Lyon Capitale

Décembre 2014 I Mensuel I N° 739 - 3,50 €
LYON
CAPITALE
CENTRE COMMERCIAL
PART-DIEU
L’AMIANTE QU’ON
NOUS CACHE
LES ESPRITS LIBRES
RATÉ OU RÉUSSI ?
Dossier spécial sur l’ouverture du musée des Confluences
ENQUÊTE
LYON, PLAQUE
TOURNANTE DE LA
COCAÏNE
EN IMAGES
LES NOUVELLES
MISES EN LUMIÈRE
DE LYON
LA VRA
HISTOI IE
R
8 DÉCE E DU
MBRE
EN BD
© Camille Padilla
LE NOUVEAU
SYMBOLE DE LYON
N°739 DÉCEMBRE 2014
LYON
CAPITALE
Siège social : 51 avenue Maréchal Foch 69006 LYON
Tél. 04 72 98 05 00
DIRECTEUR DE LA PUBLICATION
Didier Maïsto
[email protected]
DIRECTEUR EXÉCUTIF
Philippe Vives
[email protected]
EDITO
Très cher musée…
RAPHAËL RUFFIER-FOSSOUL, RÉDACTEUR EN CHEF
DIRECTEUR DE LA RÉDACTION
Chiêu An Thai
[email protected]
RÉDACTEUR EN CHEF
Raphaël Ruffier-Fossoul
[email protected]
RÉDACTION
Guillaume Lamy (Société)
[email protected]
Razik Brikh (Sports)
04 72 98 05 09
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Slim Mazni (Société)
04 72 98 04 92
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Paul Terra (Société-Politique)
04 72 98 26 49
[email protected]
Lucie Blanchard (Web)
[email protected]
Florent Deligia
(Histoire/High-tech)
[email protected]
Emmanuelle Sautot (Société)
[email protected]
Christelle Monteagudo (Justice-Web)
04 72 98 04 90
[email protected]
Thomas Coudert (Web)
[email protected]
PUBLICITÉ
Pascale Laplace : 04 72 98 05 03
[email protected]
COMMUNICATION / DIFFUSION
Agnès Vézirian, Directrice de la
Communication et de la Diffusion
04 72 98 04 93
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ÉDITION
Tim Douet
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Marie-Aude Cap (SR)
[email protected]
ASSISTANTE DE DIRECTION,
DIFFUSION ET ABONNEMENT
Marylène Béal : 04 72 98 05 05
Fax : 04 72 98 19 20
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COMPTABILITÉ
Claire Martins : 04 72 20 13 70
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ACCUEIL ET STANDARD
Josiane Merolle : 04 72 98 26 45
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Imprimerie : Fot (Pusignan - 69)
Distribution : SAD Vénissieux
N° de Commission paritaire : 0316 I 86862
N° ISSN : 1259-573 X
Lyon Capitale
SAS au capital de 500 000 euros.
RCS Lyon : 489 069 856
Actionnaire : FIDUCIAL MEDIAS SAS
au capital d’un million d’euros.
Siège social : 41, rue du Capitaine Guynemer 92400 Courbevoie.
U
n jour ou l’autre, le musée des
moins gagné un grand musée dans cette
Confluences aura Michel Mercier
mésaventure. Son architecture n’a pas fini
pour adresse. On n’osera peut-être de faire débat, mais ce n’est pas forcément
pas aller jusqu’à débaptiser le cours
un mauvais signe pour qui se souvient de
Perrache, son adresse actuelle : l’ingénieur l’accueil de l’opéra Nouvel… Trônant
Antoine-Michel Perrache avait imaginé
fièrement sur un site impossible (il a fallu
comment sortir ce
6 600 tonnes d’acier,
quartier de l’eau à la fin Donner à un musée le l’équivalent ou presque de la
du XVIIIe siècle, quand
tour Eiffel*, pour faire tenir
nom du garde des
l’ancien président du
cette verrière improbable
Sceaux qui n’avait pas sur le sol en éponge de la
conseil général s’est
son pareil pour
contenté d’y faire
Confluence), le musée est la
échouer son “nuage de
nouvelle porte de Lyon, le
endormir ses
cristal”, et d’y noyer pour
point de repère qui attirera
interlocuteurs,
plusieurs décennies les
les regards pour tous les
champion inégalable de vacanciers de l’A7. C’est
finances du conseil
la langue de bois, n’est quand même une meilleure
général qu’il quitte fin
décembre. Mais sa
pas forcément de bon carte postale que
ténacité à conduire ce
l’échangeur de Perrache et le
augure.
projet envers et contre
tunnel de Fourvière.
tous – même le bon
Quant au contenu de ce
sens ! – depuis vingt ans lui vaudra bien
musée, ce n’est que par ignorance qu’il fait
d’être honoré un jour.
encore débat. Il paraît que c’est très
Donnera-t-il son nom au musée ? Pas sûr lyonnais de cacher ses trésors, au point de
que cela participe à son rayonnement
les oublier : les caves du département et de
international… Et puis donner à un
l’ancien musée Guimet en regorgeaient,
musée le nom du garde des Sceaux qui
rapportés siècle après siècle par les
n’avait pas son pareil pour endormir ses
voyageurs, les industriels et les
interlocuteurs, champion inégalable de la
missionnaires lyonnais partis aux quatre
langue de bois, n’est pas forcément de bon coins du monde. Oui, il fallait un musée
augure. Non, le plus raisonnable serait de
ambitieux et moderne, qui sache
domicilier le musée sur une “place
questionner le public à partir de ces
Michel-Mercier”, voire une “esplanade
collections inestimables. Ce pari sera-t-il
Michel-Mercier”… ou mieux dans une
relevé ? Comme au quai Branly, le public
impasse Michel-Mercier, celle qui borde le qui s’attend à une profusion d’œuvres, à
musée.
la manière des muséums d’histoire
Car ce à quoi Michel Mercier mériterait
naturelle d’antan, sera peut-être
avant tout de donner son nom, c’est à une désarçonné par l’épure propre aux
loi condamnant la mauvaise gestion.
musées du XXIe siècle… Mais le récit sans
cesse renouvelé devrait lui donner envie
Partenariats public-privé délirants,
d’y revenir souvent.
champion de France des prêts toxiques,
Pour tout dire, on a encore un petit doute
vente massive d’actions possédées par la
sur les premières expositions, a priori pas
collectivité juste avant qu’elles ne
très excitantes, mais on n’en a pas sur le
s’envolent… Aujourd’hui, il n’y a rien
potentiel de ce musée. Cela ne fera pas
d’illégal à faire sciemment des choix aux
oublier la gabegie consternante qui
conséquences budgétaires calamiteuses,
grèvera pour longtemps nos capacités
ou de constantes promesses que l’on sait
d’investissement ; le musée aurait pu être
intenables. Si une loi change cela un jour,
plus beau, mieux situé, moins cher. Mais,
il faudra l’appeler loi Michel Mercier.
de toutes les promesses qu’il contenait,
Comme les “directives Seveso” ont été
beaucoup lui sera pardonné si finalement
prises par l’Europe pour répondre à la
il n’en tient qu’une seule : celle du succès.
catastrophe du même nom.
Mais tout n’est pas pourri au royaume du * 7 300 tonnes.
département. Car les Lyonnais ont au
I LYON CAPITALE I N° 739 I Décembre 2014 I 3
SOMMAIRE
N°739 DÉCEMBRE 2014
10. L’essentiel du mois écoulé
La Grande Gueule
6. Roger Monnami, guerrier de
la lumière
par R. Brikh et R. RuffierFossoul
À la une
18. Musée des Confluences,
nouveau symbole de Lyon ?
23. La dérive d’un musée
par Paul Terra
24. Collection et expositions à
venir
28. Un musée qui fait des
jaloux
par Emmanuelle Sautot
Enquêtes
16. Bekhaled, les frères lyonnais
qui affolent l’antiterrorisme
par Slim Mazni
34. Logements d’instituteurs :
bilan 2 ans après
38. Part-Dieu : l’amiante qu’on
nous cache
par Emmanuelle Sautot
44. Les réseaux de la coke à
Lyon
par Slim Mazni et Guillaume
Lamy
Politique
30. Vers une métropole à
9 communes ?
par Paul Terra
Économie
36. Quel avenir pour Sanofi ?
par Emmanuelle Sautot
Justice
50. Portrait d’Alexandre
Plantevin, l’homme qui a
changé de robe
52. Disparition d’Anne-Cécile
Pinel, l’impossible enquête
par Christelle Monteagudo
Sport/Football
54. Entretien avec Arnold
Mvuemba
par Razik Brikh
Dossier Lumières
56. Les nouvelles mises en
lumière pérennes à Lyon
par Slim Mazni
62. Sélection Fête des lumières
par Florent Deligia
CULTURE
68. Linda Sanchez, itinéraire
d’une goutte
par Alexandrine Dhainaut
Danse
70. Spectacles de fin d’année et
Carlson
71. Au cœur du tango
par Martine Pullara
Classique
72. Concerts de Noël
73. Un DJ à l’Auditorium
par Guillaume Médioni
Pop-rock
74. Holy Two, Farka Touré et
Pallett
75. Éternel Étienne (Daho)
par Kevin Muscat
Théâtre
76. Spectacles de fêtes
77. Quand l’échec devient
réussite
par Caïn Marchenoir
MAGAZINE
Gastronomie
78. Table mythique : La VoûteChez Léa
81. Chemin de table : La cave
de Fernand Point aux enchères
82. Le resto du mois : Substrat
par Guillaume Lamy
Spécial Noël
84. Cinq recettes de fêtes de
grands chefs
90. Idées cadeaux : objets
singuliers
92. Idées cadeaux cocooning
94. Offrir un bijou à Lyon
96. Des livres à (s’)offrir
98. Jeux vidéo et cadeaux high
tech
99. Mode enfants pour les fêtes
Éducation
102. Les parents, “trop la
honte”
par Céline Rapinat
Histoire en BD
104. En finir avec les idées
reçues sur le 8 décembre
par Florent Deligia
107. Le “premier” 8 décembre
par Coralie Nagel
Jeux
114. Mots croisés et fléchés
par Roger Dumont
Expositions
66. Delubac, l’élégance d’une
collectionneuse
Bulletin d’abonnement page 53
4 I LYON CAPITALE I N° 739 I Décembre 2014
62
Fête des lumières
Notre sélection
52
Justice
50
Portrait
Disparition
Plantevin, l’homme
d’Anne-Cécile Pinel, qui a changé de
l’impossible enquête robe
71
© Michel Robert
ACTUALITÉ
Culture
Lyon au rythme du
tango
LE RETOUR DES
GRANDES GUEULES
“Lyon donnait
une impression
de tristesse,
la lumière a réveillé
la belle endormie”
Roger Monnami,
devant son "trophée
de la lumière", qui lui a
été remis par Raymond
Barre lors de la
première édition de la
fête des lumières.
6 I LYON CAPITALE I N° 739 I Décembre 2014
ÉVÉNEMENT
UR BA N ISM E
MUSÉE DES
CONFLUENCES LE NOUVEAU
SYMBOLE DE LYON ?
LE MUSÉE DES CONFLUENCES EN CHIFFRES
Superficie : 22 000 m2
Coût : 250 millions d’euros d’après le conseil général
(l’addition devrait être plus proche de 300 millions).
Budget de fonctionnement : 18 millions d’euros
Nombre de visiteurs espéré par an : 500 000
18 I LYON CAPITALE I N° 739 I Décembre 2014
POLITIQUE
DÉCRYPTAGE
VERS UNE MÉTROPOLE
À 9 COMMUNES ?
La métropole de Lyon naîtra le 1er janvier, en englobant les compétences du conseil
général. Derrière ce big-bang institutionnel – qui ne bouleversera probablement pas la
vie des administrés – pourrait bien se tramer la vraie révolution : la disparition, d’ici à
dix ans, des communes. Au lieu des 59 que compte aujourd’hui le Grand Lyon, l’avenir
pourrait se construire autour de 9 grandes villes et autant de super-maires. C’est ce
dessein que Gérard Collomb, pièce après pièce, nourrit.
I
l a fallu que les édiles se sentent menacés
pour qu’ils intègrent la vision à long
terme qui sous-tend la création de la
métropole de Lyon. Pourtant, cette position, Gérard Collomb l’assume depuis
quelques années mezza voce. Pour lui,
l’heure est au regroupement de communes.
Il est même prêt à donner l’exemple. Il y a
quelques semaines, interrogé en conseil
municipal sur l’avenir des arrondissements,
il se montrait explicite et en appelait à ne
pas s’accrocher aux frontières actuelles :
“Dans trente ans, ce que l’on appellera Lyon,
c’est la métropole.” L’autre fondateur de la
métropole, Michel Mercier, est aussi de cet
avis. En tant que maire de Thizy, il a déjà
regroupé d’autres communes avec la
sienne. L’idée d’euthanasier lentement les
communes n’est donc pas une surprise.
Mais un événement très politique a accéléré
le processus : d’ici au 27 janvier, le Gouvernement doit entériner le futur mode d’élection des conseillers métropolitains. L’actuel
scrutin fléché doit être remplacé par le suffrage universel direct. Tout étant à
construire, le préfet a donc présenté aux
élus une carte, rédigée sous l’œil attentif de
Gérard Collomb. Alors que les travaux sur
les modalités de fonctionnement de la nouvelle métropole ne sont pas encore aboutis,
cette carte électorale tient lieu de feuille de
route. Le préfet Carenco découpe le Grand
Lyon en 14 circonscriptions électorales,
dont 5 pour la seule ville de Lyon. La métropole s’articulerait autour de 9 bassins de
vie, épousant peu ou prou les frontières des
actuelles “conférences des maires”. Ces territoires seraient ainsi amenés à devenir l’intermédiaire entre la métropole et l’échelon
communal, le lieu des mutualisations et de
la proximité. Jusqu’à présent, les élus métropolitains vivaient dans l’incertitude
30 I LYON CAPITALE I N° 739 I Décembre 2014
Michel Mercier et Gérard Collomb,
les deux initiateurs de la métropole.
SOCIÉTÉ
LOGEMENT
2 ANS APRÈS NOS RÉVÉLATIONS
QUE FAIT LA VILLE
DES LOGEMENTS VIDES
D’INSTITUTEURS ? Il y a deux ans, Lyon Capitale avait enquêté sur les logements vides des instituteurs de la
ville de Lyon. À l’époque, nous avions révélé que 180 logements étaient vacants depuis
plusieurs années et, un comble…, chauffés l’hiver. Des immeubles entiers, en centreville, étaient totalement inoccupés. Qu’en est-il aujourd’hui ?
“D
epuis deux ans, on s’est engagé
dans une démarche de création
de logements sociaux. On s’est
rendu compte qu’on avait un gisement d’appartements inoccupés”, explique Michel
Le Faou, adjoint au maire de Lyon chargé
du logement. Il faut dire qu’en octobre
2012, après nos révélations, la presse nationale
s’était emparée du sujet. Le Canard enchaîné
puis les journalistes de l’émission Envoyé
spécial sur France 2 avaient relayé l’information. Une bien mauvaise publicité pour
la mairie socialiste de la deuxième ville de
France.
24 ans pour réaffecter les bâtiments
Du coup, lors du conseil municipal du
18 février 2013, Nicole Gay, adjointe au
patrimoine, lance la mise à disposition de
quelques logements vacants. Elle commence
son discours ainsi : “Monsieur le maire,
permettez-moi de dire quelques mots sur la
question des logements d’instituteurs car,
dans notre ville, on parle beaucoup de ces
questions-là.” Si l’on n’en parlait pas en
ville, on ne réglerait pas cette question ?
Visiblement non, puisque la municipalité,
depuis 1990 – date du décret qui crée le
statut de professeur des écoles, lequel ne
donne plus droit à un logement de fonction –, a éludé ce problème.
“Vous ne pouvez pas nous attribuer ces vingtquatre ans de responsabilité, objecte Nicole
Gay. Le mandat de Gérard Collomb a débuté
en 2001.” Alors comment expliquer que
des immeubles entiers aient été laissés vides
pendant plus de dix ans ? Interrogée, Nicole
Gay réplique : “Où ça ? Cela m’étonne.”
L’immeuble qui jouxte le groupe scolaire
Albert-Camus, dans le 5e arrondissement.
Réponse de l’adjointe : “Je ne sais pas… Je
n’ai pas l’information.”
34 I LYON CAPITALE I N° 739 I Décembre 2014
ÉCONOMIE
INDUSTRIE PHARMACEUTIQUE
SANOFI : QUEL AVENIR
POUR LE GROUPE ?
À la tête du leader mondial des vaccins, un jeu de chaises musicales est en train de se jouer.
Ce qui inquiète les investisseurs : le groupe Sanofi a perdu sa place de première capitalisation
boursière au sein du CAC40, au profit de Total. En France, la nouvelle direction va-t-elle donner un coup d’arrêt à la stratégie de désindustrialisation ? Rien n’est moins sûr.
L’
ambiance est tendue chez Sanofi depuis deux mois. Les huiles de l’un
des fleurons de l’industrie pharmaceutique français sont sur les dents. Le PDG
Chris Viehbacher, à la tête de l’empire depuis 2008, a été débarqué sans préavis le
29 octobre. Surnommé “Smiling Killer”,
Chris Viehbacher a notamment réduit les
postes de recherche en interne, jugeant l’activité peu rentable, et misé sur les biotechnologies (avec l’arrivée de Genzyme) et sur
la santé animale (Merial). Depuis son éviction, le groupe Sanofi a perdu sa place de
première capitalisation boursière au sein du
CAC40, au profit de Total.
Le rapport secret “Phoenix” prévoyait
la cession de 200 médicaments et
2 600 emplois en France
Le conseil d’administration, dans un communiqué de presse, annonce le limogeage
de Viehbacher en ces termes : “La poursuite
du développement du groupe exige aujourd’hui un management fédérant plus largement les talents, une focalisation plus
grande sur l’exécution et une collaboration
étroite et confiante avec le conseil.” En coulisses, on évoque les tensions entre Serge
Weinberg, président du conseil d’administration, et le PDG, mais surtout la publication dans Le Canard enchaîné, en juillet
dernier, du rapport secret “Phoenix”. Ce
projet, mené par Viehbacher et présenté en
comité d’investissement, prévoyait la cession de 200 médicaments et de 2 600 emplois en France.
Des médicaments comme le Plavix, la Dépakine ou encore l’Aprovel étaient sur la
sellette. L’objectif, clairement annoncé dans
les documents de travail, était de réduire la
capacité industrielle en France. Ce qui a fait
bondir les salariés du groupe.
36 I LYON CAPITALE I N° 739 I Décembre 2014
Le siège de Sanofi à Gerland
ENQUÊTE
SANTÉ
PART-DIEU
L’AMIANTE QU’ON
NOUS CACHE
Lyon Capitale cherche des informations depuis neuf mois sur la présence
d’amiante dans le centre commercial et la tour de la Part-Dieu. Des propriétaires
au préfet du Rhône en passant par le maire de Lyon, tout le monde se renvoie la
balle. L’opacité est totale. Pourtant, en matière d’amiante, l’information du public
est obligatoire, notamment pour éviter tout comportement à risque.
100 000 décès d’ici à 2050
Le drame de l’amiante n’est pas réglé.
Depuis son interdiction en 1997, on
s’imagine que le scandale sanitaire est
derrière nous. Pourtant, au vu du nombre
d’établissements encore pollués par
l’amiante, ce sujet restera d’actualité
pendant encore quelques décennies…
D’après les chiffres de la Direction générale
de la santé, le pire est à venir. D’ici à 2050,
100 000 décès devraient être liés à
l’amiante. Entre 18 000 et 25 000 par
mésothéliome et de 50 000 à 75 000 du fait
de cancers des poumons en lien avec une
exposition à l’amiante.
ENQUÊTE
LYON, LES RÉSEAUX
DE LA
COKE
Grand banditisme, mafia des Balkans ou
réseau local, Lyon connaît tous les circuits
d’approvisionnement de cocaïne.
forme pénale menée par Christiane Taubira,
la ministre de la Justice ? Silence. Hésitation.
“C’est encore une réforme réalisée par le petit
bout de la lorgnette, estime-t-il enfin dans
un sourire. Avec la contrainte pénale, on a
créé une nouvelle peine, sans pour autant
donner des moyens supplémentaires.”
Alexandre Plantevin a-t-il douté de sa fonction même de magistrat, qui doit être animé
d’impartialité ? Le contraire d’un avocat,
surtout pénaliste. “Je ne me sens pas un
avocat engagé, se défend-il. Mais il y a un
vrai déséquilibre des droits des parties. C’est
là-dessus qu’il y a matière à se battre pour
faire avancer les choses. On est dans un
système avec un parquet qui dirige les enquêtes,
qui mène l’action publique, qui poursuit et
qui représente l’accusation. Et de l’autre côté,
il y a une défense qui n’est pas associée à l’enquête préliminaire, à l’enquête de flagrance.
Je veux me battre pour une défense qui doit
avoir les mêmes moyens que l’accusation.”
Pénaliste, c’est aussi faire de la
prévention
Et puis, il a une vision un peu particulière
des pénalistes. Loin de lui l’éloquence,
parfois grandiloquente, dans les prétoires.
Au contraire. “L’avocat pénaliste, c’est celui
qui fait aussi de la prévention. Il doit sensibiliser
sur le risque pénal, notamment toute cette
frange de la population que sont les entrepreneurs ou les cadres. Les chefs d’entreprise
du bâtiment, par exemple, sont confrontés à
la multiplication des règles relatives à l’hygiène
ou la sécurité au travail. Du jour au lendemain,
ils peuvent être poursuivis parce qu’ils ont
démantelé des toitures sans prendre les précautions nécessaires alors qu’il y avait de
l’amiante.”
Désormais, Me Plantevin aimerait axer une
partie de son activité vers ces domaines. Sa
nouvelle vie lyonnaise, il l’adore. D’ailleurs,
il en a visiblement compris rapidement les
mécanismes, en restant discret, affilié à un
cabinet de renom. Le magistrat prometteur
pourrait-il devenir un ténor du barreau ?
CHRISTELLE MONTEAGUDO
* Comparution sur reconnaissance préalable de
culpabilité (plaidé coupable).
I LYON CAPITALE I N° 739 I Décembre 2014 I 51
© Tim Douet
“Je veux me battre pour
une défense qui doit
avoir les mêmes moyens
que l’accusation”
Pont Raymond-Barre à la Confluence
Le pont du tramway qui joint la Confluence et Gerland fait partie de cette nouvelle génération
d’ouvrages bâtis pour être vus. Un faisceau lumineux blanc dessine l’unique arche qui le
surmonte. Vue du sud, cette mise en lumière vient achever une étonnante composition
lumineuse de part et d’autre du musée des Confluences, encadré à l’ouest par le pont
Raymond-Barre donc et à l’est par le viaduc ferroviaire de la Mulatière.
Alain Spielmann (architecte du pont) – 2014
LES NOUVELLES
MISES EN LUMIÈRE PÉRENNES
LYON, TOUJOURS
PLUS LUMIÈRE
Confluence
La Sucrière
La darse
Dossier Lumières
8 décembre
FÊTE DES
LUMIÈRES Georges
Képénékian,
adjoint à la culture
(devant), et JeanFrançois Zurawik
Un retour aux
sources, plus
d’interactivité ?
De l’aveu même de
Georges
Képénékian,
adjoint à la culture
lyonnais, la Fête
des lumières 2014
n’a pas
véritablement de
thème. Pourtant, il
y en a bien un qui
ressort malgré
l’emballage
marketing : celui
d’une traversée
nocturne de Lyon
entre deux
quartiers, la
Confluence et le
parc de la Têted’Or. Un trajet
presque parfait se
dessine entre ces
deux points que
tout oppose.
DE CONFLUENCE
À LA TÊTE-D’OR
Le 8 décembre, ne vous cantonnez pas au centre-ville. Pour la
première fois, c’est aux deux extrémités de Lyon que brillent nos
installations préférées.
SÉLECTION
LUMIÈRE D’EAU
À LA CONFLUENCE
Thématique très aquatique à la
Confluence. L’hôtel de région se
transforme en “cathédrale d’eau et
de lumière”. Sous les chants des choristes du Concert de l’Hostel Dieu,
la lumière vibre jusqu’à se fondre
dans l’or bleu. Juste en face, au
milieu de la darse nautique,
48 sphères lumineuses s’éclairent en
fonction de la température des spec-
62 I LYON CAPITALE I N° 739 I Décembre 2014
tateurs, mesurée par un capteur.
• Cathédrale d’eau et de lumière,
à l’hôtel de région – Jean-Luc Hervé
• Light me Up, darse nautique de la
Confluence – F2C
PALM BEACH
COURS CHARLEMAGNE
Comme un air de Riviera sur le
cours Charlemagne : des palmiers
colorés, fabriqués avec des goulottes
de chantier et des toiles de spi, bor-
Cathédrale
d’eau et de
lumière,
à l’hôtel de
région
CULTURE
EXPOSITIONS
Jacqueline Delubac,
dans une robe
asymétrique de
Pierre Cardin
66 I LYON CAPITALE I N° 739 I Décembre 2014
“Ça marchait du tonnerre.
Les bons jours, il y avait
jusqu’à soixante
personnes qui faisaient la
queue sous la voûte”
SE RAPPELLE PHILLIPE RABATEL
Noël
2014
Recettes de fêtes
Vous n’avez ni le Pacojet ni le thermoplongeur et encore moins la sousvideuse domestique transportable chez
vous ? Vous n’êtes toujours pas diplômé
du CAP cuisine ? Chou rouge sur
l’échine de porc, vous en avez ras le
macaron de ne pas arriver à reproduire
les recettes des livres de cuisine, toujours plus embrouillées et improbables ? Vous êtes alors à la bonne page.
Pour les fêtes de fin d’année, on vous
a sélectionné 5 jeunes chefs à qui on a
demandé une seule chose : faites simple
(et bon, mais sur ce point, c’était implicite). À vos tabliers !
GUILLAUME LAMY
PHOTOS : TIM DOUET
84 I LYON CAPITALE I N° 739 I Décembre 2014
Spécial Noël
GASTRONOMIE
RESTAURANT
LE PALÉGRIÉ
CARDONS
Guillaume
Monjuré
Saint-jacques de Saint-Brieuc,
cardons d’Anneyron, olives de
Nyons, lard de Colonnata et vieux
parmesan
Ingrédients
(pour 6 personnes)
12 saint-jacques
1 pied de cardon
1 citron
1 oignon
1 gousse d’ail
Sel, poivre
Beurre
Olives de Nyons
Lard de Colonnata en
tranches très fines
Jus de viande
Préparation
Éplucher les cardons. Les tailler en
formes de bâtons et les mettre dans
un bain d’eau citronnée (pour éviter
qu’ils noircissent).
Prendre le tiers des bâtons et les faire
suer dans une poêle avec un oignon,
une gousse d’ail et du beurre. Recouvrir de crème. Cuire une heure.
Mixer. La purée est prête.
86 I LYON CAPITALE I N° 739 I Décembre 2014
Faire rôtir les saint-jacques dans une
poêle, avec les tiges de cardons et les
olives. Saler, poivrer.
Dressage
Napper le fond des assiettes de purée
de cardons. Disposer les noix de saintjacques, les cardons et les olives. Recouvrir d’un voile de lard de Colonnata. Parsemer de vieux parmesan.
Spécial Noël
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90 I LYON CAPITALE I N° 739 I Décembre 2014
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Lyon 1
t-Vincent,
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7
et Ioma, 3
Mug Paparazzi
de la Chaise Longue – 19,90 €
Chez Benoit Guyot, 15 rue Émile-Zola, Lyon 2e
Histoire
VRAI / FAUX
8 Fourvière
décembre
d
&
En finir avec les idées reçues
C’est à cause de la peste, du scorbut, des Prussiens, ou même du choléra…
Chaque année, les versions divergent sur les origines du 8 décembre. Rétablissons
quelques vérités, parmi des légendes circulant parfois depuis plusieurs siècles.
C’est à cause
de la peste
l’inauguration du nouveau clocher
a lieu le 8 décembre 1852. La ville
s’illumine alors pour fêter la rénovation.
Point de peste à l’origine du 8 décembre, ni même de promesse faite
à Marie, mais plutôt les boulets de
canons tirés sur la colline de Fourvière lors de la Révolution et des révoltes des canuts. En 1850, le toit de
l’église de Fourvière est en piteux
état, ébranlé par les vibrations des
bombardements. L’Église décide de
faire reconstruire le clocher, d’en
profiter pour l’agrandir et surtout
de placer à son sommet une grande
statue de la Vierge, qui doit surplomber la ville. Le sculpteur Fabisch
remporte le concours organisé pour
cette dernière. Après moult péripéties,
Le 8 décembre a été
choisi par défaut
Faux
104 I LYON CAPITALE I N° 739 I Décembre 2014
Vrai
Quand les travaux de rénovation
de Fourvière sont lancés, les autorités
se posent la question de la date
d’inauguration. On cherche logiquement un jour qui correspondrait
à une fête dédiée à Marie. Le 15 août
est envisagé, mais n’est pas possible
car c’est à l’époque la Saint-Napoléon,
équivalent de notre 14 Juillet. La
date suivante dans le calendrier est
celle du 8 septembre. Elle correspond
à la commémoration du vœu des
échevins. En 1643, les autorités de
la ville, craignant une épidémie de
peste, s’étaient rendues à Fourvière
avec une bougie et un écu d’or, promettant de continuer cet hommage
à la Vierge chaque année si la ville
était épargnée. Ce fut le cas, notamment grâce aux progrès de la médecine. La cérémonie perdure jusqu’à
la Révolution, qui marque un coup
d’arrêt. Elle est relancée en 1848. La
date du 8 septembre 1852 semble
donc parfaite pour inaugurer la
statue et le nouveau clocher. Mais
des pluies torrentielles en décident
autrement : des inondations ravagent
la ville, ainsi que l’atelier où est
fondue la statue. Celle-ci ne sera
pas prête à la date prévue. L’Église
se replie sur le 8 décembre, jour de