m² d utenir s de l’e e paro du Glé is n immobarance, cocmeinte il et a ier ass plexe bureateulier RATP,ociant dépôt publics x et équip logements, , à Pa ements ris XXe (2012 ). 2014 lée oi mou r a p e ²d , 100 amint-Germain 5 , e ir S o is o dé protvion de métr Préfonla a t s pour nnes (35). à Re Le d Sainéfi de l t-Ét a Ri v Après ie n n la dis p e ière empo aritio m² 1 4 4 5 2 et lée de paroi mo²ude paroi 11 000 marmé, d’une au coulisur de 15 m, profonde alisation, en pour la rée la ligne B du 2001, d Toulouse (31). métro de 197 890 m³ de comblement de carrières sous un vignoble, à SaintÉmilion (33), par coulis gravitaire. À cela s’ajoutent 19 850 ml de forages, 250 ml d’ancrage et 4 550 m² de murs masques pour délimiter les zones (2009). n d’un rt pr du po é par une nt d e crue, écédent ou v l a re l a Ri l’ î le d const rage v iè e ructio quab La Réunio re Saintn Ét le déf n, con i. E stitua ienne, su d’eau r it un se tra n effet, si rema ce verse pério rde quasim tranquille le tra normale, e n t à pied cours les ép n s for se is ment débit en un odes cyclo c en co nique fleuv charr mparable s e fur à celu iant b ieux, lo i du R débri au hône s dive cs rocheu en cr x, t rs le lit ue, se su . Pire enco roncs d’ar bres re, le rcreu en af et flot e se al fouill st t or ant d Les p ’auta s de 10 m el que r of o n nt l à1 de s f Botte onda es piles d 5 m, Fond ti o n s u p on ation magi r é al i s se t strale ée s p . ment n 2010 et ar 2011 à cett ré e extr ême v sistent iolen ce. 2013 Viaduc de la Dordogne (LGV SEA) – 19 piles (dont six en rivière) fondées sur 153 pieux forés à la boue bentonitique, d’un diamètre de 1,50 m à 2 m. 58 d’entre eux sont réalisés dans le lit de la rivière, à une profondeur atteignant 46 m. Ils sont exécutés à l’intérieur de batardeaux à partir d’estacades provisoires. C’est dans l’air Le mot de l’invité : Jean Gobinet “ Le problème du conservatoire est qu’il a longtemps été un lieu fermé, un entre soi confiné. Les élèves ont besoin d’air et de lumière naturelle. De son côté, le public doit être invité à venir voir ce qu’il s’y passe. Cela pousse à revoir autant l’architecture du bâtiment que la manière de penser l’enseignement musical et l’interaction avec la société. » Conservatoires De nouvelles harmonies De nombreux lieux consacrés à l’enseignement de la musique et de la danse sortent de terre. Les villes cherchent aujourd’hui à remplacer leurs établissements anciens, souvent vétustes, par des conservatoires plus vastes et mieux isolés. Pour ces édifices emblématiques, l’enjeu est de trouver l’accord parfait entre audace architecturale et performances acoustiques. 22 ⁄ Passion construction N° 41 L es conservatoires d’antan avaient du charme, qu’ils soient bâtis en pierre noble, comme les édifices imposants des grandes villes, ou plus modestes, à l’image des écoles de quartier aux planchers grinçants. Tous avaient un point commun : une joyeuse diffusion du son, dont profitaient parfois les riverains et qui exigeait des élèves musiciens et danseurs une stricte discipline. L’apprenti violoniste devait savoir se concentrer sur son jeu d’archet plutôt que sur l’écrasant piano de l’étage du dessus… L’évolution des techniques autorise aujourd’hui de bien meilleures performances acoustiques. Chaque nouveau projet d’école de musique et de danse tend à la perfection dans ce domaine. Si les opérations se multiplient, c’est aussi que se doter d’un nouveau conservatoire est, pour une municipalité, une décision forte. Loin d’être un édifice comme les autres, l’école de musique et de danse est un lieu d’excellence, celui de la transmission de la culture et de l’ouverture d’esprit. Remplacer des bâtiments souvent centenaires par un édifice moderne et fonctionnel vise aussi à élargir la palette des activités proposées, tout en augmentant la capacité d’accueil, et à renforcer l’attractivité de la ville, voire son rayonnement culturel. Opérations d’exception Un conservatoire est une réalisation de prestige qui doit laisser son empreinte dans le paysage urbain. Les projets accordent donc la part belle à l’audace architecturale. Dessiné par l’architecte japonais Kengo Kuma, le nouveau conservatoire d’Aix-en-Pro- Aix-en-Provence (13) ■ Depuis septembre 2013, le nouveau conservatoire Darius-Milhaud propose 7 000 m² consacrés à l’enseignement de la musique, de la danse et du théâtre. Au total, 62 salles, 1 400 étudiants et un auditorium de 500 places. Le coût de l’opération est de 16 millions d’euros. Campenon Bernard Provence et Dumez Méditerranée ont réalisé le gros œuvre et l’étanchéité en collaboration avec Auer pour la charpente métallique. 8 000 m2 de plaques d’aluminium anodisé forment la façade du conservatoire d’Aixen-Provence (13). vence (13) en est la parfaite illustration. Créé en 1849, le conservatoire de danse et de musique Darius-Milhaud est l’un des plus anciens de France, dont les activités étaient réparties sur cinq sites différents. L’ambitieux projet, qui compte 62 salles et un auditorium de 500 places, impressionne par sa façade : 8 000 m² de plaques d’aluminium anodisé rappelant l’origami, cet art japonais du pliage de papier. « En raison du manque de place sur le site, au cœur de la ville, nous ne pou- vions utiliser qu’une grue à tour pour construire deux ailes, l’une en béton et l’autre dotée d’une structure métallique, détaille Émilien Legrain, directeur de travaux, Campenon Bernard Provence. De plus, l’intégration des lots techniques n’ayant pas été suffisamment mûrie, de nombreux détails ont dû être réglés sur le chantier. Mais cette opération exceptionnelle est une vraie fierté pour nos équipes, dont le très fort investissement a été salué par le maître d’ouvrage. » Design soigné Tout aussi ambitieux, le conservatoire Jean-Baptiste-Lully de Puteaux (92), conçu par les architectes Brossy & associés et construit par Bateg, offre près de 10 700 m² d’espaces sur cinq étages. Édifié sur une friche industrielle d’EDF, il évoque un paquebot, avec ses murs rideaux en pierre blanche et ses menuiseries aux tons gris. De face, cinq colonnes monumentales et un dôme de 34 m de diamètre frappent l’œil. Toujours dans les Hauts-de-Seine, à Gennevilliers, le centre musical Edgard-Varèse était à l’étroit dans son bâtiment datant des années 1970. La nouvelle façade arrondie en béton autoplaçant imaginée par l’architecte Jean-Pierre Lott pour son extension ouvrira le conservatoire sur la rue et participera à la revalorisation du centre-ville. Les entreprises du Groupe viennent aussi de livrer deux conservatoires parisiens. Dans le XVIIe arrondissement, le projet de Basalt Architecture répond à des objectifs haut de gamme, avec 40 salles, dont trois dédiées à la danse et deux à l’art dramatique, situées sous une salle d’orgue. Un beau défi acoustique. La façade, très complexe, fut une prouesse technique pour Lainé Delau, avec des porte-àfaux et des murs de grande hauteur. Sa “peau” en feuilles de cuivre perfoLe magazine de VINCI Construction France ⁄ 23 C’est dans l’air « Dès qu’une difficulté technique survenait, comme la nécessité d’effectuer une correction acoustique, c’est tous ensemble que nous cherchions la solution. » Florent Delabarre, responsable d’opération pour Bateg Gennevilliers (92) ■ Les travaux de restructuration-extension du centre musical Edgard-Varèse ont démarré en janvier 2014. Aux 3 500 m2 existant s’ajouteront 1 000 m2. À sa livraison, prévue en juillet 2015, l’ensemble comprendra 38 salles d’enseignement, un auditorium de 220 places. Le coût de l’opération s’est élevé à 8,9 millions d’euros. GTM Bâtiment intervient en tant qu’entreprise générale. Paris XVIIe ■ Le bâtiment de 5 850 m² accueille 1 200 élèves depuis la rentrée 2013. Il comprend un auditorium de 300 places et 40 salles d’enseignement de musique et de danse. Lainé Delau a remporté ce marché de 13,2 millions d’euros en entreprise générale. rées marque l’entrée nordo u e s t d e Pa r i s . D a n s l e X I I e arrondissement, l’architecte Bernard Desmoulin a séduit la direction du Patrimoine et de l’Architecture de la Mairie de Paris en proposant de relier deux bâtiments mitoyens par une façade courbe, recouverte d’un bardage en céramique émaillée et d’un revêtement en inox poli. Le conservatoire s’intègre dans le programme municipal du “secteur Charolais”, qui comprend des logements, une crèche, 24 ⁄ Passion construction N° 41 une résidence ét udiante et des bureaux, sur une surface totale d’environ 1,6 ha. Insonorisation optimale Façades courbes, murs inclinés, grandes hauteurs : tout indique une accumulation de contraintes techniques. C’est pourtant à l’intérieur, presque invisibles, que se sont concentrés les principaux défis, car ces architectures audacieuses mêlent des technologies de pointe destinées à assurer l’insonorisation optimale des lieux. « Le conservatoire de Puteaux est l’un des plus beaux projets que nous ayons menés à bien, assure Florent Delabarre, responsable d’opération pour Bateg. Dans une telle opération, l’étude acoustique doit être particulièrement soignée. Trois bureaux d’études acoustiques ont travaillé en synergie avec les bureaux d’études internes et modélisé toutes les salles du bâtiment, afin de les adapter au projet architectural. Les murs extérieurs constituent un défi en eux-mêmes, car la recherche de lumière est souvent en contradiction avec l’objectif acoustique. » Les différents espaces sont adaptés aux usages. Chaque grande famille d’instruments, sans compter la musique amplif iée, dif f use des gammes de fréquences différentes. Par exemple, à Puteaux, le plafond des salles de percussions conjugue des dièdres en plâtre haute dureté, qui morcellent le son, et un revêtement acoustique Alyos, qui l’absorbe. Autre procédé : pour éviter la création d’échos, les plans font la chasse aux angles droits. À Paris XVIIe, le visiteur n’en trouvera pas… sauf dans la cage d’ascenseur. « Les formes rectangulaires conduisent à maximiser l’effet de résonance. L’asymétrie règne donc dans les salles de musique, l’auditorium ou les couloirs, observe Xavier Therry, chef de service principal, Lainé Delau. La construction était d’autant plus complexe que l’architecte a choisi de varier l’emplacement des murs porteurs d’un étage à l’autre. » Le traitement acoustique s’étend même aux cages d’escalier : à Aix-en-Provence, celles-ci sont posées sur des appuis glissants béton couplés à des isolants, afin d’éviter la répercussion des bruits de pas. Procédés innovants Les conservatoires se caractérisent aussi par une grande diversité des planchers. L’édifice aixois combine toutes les techniques possibles : planchers coulés en place, à dalles précontraintes, à dalles alvéolaires, à bac collaborant (Coffradal), etc. Dans le XIIe arrondissement parisien, des doubles planchers sur plots élastomères apportent un réel confort acoustique. « C’est tout un ensemble de procédés techniques innovants que nous avons mis en œuvre, décrit Antoine Labeille, responsable de l’opération pour Dumez Ile-de-France. Les salles de danse sont équipées d’un parquet spécial : des demi-balles de tennis assurent un meilleur comportement du sol aux impulsions des danseurs. Dans certaines salles à fort potentiel de nuisance Paris XIIe Puteaux (92) ■ Le conservatoire de musique a quitté la rue Picpus pour la rue du Charolais, offrant une meilleure capacité d’accueil : une surface utile de 3 800 m², répartie sur six étages. L’opération de 11,6 millions d’euros a été livrée par Dumez Ile-de-France en mars 2014. sonore pour les riverains, un système de double châssis, intérieur et extérieur, a été prévu. Tous les espaces sont dotés de deux niveaux de faux plafond : le premier est à vocation acoustique et le second, plus traditionnel, intègre notamment les réseaux électriques. » Les auditoriums et salles d’orchestre bénéficient de traitements spéciaux, basés sur la pose de dispositifs antivibratiles sous les parquets et derrière les cloisons, suivant la technique de la “boîte dans la boîte”. À Puteaux, ce sont 345 boîtes à ressort, composées de gros amortisseurs en acier spiralé intégrés dans une caisse, qui désynchronisent les vibra- tions de la dalle structurelle et de la dalle flottante posée au-dessus, sans amoindrir leur capacité de portance. Même logique dans le XVIIe arrondissement : les boîtes métalliques de 20 cm de côté sont insérées, puis la mise sous pression des ressorts désolidarise les deux dalles béton. À Gennevilliers, où l’ancien hall d’entrée cède la place à des salles de percussions, « des systèmes antivibratiles ont été conçus pour désolidariser la structure porteuse des planchers, cloisons et faux plafonds de ces véritables boîtes dans la boîte », explique Matthieu Fort, chef de service, GTM Bâtiment. ■ Le conservatoire Jean-Baptiste-Lully est désormais l’un des plus vastes de France, avec 50 salles de musique, quatre studios de danse, une salle d’orchestre et deux salles de spectacles (600 places pour la plus grande). L’opération de 45 millions d’euros, dont 25 millions d’euros pour Bateg en entreprise générale, a été livrée en août 2013. Méthodologie et rapidité Le dosage doit être subtil entre les formes et les matériaux qui transmettent ou absorbent ondes sonores et vibrations. « Dans le domaine du traitement acoustique, le mieux est l’ennemi du bien : une trop forte isolation va rendre la pièce trop “sèche”, ce qui est désagréable lorsqu’on joue de la musique », commente Xavier Therry. La réussite dépend autant de la qualité de la préparation du projet en amont que d’une collaboration efficace et d’un dialogue permanent entre toutes les parties prenantes en phase de chantier. « Dès qu’une difficulté tech- nique survenait, comme la nécessité d’effectuer une correction acoustique, c’est tous ensemble que nous cherchions la solution. De plus, nous avons créé des cellules témoins en cours de chantier : des salles finalisées jusqu’à la pose des moulages et des absorbants, afin de vérifier que les performances acoustiques étaient au rendez-vous », précise Florent Delabarre. Une méthodologie que l’on retrouve sur le chantier du conser vatoire de Gennev illiers. « L’acoustique étant le cœur du projet, il est inconcevable de ne pas obtenir la sonorité espérée. Et dans le cadre d’un projet en conception-réalisation, il nous faut d’autant plus trouver le bon rapport qualité-prix avec l’acousticien et l’architecte », complète Matthieu Fort. Les conservatoires de Puteaux et de Paris XVIIe se sont distingués par la rapidité de réalisation, en raison d’un même impératif d’ouverture pour la rentrée scolaire 2013. Les deux chantiers avaient démarré respectivement en janvier 2012 et novembre 2011. Au final, VINCI Construction France a livré quatre interprétations enlevées de partitions de haut vol. Quoi de plus naturel pour un groupe qui applique la démarche Orchestra ? Le magazine de VINCI Construction France ⁄ 25 C’est essentiel Développement ressources humaines Mieux recruter pour gagner VINCI Construction France soutient les directions déléguées dans la mise en œuvre de leur politique emploi en créant des outils innovants et des processus pour attirer et fidéliser les talents. D epuis sa création, la polit ique emploi de V I NCI Con s t r uc t ion Fr a nc e deme u r e c on s t a nt e au f il des ans. « Elle suit les besoins de l’activité, en portant une attention particulière au renouvellement des talents, confirme Claire Schnoering, directrice du Développement ressources humaines (RH). L’objectif est de maintenir notre compétitivité en recrutant les meilleurs. » D’où une priorité absolue : la hausse des exigences dans la sélection. Pour sécuriser les embauches, tous les recrutements de cadres sont désormais validés par la passation du questionnaire de personnalité PAPI (Perception and Preference Inventory) et les diplômes sont vérifiés. Parallèlement, des accords-cadres avec des cabinets de recrutement ou d’approche directe ont été négociés, en partenariat avec la direction des Achats, afin de s’assurer des prestations, d’harmoniser les pratiques et de valoriser les meilleurs partenaires, identifiés grâce à un processus de choix rigoureux. En complément, un effort a été porté au sourcing, c’est-à-dire à l’exploitation de l’ensemble des viviers de candidatures internes ou externes pour répondre aux besoins identifiés au sein des filiales. Les recrutements par l’intermédiaire des réseaux sociaux comme LinkedIn, sur lequel VINCI Construction France est très présent, sont en pleine expansion. Par ailleurs, un système de géolocalisation des emplois est aujourd’hui possible grâce à l’application JobAroundMe, en interface avec le logiciel VINCI Jobs. « Les écoles forment une pépinière de talents » Gaëlle Burlot, responsable du Développement ressources humaines (direction déléguée Bâtiment Rhône-Alpes) « Lancé en 2006, le partenariat entre VINCI Construction France et l’Enise * a pour objectif de former le plus en amont possible nos futurs collaborateurs aux valeurs du Groupe et à nos attentes. Depuis neuf ans maintenant, nous accompagnons une quinzaine de jeunes volontaires pendant leurs trois années de préparation au diplôme d’ingénieur en génie civil. Tout au long de leur cursus, nous leur proposons des visites de chantier, des modules sur la prévention et la sécurité, des stages et un accès aux formations réservées aux collaborateurs du Groupe, comme Orchestra. En dernière année, un semestre sur les études, les chiffrages et la conduite de travaux leur est réservé. De leurs côtés, ils s’engagent dans un projet citoyen en liaison avec la Fondation VINCI. Le tout s’inscrit évidemment dans une perspective d’embauche, sans aucune obligation de leur part ni de la nôtre. Mais leur forte capacité d’intégration et leur bonne connaissance du Groupe portent à 85 % le taux moyen de recrutement. » * École nationale d’ingénieurs de Saint-Étienne. 26 ⁄ Passion construction N° 41 S’appuyer sur la diversité Le Groupe fait aussi de la diversité un vecteur majeur de sa politique ressources humaines. Les dispositifs comme Capital Filles ou les Ambassadrices VINCI ont ainsi été déployés sur le périmètre VINCI Construction France, afin de favoriser la mixité à tous les niveaux de la hiérarchie. Le développement des actions de Trajeo’h pour le maintien dans l’emploi et le recrutement des salariés en situation de handicap, tout comme les achats auprès du secteur protégé et adapté, sont également encouragés. « Qu’elle soit sociale, ethnique, de sexe ou d’âge, aucune diversité ne saurait constituer un motif discriminant, commente Claire Schnoering. Nos seuls critères d’évaluation sont la compétence et la motivation. » Enfin, une réf lexion approfondie sur les parcours professionnels est en cours. « L’objectif est de fluidifier et de promouvoir les mobilités dans l’intérêt des salariés, explique Claire Schnoering. Nous travaillons sur la définition de parcours, avec des évolutions fonctionnelles, géographiques et/ ou hiérarchiques, et souhaitons communiquer davantage sur les perspectives de carrières offertes par le Groupe. » C’est essentiel Secrétaire de chantier c’est quoi au juste ? « Nous nous impliquons toujours plus » Liliane Le Bigot, assistante sur le chantier #Cloud, Paris (GTM Bâtiment) « Mon premier chantier remonte à 1982. C’est l’ambiance qui m’avait séduite : c’était bouillonnant. L’équipe d’encadrement était petite, mais je connaissais toutes les équipes de production. Dès 7 heures du matin, les premiers compagnons venaient me voir pour leurs papiers ou… pour parler de leur femme et de leurs enfants ! À cette époque, nous avions du temps et le stress n’était pas le même. J’ai beaucoup aimé ces années-là. Barrages, auditoriums, hôpitaux, immeubles de bureaux et de logements, réhabilitations lourdes – certaines prestigieuses, comme le Centorial, à Paris –, j’ai participé à de nombreux ouvrages magnifiques, en grande partie pour GTM Bâtiment. Aujourd’hui, tout va beaucoup plus vite et notre métier a évolué. Il ne faut pas s’en plaindre : nous pouvons nous impliquer davantage dans la gestion du chantier. En appui, tout un panel de stages techniques nous est proposé. Notre service Formation et la direction des Ressources humaines ont bien senti notre besoin : chaque session est conçue pour coller à la réalité de notre “nouveau métier”. La masse de documents à gérer peut parfois paraître insurmontable, mais nous avons des outils très efficaces pour nous aider. Nous devenons un vrai soutien administratif. » Au fil du temps et des fonctions, de plus en plus nombreuses, qui lui ont été confiées, la secrétaire de chantier est devenue une assistante à part entière au service de l’encadrement de chantier. Le métier a considérablement évolué. En quelques années, la secrétaire de chantier a vu son rôle élargi bien au-delà de ses missions originelles : désormais, elle accompagne chaque encadrant dans la gestion quotidienne des tâches administratives. C’est elle qui suit le pointage des équipes (congés, RTT, formations) et qui relève chaque mois les heures de travail en vue d’établir les fiches de paie. C’est à elle aussi que revient la gestion des plannings, des agendas et des réunions. Enfin, c’est elle qui assure le suivi administratif des entreprises soustraitantes ou prestataires, la préparation des dossiers d’agrément, le suivi des devis clients et sous-traitants, la rédaction des avenants et une partie du service logistique. Souvent sollicitée par la maîtrise d’ouvrage, la secrétaire de chantier a acquis une compétence technique affirmée, qui lui permet, en outre, de répondre à des demandes comme les attestations de vigilance ou les contrats d’assurance. Si elle dispose pour toutes ces tâches d’outils informatiques sophistiqués, elle suit surtout régulièrement des formations pour être toujours à la pointe. Sans sa polyvalence et son efficacité, un chantier serait vite désorganisé… Les quatre actions clés 1 – Consultation des courriels C’est le premier geste d’une secrétaire de chantier et le rituel du début de matinée : la lecture des courriels relatifs au chantier va rythmer sa journée. 2 – Classification des tâches La secrétaire de chantier vérifie les tâches qu’elle doit réaliser dans la journée : en rouge, les urgentes ; en orange, les importantes ; en vert, celles qui pourront attendre un peu. 3 – Gestion du temps de travail Chaque secrétaire de chantier gère son temps et son travail de manière autonome, en fonction des objectifs qu’elle s’est fixés et de la masse de documents qu’elle doit traiter. 4 – Soutien administratif Chaque chantier est une nouvelle aventure et comporte ses propres exigences, qui nécessitent de “remettre les compteurs à zéro” pour être en phase avec les besoins de l’encadrement. Le magazine de VINCI Construction France ⁄ 27 C’est le mÉtier Fibre optique la dynamique des réseaux Comment diversifier son offre lorsqu’on est l’un des grands acteurs des métiers de l’eau et de l’assainissement de l’est de la France ? En se tournant vers la fibre optique. Décryptage. L a relation entre Sogea Est et la fibre optique s’enorgueillit d’un petit historique. « Pour nous, le grand tournant fut l’an 2000, avec Telia, réseau pionnier reliant le nord et le sud de l’Europe et sur lequel nous sommes intervenus, se souvient Pierre Brockly, directeur régional. Notre connaissance du génie civil en matière de réseaux souterrains a, bien sûr, fait la différence. Nous avons réalisé cette opération en partenariat avec des spécialistes pour la pose et la soudure des fibres. Après cela, le marché de la fibre est resté en sommeil quelque temps. Mais nous avions acquis un savoir-faire assez peu répandu, et il était important de rester en état de veille, afin de 28 ⁄ Passion construction N° 41 pouvoir être présents dès que de nouveaux besoins se feraient sentir. » En 2004, le département de la Moselle, en pointe dans le développement des réseaux numériques, se lance dans la construction d’un réseau de télécommunications en fibre optique de 1 100 km, avec pour objectif d’apporter les offres DSL (accès Internet par le câble du téléphone) aux Mosellans ainsi que des offres très haut débit pour les entreprises. « Pendant deux ans, la mobilisation, à notre échelle, a été énorme. Pour réaliser ce marché de conception-réalisation, nous avions une cellule de management des travaux d’une quarantaine de personnes ! Sur le terrain, nous avions fait appel à de nombreux sous-traitants, parmi lesquels Graniou (VINCI Energies) pour les travaux spécifiques à la fibre optique », relate Pierre Brockly. Puis arriva la fibre pour tous… La fibre optique était donc définitivement lancée dans la région… et chez Sogea Est. « Après cette phase de conception-réalisation, nous avons été mandatés pour la maintenance du réseau du département de la Moselle (le RHD57), dans le cadre d’une délégation de service public (DSP) – assurée par SFR Collectivités – qui court jusqu’en 2020, explique Fabrice Turlan, conducteur de travaux principal. À nous de vérifier le réseau préventivement, en permanence, et d’intervenir au moindre souci. En effet, ce réseau est très sollicité, car il équipe principalement les industriels et les collectivités. » La part la plus importante du travail préventif est d’éviter les agressions du fait de travaux à proximité du réseau. Une équipe dédiée répond ainsi en moyenne à plus de 1 000 déclarations de travaux (DT)/déclarations d’intention de commencer des travaux (DICT) par mois et assure les piquetages du réseau, afin d’éviter toute dégradation. Au titre de ses obligations de maintenance corrective, Sogea Est doit agir dans les deux heures, et la réparation doit être effective au plus tard sous huit heures ! Aujourd’hui, grâce aux ambitions affichées par le plan gouvernemental Le haut débit pour tous : un vaste marché potentiel ■ Le projet est ambitieux : couvrir l’ensemble du territoire en très haut débit d’ici 2022. Le plan France Numérique 2012 Haut débit pour tous, lancé en 2013, inclut principalement le déploiement de réseaux mutualisés de fibres optiques et prévoit – au niveau national – un investissement de 20 milliards d’euros sur dix ans, à répartir entre l’État, les collectivités territoriales et les opérateurs. Il définit la liste des zones d’activités économiquement prioritaires ainsi que les services publics à raccorder au plus vite. Plus de 80 % des logements devraient être éligibles à la FTTH en 2022. Si le déploiement à 100 % est un projet à plus long terme, il s’agit dans un premier temps de connecter l’ensemble des villes et villages, le lien final se faisant via le réseau en cuivre ou par un câble coaxial. Ces deux systèmes sont actuellement en train de monter en débit, afin de proposer rapidement une offre aussi efficace que possible. La surveillance des digues, une activité pionnière ■ Sogea Est a remporté, en 2013, deux consultations lancées par Voies navigables de France (VNF) et EDF, pour la mise en place de respectivement 42 km et 15 km de fibre optique, en pied de digue du Rhin. Le principe est le suivant : en cas de fuite, la fibre optique détecte la différence de température provoquée par l’écoulement de l’eau. Un système complexe déclenche une alarme, avec information sur le tronçon de fibre concerné, ce qui induit une intervention immédiate sur la portion de digue défaillante. Sur ces deux opérations, Sogea Est s’est associé à Cegelec (VINCI Energies) pour les équipements et pour les soudures de très grande précision entre les tourets successifs de fibre optique. France Numérique 2012 et le label Haut débit pour tous ainsi que par la FTTH * (voir encadré ci-dessus), le marché se développe à grands pas et offre des perspectives très importantes. Actuellement, Sogea Est achève deux réseaux d’initiative publique (RIP) en Moselle, avec la création de 13 400 prises FTTH au total. Ces contrats ont, depuis, permis à Sogea Est de se positionner sur des marchés similaires sur l’ensemble de son territoire d’intervention (les équipes débutent les travaux d’extension du réseau de fibre optique sur la communauté d’agglomération de Belfort) et, ainsi, de développer le nombre de personnels formés et les références. Il faut également compter avec les multiples applications de la fibre optique. « Nous réalisons les réseaux d’information et de comptage de véhicules sur les autoroutes non concédées de l’est de la France et avons mis en place un dispositif innovant le long des digues et canaux, pour lesquels la fibre permet de détecter les fuites éventuelles, précise Pierre Brockly (voir encadré ci-dessus, à droite). Cette diversification de notre métier, que nous avons menée à bien sur la totalité de notre territoire grâce au maillage de nos implantations locales, nous a donné l’opportunité de resserrer les liens avec nos clients, car l’offre de service que nous leur proposons a été renforcée et la multiplicité des interventions a accru la fréquence de nos contacts. Nous sommes aujourd’hui convaincus que cette démarche est généralisable à tout le territoire national et peut aider les filiales de VINCI Construction France à compenser le tassement de leur activité historique dans les métiers de l’eau. » La boucle est bouclée ! Parole à Édouard Pont, directeur général délégué de SFR Collectivités en charge de Moselle Telecom « Gérer ensemble la fracture numérique » « Les collectivités locales ont pris la compétence télécom afin d’intervenir sur l’aménagement numérique de leur territoire. Deux objectifs : résoudre la fracture numérique pour les habitants comme pour les entreprises. Moselle Telecom, filiale de SFR Collectivités, est la réponse à cette action du département de la Moselle. Nos trois missions principales sont les suivantes : activer le réseau de télécommunications, le commercialiser et, bien sûr, le maintenir. Sogea Est intervient sur le maintien en condition opérationnelle de l’ensemble du linéaire fibre optique et génie civil (1 450 km de fibre optique). Les enjeux sont importants, car nos contrats comportent des clauses de remise en service exigeantes. Nous avons donc besoin d’un partenaire qui ait une bonne organisation, une réactivité 7 j/7, 24 h/24, avec à l’esprit la “vision client”. Sogea Est a démontré depuis huit ans une réelle compétence dans ce domaine et propose un niveau et une qualité de service indispensables pour notre métier d’opérateur de télécommunications. » * Fiber to the Home, la fibre à la maison. Le magazine de VINCI Construction France ⁄ 29 C’est LE métier Le mot de l’invité : Jean Gobinet “ Dans son livre Les Piliers de la terre, Ken Follett parle très bien de tous ces savoir-faire des bâtisseurs de cathédrales. La lecture m’en avait d’autant plus touché que l’un de mes amis a participé à la restauration de la cathédrale de Strasbourg en tant que tailleur de pierre avant de devenir artiste sculpteur. » Une journée avec José Barbier, sculpteur sur pierre Entre les arts plastiques d’un côté, et l’histoire et l’archéologie de l’autre, José Barbier n’a jamais réussi à trancher. « La sculpture sur pierre de monuments anciens se situe exactement entre les deux : cela me convenait parfaitement. Mais c’est quand même difficile à trouver, car c’est un métier confidentiel. En France, nous ne sommes que quelques dizaines, toutes entreprises confondues », confie-t-il. José Barbier, 38 ans, découvre ce métier en 2000, lorsque, après une licence d’histoire, il décide de passer un CAP de tailleur de pierre à Nantes (44). C’est le coup de cœur. « J’étais dans le vrai », dit-il. Dans le même temps, il se rapproche d’une association locale d’animation de patrimoine qui lui propose de dispenser des cours d’initiation à la taille de pierre à des élèves du 30 ⁄ Passion construction N° 41 primaire. « J’y suis allé prudemment. Je sortais d’une filière universitaire et j’abordais un monde que je connaissais peu. J’ai finalement compris que je préférais faire plutôt que raconter comment faire… » Son CAP en poche, José Barbier prend contact avec les compagnons des métiers du bâtiment de Nantes et commence le tour qui le conduit à Bordeaux (33), puis à Avignon (84). Il abandonne au bout de dix-huit mois. « La taille de pierre a pour base le “trait”, le dessin technique, explique-t-il. Or, dans la sculpture sur pierre, on opère à partir de modèles en 3D et en taille directe. Le sculpteur travaille conjointement avec le tailleur à la restauration du bâti ancien, et notamment ceux qui sont classés comme monuments historiques, souvent sur les mêmes pierres. » De retour à Nantes, il se fait embaucher par une entreprise de taille de pierre. En parallèle, il suit des cours du soir de dessin et de modelage à l’école des Beaux-Arts. Deux ans plus tard, il décroche onze mois de formation en sculpture pure, dans le Loir-et-Cher. Il y découvre la création sur modèle dans l’esprit de l’ancien. « Ce n’est pas de la copie, mais de l’imitation, précise-t-il. Il faut comprendre les caractéristiques d’un style, avoir du goût, aimer les belles choses, sinon on passe à côté du sujet. » Cette formation est le sésame qui lui ouvre les portes des Ateliers Mainponte, spécialisés dans la sculpture et la restauration de monuments historiques, qui le recrutent en 2005 après une période d’essai concluante. Depuis, José Barbier peut faire valoir quelques références prestigieuses, comme les lucarnes de la cour d’honneur des Invalides et les chapiteaux corinthiens de l’église Saint-Sulpice, à Paris, ou encore le portail principal de la cathédrale de Bourges. « On se déplace géographiquement et dans le temps, commente-t-il. Les codes plastiques et symboliques mis en œuvre pour le décor, tout comme les formes, changent à chaque fois. Il faut renouer le dialogue avec les anciens, retrouver un même langage. C’est ce qui est passionnant. » Récupérer L’architecte en charge de la restauration de l’église Saint-Pierre de Saumur (49) demande à José Barbier de proposer un modèle de chapiteaux du XVIIe siècle en cohérence avec l’ensemble de la façade. Or il n’existe que peu de restes authentiques, cette partie de l’église ayant été démontée il y a plus de dix ans. Le sculpteur a finalement retrouvé des éléments récupérables : il pourra donc s’appuyer sur une trace ancienne, qui lui servira de modèle. Recréer José Barbier a porté aux Ateliers Mainponte le modèle de chapiteau en question ainsi que les blocs de pierre fournis par le tailleur. C’est ainsi que commence la recréation des 12 chapiteaux de l’église, avant qu’ils ne soient posés. Présenter et rectifier Le sculpteur rapporte à Saumur les six premiers chapiteaux prêts, qu’il présente à l’architecte et au tailleur. Chaque chantier se déroule sous la surveillance de l’architecte – ici, un architecte en chef des Monuments historiques –, qui vérifie les travaux et peut, le cas échéant, demander d’accentuer certains mouvements de feuilles ou des contrastes. Reconstituer et mouler Les chapiteaux ayant été reçus en l’état, José Barbier se consacre à une autre partie de la restauration : la recréation à 95 % d’un fronton de l’église. Un chantier dans le chantier, puisqu’il s’agit, avant de le sculpter à neuf, de reconstituer les parties détériorées avec un mortier de ragréage, puis de mouler le tout pour avoir un modèle exploitable pour la rénovation. Livrer José Barbier repart pour Saumur avec son chargement. Il livre sur le chantier les six derniers chapiteaux et passe le relais au maçon tailleur de pierre. Une fois encore, les Ateliers Mainponte, dont il est l’un des 10 sculpteurs expérimentés, ont contribué à rendre son intégrité à un monument historique et à le valoriser. Le magazine de VINCI Construction France ⁄ 31 Un nouveau palace à Paris L’hôtel The Peninsula Paris a ouvert ses portes le 1er août 2014, après quatre ans de travaux assurés par le groupement CBC/Petit, avec la participation des sociétés Lainé Delau et Degaine. Jusqu’à 1 000 ouvriers sont intervenus sur la restructuration et la transformation de l’ancien hôtel Majestic, à proximité immédiate de l’Arc de triomphe.
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