Décembre 2014 I Mensuel I N° 739 - 3,50 € LYON CAPITALE CENTRE COMMERCIAL PART-DIEU L’AMIANTE QU’ON NOUS CACHE LES ESPRITS LIBRES RATÉ OU RÉUSSI ? Dossier spécial sur l’ouverture du musée des Confluences ENQUÊTE LYON, PLAQUE TOURNANTE DE LA COCAÏNE EN IMAGES LES NOUVELLES MISES EN LUMIÈRE DE LYON LA VRA HISTOI IE R 8 DÉCE E DU MBRE EN BD © Camille Padilla LE NOUVEAU SYMBOLE DE LYON N°739 DÉCEMBRE 2014 LYON CAPITALE Siège social : 51 avenue Maréchal Foch 69006 LYON Tél. 04 72 98 05 00 DIRECTEUR DE LA PUBLICATION Didier Maïsto [email protected] DIRECTEUR EXÉCUTIF Philippe Vives [email protected] EDITO Très cher musée… RAPHAËL RUFFIER-FOSSOUL, RÉDACTEUR EN CHEF DIRECTEUR DE LA RÉDACTION Chiêu An Thai [email protected] RÉDACTEUR EN CHEF Raphaël Ruffier-Fossoul [email protected] RÉDACTION Guillaume Lamy (Société) [email protected] Razik Brikh (Sports) 04 72 98 05 09 [email protected] Slim Mazni (Société) 04 72 98 04 92 [email protected] Paul Terra (Société-Politique) 04 72 98 26 49 [email protected] Lucie Blanchard (Web) [email protected] Florent Deligia (Histoire/High-tech) [email protected] Emmanuelle Sautot (Société) [email protected] Christelle Monteagudo (Justice-Web) 04 72 98 04 90 [email protected] Thomas Coudert (Web) [email protected] PUBLICITÉ Pascale Laplace : 04 72 98 05 03 [email protected] COMMUNICATION / DIFFUSION Agnès Vézirian, Directrice de la Communication et de la Diffusion 04 72 98 04 93 [email protected] ÉDITION Tim Douet [email protected] Marie-Aude Cap (SR) [email protected] ASSISTANTE DE DIRECTION, DIFFUSION ET ABONNEMENT Marylène Béal : 04 72 98 05 05 Fax : 04 72 98 19 20 [email protected] COMPTABILITÉ Claire Martins : 04 72 20 13 70 [email protected] ACCUEIL ET STANDARD Josiane Merolle : 04 72 98 26 45 [email protected] Imprimerie : Fot (Pusignan - 69) Distribution : SAD Vénissieux N° de Commission paritaire : 0316 I 86862 N° ISSN : 1259-573 X Lyon Capitale SAS au capital de 500 000 euros. RCS Lyon : 489 069 856 Actionnaire : FIDUCIAL MEDIAS SAS au capital d’un million d’euros. Siège social : 41, rue du Capitaine Guynemer 92400 Courbevoie. U n jour ou l’autre, le musée des moins gagné un grand musée dans cette Confluences aura Michel Mercier mésaventure. Son architecture n’a pas fini pour adresse. On n’osera peut-être de faire débat, mais ce n’est pas forcément pas aller jusqu’à débaptiser le cours un mauvais signe pour qui se souvient de Perrache, son adresse actuelle : l’ingénieur l’accueil de l’opéra Nouvel… Trônant Antoine-Michel Perrache avait imaginé fièrement sur un site impossible (il a fallu comment sortir ce 6 600 tonnes d’acier, quartier de l’eau à la fin Donner à un musée le l’équivalent ou presque de la du XVIIIe siècle, quand tour Eiffel*, pour faire tenir nom du garde des l’ancien président du cette verrière improbable Sceaux qui n’avait pas sur le sol en éponge de la conseil général s’est son pareil pour contenté d’y faire Confluence), le musée est la échouer son “nuage de nouvelle porte de Lyon, le endormir ses cristal”, et d’y noyer pour point de repère qui attirera interlocuteurs, plusieurs décennies les les regards pour tous les champion inégalable de vacanciers de l’A7. C’est finances du conseil la langue de bois, n’est quand même une meilleure général qu’il quitte fin décembre. Mais sa pas forcément de bon carte postale que ténacité à conduire ce l’échangeur de Perrache et le augure. projet envers et contre tunnel de Fourvière. tous – même le bon Quant au contenu de ce sens ! – depuis vingt ans lui vaudra bien musée, ce n’est que par ignorance qu’il fait d’être honoré un jour. encore débat. Il paraît que c’est très Donnera-t-il son nom au musée ? Pas sûr lyonnais de cacher ses trésors, au point de que cela participe à son rayonnement les oublier : les caves du département et de international… Et puis donner à un l’ancien musée Guimet en regorgeaient, musée le nom du garde des Sceaux qui rapportés siècle après siècle par les n’avait pas son pareil pour endormir ses voyageurs, les industriels et les interlocuteurs, champion inégalable de la missionnaires lyonnais partis aux quatre langue de bois, n’est pas forcément de bon coins du monde. Oui, il fallait un musée augure. Non, le plus raisonnable serait de ambitieux et moderne, qui sache domicilier le musée sur une “place questionner le public à partir de ces Michel-Mercier”, voire une “esplanade collections inestimables. Ce pari sera-t-il Michel-Mercier”… ou mieux dans une relevé ? Comme au quai Branly, le public impasse Michel-Mercier, celle qui borde le qui s’attend à une profusion d’œuvres, à musée. la manière des muséums d’histoire Car ce à quoi Michel Mercier mériterait naturelle d’antan, sera peut-être avant tout de donner son nom, c’est à une désarçonné par l’épure propre aux loi condamnant la mauvaise gestion. musées du XXIe siècle… Mais le récit sans cesse renouvelé devrait lui donner envie Partenariats public-privé délirants, d’y revenir souvent. champion de France des prêts toxiques, Pour tout dire, on a encore un petit doute vente massive d’actions possédées par la sur les premières expositions, a priori pas collectivité juste avant qu’elles ne très excitantes, mais on n’en a pas sur le s’envolent… Aujourd’hui, il n’y a rien potentiel de ce musée. Cela ne fera pas d’illégal à faire sciemment des choix aux oublier la gabegie consternante qui conséquences budgétaires calamiteuses, grèvera pour longtemps nos capacités ou de constantes promesses que l’on sait d’investissement ; le musée aurait pu être intenables. Si une loi change cela un jour, plus beau, mieux situé, moins cher. Mais, il faudra l’appeler loi Michel Mercier. de toutes les promesses qu’il contenait, Comme les “directives Seveso” ont été beaucoup lui sera pardonné si finalement prises par l’Europe pour répondre à la il n’en tient qu’une seule : celle du succès. catastrophe du même nom. Mais tout n’est pas pourri au royaume du * 7 300 tonnes. département. Car les Lyonnais ont au I LYON CAPITALE I N° 739 I Décembre 2014 I 3 SOMMAIRE N°739 DÉCEMBRE 2014 10. L’essentiel du mois écoulé La Grande Gueule 6. Roger Monnami, guerrier de la lumière par R. Brikh et R. RuffierFossoul À la une 18. Musée des Confluences, nouveau symbole de Lyon ? 23. La dérive d’un musée par Paul Terra 24. Collection et expositions à venir 28. Un musée qui fait des jaloux par Emmanuelle Sautot Enquêtes 16. Bekhaled, les frères lyonnais qui affolent l’antiterrorisme par Slim Mazni 34. Logements d’instituteurs : bilan 2 ans après 38. Part-Dieu : l’amiante qu’on nous cache par Emmanuelle Sautot 44. Les réseaux de la coke à Lyon par Slim Mazni et Guillaume Lamy Politique 30. Vers une métropole à 9 communes ? par Paul Terra Économie 36. Quel avenir pour Sanofi ? par Emmanuelle Sautot Justice 50. Portrait d’Alexandre Plantevin, l’homme qui a changé de robe 52. Disparition d’Anne-Cécile Pinel, l’impossible enquête par Christelle Monteagudo Sport/Football 54. Entretien avec Arnold Mvuemba par Razik Brikh Dossier Lumières 56. Les nouvelles mises en lumière pérennes à Lyon par Slim Mazni 62. Sélection Fête des lumières par Florent Deligia CULTURE 68. Linda Sanchez, itinéraire d’une goutte par Alexandrine Dhainaut Danse 70. Spectacles de fin d’année et Carlson 71. Au cœur du tango par Martine Pullara Classique 72. Concerts de Noël 73. Un DJ à l’Auditorium par Guillaume Médioni Pop-rock 74. Holy Two, Farka Touré et Pallett 75. Éternel Étienne (Daho) par Kevin Muscat Théâtre 76. Spectacles de fêtes 77. Quand l’échec devient réussite par Caïn Marchenoir MAGAZINE Gastronomie 78. Table mythique : La VoûteChez Léa 81. Chemin de table : La cave de Fernand Point aux enchères 82. Le resto du mois : Substrat par Guillaume Lamy Spécial Noël 84. Cinq recettes de fêtes de grands chefs 90. Idées cadeaux : objets singuliers 92. Idées cadeaux cocooning 94. Offrir un bijou à Lyon 96. Des livres à (s’)offrir 98. Jeux vidéo et cadeaux high tech 99. Mode enfants pour les fêtes Éducation 102. Les parents, “trop la honte” par Céline Rapinat Histoire en BD 104. En finir avec les idées reçues sur le 8 décembre par Florent Deligia 107. Le “premier” 8 décembre par Coralie Nagel Jeux 114. Mots croisés et fléchés par Roger Dumont Expositions 66. Delubac, l’élégance d’une collectionneuse Bulletin d’abonnement page 53 4 I LYON CAPITALE I N° 739 I Décembre 2014 62 Fête des lumières Notre sélection 52 Justice 50 Portrait Disparition Plantevin, l’homme d’Anne-Cécile Pinel, qui a changé de l’impossible enquête robe 71 © Michel Robert ACTUALITÉ Culture Lyon au rythme du tango LE RETOUR DES GRANDES GUEULES “Lyon donnait une impression de tristesse, la lumière a réveillé la belle endormie” Roger Monnami, devant son "trophée de la lumière", qui lui a été remis par Raymond Barre lors de la première édition de la fête des lumières. 6 I LYON CAPITALE I N° 739 I Décembre 2014 ÉVÉNEMENT UR BA N ISM E MUSÉE DES CONFLUENCES LE NOUVEAU SYMBOLE DE LYON ? LE MUSÉE DES CONFLUENCES EN CHIFFRES Superficie : 22 000 m2 Coût : 250 millions d’euros d’après le conseil général (l’addition devrait être plus proche de 300 millions). Budget de fonctionnement : 18 millions d’euros Nombre de visiteurs espéré par an : 500 000 18 I LYON CAPITALE I N° 739 I Décembre 2014 POLITIQUE DÉCRYPTAGE VERS UNE MÉTROPOLE À 9 COMMUNES ? La métropole de Lyon naîtra le 1er janvier, en englobant les compétences du conseil général. Derrière ce big-bang institutionnel – qui ne bouleversera probablement pas la vie des administrés – pourrait bien se tramer la vraie révolution : la disparition, d’ici à dix ans, des communes. Au lieu des 59 que compte aujourd’hui le Grand Lyon, l’avenir pourrait se construire autour de 9 grandes villes et autant de super-maires. C’est ce dessein que Gérard Collomb, pièce après pièce, nourrit. I l a fallu que les édiles se sentent menacés pour qu’ils intègrent la vision à long terme qui sous-tend la création de la métropole de Lyon. Pourtant, cette position, Gérard Collomb l’assume depuis quelques années mezza voce. Pour lui, l’heure est au regroupement de communes. Il est même prêt à donner l’exemple. Il y a quelques semaines, interrogé en conseil municipal sur l’avenir des arrondissements, il se montrait explicite et en appelait à ne pas s’accrocher aux frontières actuelles : “Dans trente ans, ce que l’on appellera Lyon, c’est la métropole.” L’autre fondateur de la métropole, Michel Mercier, est aussi de cet avis. En tant que maire de Thizy, il a déjà regroupé d’autres communes avec la sienne. L’idée d’euthanasier lentement les communes n’est donc pas une surprise. Mais un événement très politique a accéléré le processus : d’ici au 27 janvier, le Gouvernement doit entériner le futur mode d’élection des conseillers métropolitains. L’actuel scrutin fléché doit être remplacé par le suffrage universel direct. Tout étant à construire, le préfet a donc présenté aux élus une carte, rédigée sous l’œil attentif de Gérard Collomb. Alors que les travaux sur les modalités de fonctionnement de la nouvelle métropole ne sont pas encore aboutis, cette carte électorale tient lieu de feuille de route. Le préfet Carenco découpe le Grand Lyon en 14 circonscriptions électorales, dont 5 pour la seule ville de Lyon. La métropole s’articulerait autour de 9 bassins de vie, épousant peu ou prou les frontières des actuelles “conférences des maires”. Ces territoires seraient ainsi amenés à devenir l’intermédiaire entre la métropole et l’échelon communal, le lieu des mutualisations et de la proximité. Jusqu’à présent, les élus métropolitains vivaient dans l’incertitude 30 I LYON CAPITALE I N° 739 I Décembre 2014 Michel Mercier et Gérard Collomb, les deux initiateurs de la métropole. SOCIÉTÉ LOGEMENT 2 ANS APRÈS NOS RÉVÉLATIONS QUE FAIT LA VILLE DES LOGEMENTS VIDES D’INSTITUTEURS ? Il y a deux ans, Lyon Capitale avait enquêté sur les logements vides des instituteurs de la ville de Lyon. À l’époque, nous avions révélé que 180 logements étaient vacants depuis plusieurs années et, un comble…, chauffés l’hiver. Des immeubles entiers, en centreville, étaient totalement inoccupés. Qu’en est-il aujourd’hui ? “D epuis deux ans, on s’est engagé dans une démarche de création de logements sociaux. On s’est rendu compte qu’on avait un gisement d’appartements inoccupés”, explique Michel Le Faou, adjoint au maire de Lyon chargé du logement. Il faut dire qu’en octobre 2012, après nos révélations, la presse nationale s’était emparée du sujet. Le Canard enchaîné puis les journalistes de l’émission Envoyé spécial sur France 2 avaient relayé l’information. Une bien mauvaise publicité pour la mairie socialiste de la deuxième ville de France. 24 ans pour réaffecter les bâtiments Du coup, lors du conseil municipal du 18 février 2013, Nicole Gay, adjointe au patrimoine, lance la mise à disposition de quelques logements vacants. Elle commence son discours ainsi : “Monsieur le maire, permettez-moi de dire quelques mots sur la question des logements d’instituteurs car, dans notre ville, on parle beaucoup de ces questions-là.” Si l’on n’en parlait pas en ville, on ne réglerait pas cette question ? Visiblement non, puisque la municipalité, depuis 1990 – date du décret qui crée le statut de professeur des écoles, lequel ne donne plus droit à un logement de fonction –, a éludé ce problème. “Vous ne pouvez pas nous attribuer ces vingtquatre ans de responsabilité, objecte Nicole Gay. Le mandat de Gérard Collomb a débuté en 2001.” Alors comment expliquer que des immeubles entiers aient été laissés vides pendant plus de dix ans ? Interrogée, Nicole Gay réplique : “Où ça ? Cela m’étonne.” L’immeuble qui jouxte le groupe scolaire Albert-Camus, dans le 5e arrondissement. Réponse de l’adjointe : “Je ne sais pas… Je n’ai pas l’information.” 34 I LYON CAPITALE I N° 739 I Décembre 2014 ÉCONOMIE INDUSTRIE PHARMACEUTIQUE SANOFI : QUEL AVENIR POUR LE GROUPE ? À la tête du leader mondial des vaccins, un jeu de chaises musicales est en train de se jouer. Ce qui inquiète les investisseurs : le groupe Sanofi a perdu sa place de première capitalisation boursière au sein du CAC40, au profit de Total. En France, la nouvelle direction va-t-elle donner un coup d’arrêt à la stratégie de désindustrialisation ? Rien n’est moins sûr. L’ ambiance est tendue chez Sanofi depuis deux mois. Les huiles de l’un des fleurons de l’industrie pharmaceutique français sont sur les dents. Le PDG Chris Viehbacher, à la tête de l’empire depuis 2008, a été débarqué sans préavis le 29 octobre. Surnommé “Smiling Killer”, Chris Viehbacher a notamment réduit les postes de recherche en interne, jugeant l’activité peu rentable, et misé sur les biotechnologies (avec l’arrivée de Genzyme) et sur la santé animale (Merial). Depuis son éviction, le groupe Sanofi a perdu sa place de première capitalisation boursière au sein du CAC40, au profit de Total. Le rapport secret “Phoenix” prévoyait la cession de 200 médicaments et 2 600 emplois en France Le conseil d’administration, dans un communiqué de presse, annonce le limogeage de Viehbacher en ces termes : “La poursuite du développement du groupe exige aujourd’hui un management fédérant plus largement les talents, une focalisation plus grande sur l’exécution et une collaboration étroite et confiante avec le conseil.” En coulisses, on évoque les tensions entre Serge Weinberg, président du conseil d’administration, et le PDG, mais surtout la publication dans Le Canard enchaîné, en juillet dernier, du rapport secret “Phoenix”. Ce projet, mené par Viehbacher et présenté en comité d’investissement, prévoyait la cession de 200 médicaments et de 2 600 emplois en France. Des médicaments comme le Plavix, la Dépakine ou encore l’Aprovel étaient sur la sellette. L’objectif, clairement annoncé dans les documents de travail, était de réduire la capacité industrielle en France. Ce qui a fait bondir les salariés du groupe. 36 I LYON CAPITALE I N° 739 I Décembre 2014 Le siège de Sanofi à Gerland ENQUÊTE SANTÉ PART-DIEU L’AMIANTE QU’ON NOUS CACHE Lyon Capitale cherche des informations depuis neuf mois sur la présence d’amiante dans le centre commercial et la tour de la Part-Dieu. Des propriétaires au préfet du Rhône en passant par le maire de Lyon, tout le monde se renvoie la balle. L’opacité est totale. Pourtant, en matière d’amiante, l’information du public est obligatoire, notamment pour éviter tout comportement à risque. 100 000 décès d’ici à 2050 Le drame de l’amiante n’est pas réglé. Depuis son interdiction en 1997, on s’imagine que le scandale sanitaire est derrière nous. Pourtant, au vu du nombre d’établissements encore pollués par l’amiante, ce sujet restera d’actualité pendant encore quelques décennies… D’après les chiffres de la Direction générale de la santé, le pire est à venir. D’ici à 2050, 100 000 décès devraient être liés à l’amiante. Entre 18 000 et 25 000 par mésothéliome et de 50 000 à 75 000 du fait de cancers des poumons en lien avec une exposition à l’amiante. ENQUÊTE LYON, LES RÉSEAUX DE LA COKE Grand banditisme, mafia des Balkans ou réseau local, Lyon connaît tous les circuits d’approvisionnement de cocaïne. forme pénale menée par Christiane Taubira, la ministre de la Justice ? Silence. Hésitation. “C’est encore une réforme réalisée par le petit bout de la lorgnette, estime-t-il enfin dans un sourire. Avec la contrainte pénale, on a créé une nouvelle peine, sans pour autant donner des moyens supplémentaires.” Alexandre Plantevin a-t-il douté de sa fonction même de magistrat, qui doit être animé d’impartialité ? Le contraire d’un avocat, surtout pénaliste. “Je ne me sens pas un avocat engagé, se défend-il. Mais il y a un vrai déséquilibre des droits des parties. C’est là-dessus qu’il y a matière à se battre pour faire avancer les choses. On est dans un système avec un parquet qui dirige les enquêtes, qui mène l’action publique, qui poursuit et qui représente l’accusation. Et de l’autre côté, il y a une défense qui n’est pas associée à l’enquête préliminaire, à l’enquête de flagrance. Je veux me battre pour une défense qui doit avoir les mêmes moyens que l’accusation.” Pénaliste, c’est aussi faire de la prévention Et puis, il a une vision un peu particulière des pénalistes. Loin de lui l’éloquence, parfois grandiloquente, dans les prétoires. Au contraire. “L’avocat pénaliste, c’est celui qui fait aussi de la prévention. Il doit sensibiliser sur le risque pénal, notamment toute cette frange de la population que sont les entrepreneurs ou les cadres. Les chefs d’entreprise du bâtiment, par exemple, sont confrontés à la multiplication des règles relatives à l’hygiène ou la sécurité au travail. Du jour au lendemain, ils peuvent être poursuivis parce qu’ils ont démantelé des toitures sans prendre les précautions nécessaires alors qu’il y avait de l’amiante.” Désormais, Me Plantevin aimerait axer une partie de son activité vers ces domaines. Sa nouvelle vie lyonnaise, il l’adore. D’ailleurs, il en a visiblement compris rapidement les mécanismes, en restant discret, affilié à un cabinet de renom. Le magistrat prometteur pourrait-il devenir un ténor du barreau ? CHRISTELLE MONTEAGUDO * Comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité (plaidé coupable). I LYON CAPITALE I N° 739 I Décembre 2014 I 51 © Tim Douet “Je veux me battre pour une défense qui doit avoir les mêmes moyens que l’accusation” Pont Raymond-Barre à la Confluence Le pont du tramway qui joint la Confluence et Gerland fait partie de cette nouvelle génération d’ouvrages bâtis pour être vus. Un faisceau lumineux blanc dessine l’unique arche qui le surmonte. Vue du sud, cette mise en lumière vient achever une étonnante composition lumineuse de part et d’autre du musée des Confluences, encadré à l’ouest par le pont Raymond-Barre donc et à l’est par le viaduc ferroviaire de la Mulatière. Alain Spielmann (architecte du pont) – 2014 LES NOUVELLES MISES EN LUMIÈRE PÉRENNES LYON, TOUJOURS PLUS LUMIÈRE Confluence La Sucrière La darse Dossier Lumières 8 décembre FÊTE DES LUMIÈRES Georges Képénékian, adjoint à la culture (devant), et JeanFrançois Zurawik Un retour aux sources, plus d’interactivité ? De l’aveu même de Georges Képénékian, adjoint à la culture lyonnais, la Fête des lumières 2014 n’a pas véritablement de thème. Pourtant, il y en a bien un qui ressort malgré l’emballage marketing : celui d’une traversée nocturne de Lyon entre deux quartiers, la Confluence et le parc de la Têted’Or. Un trajet presque parfait se dessine entre ces deux points que tout oppose. DE CONFLUENCE À LA TÊTE-D’OR Le 8 décembre, ne vous cantonnez pas au centre-ville. Pour la première fois, c’est aux deux extrémités de Lyon que brillent nos installations préférées. SÉLECTION LUMIÈRE D’EAU À LA CONFLUENCE Thématique très aquatique à la Confluence. L’hôtel de région se transforme en “cathédrale d’eau et de lumière”. Sous les chants des choristes du Concert de l’Hostel Dieu, la lumière vibre jusqu’à se fondre dans l’or bleu. Juste en face, au milieu de la darse nautique, 48 sphères lumineuses s’éclairent en fonction de la température des spec- 62 I LYON CAPITALE I N° 739 I Décembre 2014 tateurs, mesurée par un capteur. • Cathédrale d’eau et de lumière, à l’hôtel de région – Jean-Luc Hervé • Light me Up, darse nautique de la Confluence – F2C PALM BEACH COURS CHARLEMAGNE Comme un air de Riviera sur le cours Charlemagne : des palmiers colorés, fabriqués avec des goulottes de chantier et des toiles de spi, bor- Cathédrale d’eau et de lumière, à l’hôtel de région CULTURE EXPOSITIONS Jacqueline Delubac, dans une robe asymétrique de Pierre Cardin 66 I LYON CAPITALE I N° 739 I Décembre 2014 “Ça marchait du tonnerre. Les bons jours, il y avait jusqu’à soixante personnes qui faisaient la queue sous la voûte” SE RAPPELLE PHILLIPE RABATEL Noël 2014 Recettes de fêtes Vous n’avez ni le Pacojet ni le thermoplongeur et encore moins la sousvideuse domestique transportable chez vous ? Vous n’êtes toujours pas diplômé du CAP cuisine ? Chou rouge sur l’échine de porc, vous en avez ras le macaron de ne pas arriver à reproduire les recettes des livres de cuisine, toujours plus embrouillées et improbables ? Vous êtes alors à la bonne page. Pour les fêtes de fin d’année, on vous a sélectionné 5 jeunes chefs à qui on a demandé une seule chose : faites simple (et bon, mais sur ce point, c’était implicite). À vos tabliers ! GUILLAUME LAMY PHOTOS : TIM DOUET 84 I LYON CAPITALE I N° 739 I Décembre 2014 Spécial Noël GASTRONOMIE RESTAURANT LE PALÉGRIÉ CARDONS Guillaume Monjuré Saint-jacques de Saint-Brieuc, cardons d’Anneyron, olives de Nyons, lard de Colonnata et vieux parmesan Ingrédients (pour 6 personnes) 12 saint-jacques 1 pied de cardon 1 citron 1 oignon 1 gousse d’ail Sel, poivre Beurre Olives de Nyons Lard de Colonnata en tranches très fines Jus de viande Préparation Éplucher les cardons. Les tailler en formes de bâtons et les mettre dans un bain d’eau citronnée (pour éviter qu’ils noircissent). Prendre le tiers des bâtons et les faire suer dans une poêle avec un oignon, une gousse d’ail et du beurre. Recouvrir de crème. Cuire une heure. Mixer. La purée est prête. 86 I LYON CAPITALE I N° 739 I Décembre 2014 Faire rôtir les saint-jacques dans une poêle, avec les tiges de cardons et les olives. Saler, poivrer. Dressage Napper le fond des assiettes de purée de cardons. Disposer les noix de saintjacques, les cardons et les olives. Recouvrir d’un voile de lard de Colonnata. Parsemer de vieux parmesan. Spécial Noël SHOPPING Vernis à ongles effet jean, L’Oréal – 5,90 € Chez Sephora, 53 place de République, Lyon 2e SINGULIERS Marquez votre différence. Sélection Lisa Bron ée dm 5 € E 7 ai îte – Bo Hartô 42 qu 2e n , par RBC , Lyo d z u e Ch mba Ra Sac à dos unisexe Retreat Copper Rubber de Herschel – 99 € Chez Fuji Accessoires, 4 rue de la Poulaillerie, Lyon 2e Vélo Néomouv Facelia rouge – à partir de 1 099 € Chez Ecox, 45 avenue de Saxe, Lyon 6e 90 I LYON CAPITALE I N° 739 I Décembre 2014 de Matière t Ankara Taboure € 0 t, Grise – 28 blement St-Vinceren u e m A Chez Lyon 1 t-Vincent, n 9e 46 quai S rue de St-Cyr, Lyo 7 et Ioma, 3 Mug Paparazzi de la Chaise Longue – 19,90 € Chez Benoit Guyot, 15 rue Émile-Zola, Lyon 2e Histoire VRAI / FAUX 8 Fourvière décembre d & En finir avec les idées reçues C’est à cause de la peste, du scorbut, des Prussiens, ou même du choléra… Chaque année, les versions divergent sur les origines du 8 décembre. Rétablissons quelques vérités, parmi des légendes circulant parfois depuis plusieurs siècles. C’est à cause de la peste l’inauguration du nouveau clocher a lieu le 8 décembre 1852. La ville s’illumine alors pour fêter la rénovation. Point de peste à l’origine du 8 décembre, ni même de promesse faite à Marie, mais plutôt les boulets de canons tirés sur la colline de Fourvière lors de la Révolution et des révoltes des canuts. En 1850, le toit de l’église de Fourvière est en piteux état, ébranlé par les vibrations des bombardements. L’Église décide de faire reconstruire le clocher, d’en profiter pour l’agrandir et surtout de placer à son sommet une grande statue de la Vierge, qui doit surplomber la ville. Le sculpteur Fabisch remporte le concours organisé pour cette dernière. Après moult péripéties, Le 8 décembre a été choisi par défaut Faux 104 I LYON CAPITALE I N° 739 I Décembre 2014 Vrai Quand les travaux de rénovation de Fourvière sont lancés, les autorités se posent la question de la date d’inauguration. On cherche logiquement un jour qui correspondrait à une fête dédiée à Marie. Le 15 août est envisagé, mais n’est pas possible car c’est à l’époque la Saint-Napoléon, équivalent de notre 14 Juillet. La date suivante dans le calendrier est celle du 8 septembre. Elle correspond à la commémoration du vœu des échevins. En 1643, les autorités de la ville, craignant une épidémie de peste, s’étaient rendues à Fourvière avec une bougie et un écu d’or, promettant de continuer cet hommage à la Vierge chaque année si la ville était épargnée. Ce fut le cas, notamment grâce aux progrès de la médecine. La cérémonie perdure jusqu’à la Révolution, qui marque un coup d’arrêt. Elle est relancée en 1848. La date du 8 septembre 1852 semble donc parfaite pour inaugurer la statue et le nouveau clocher. Mais des pluies torrentielles en décident autrement : des inondations ravagent la ville, ainsi que l’atelier où est fondue la statue. Celle-ci ne sera pas prête à la date prévue. L’Église se replie sur le 8 décembre, jour de
© Copyright 2024 ExpyDoc