Extrait de « Esclavages » , N° 8097 (PDF)

principales routes du commerce d’esclaves du VIIIe au XIe siècle
DP 8097 / esclavages. de babylone aux amériques
esclavages. de babylone aux amériques / DP 8097
Novgorod
Bolgar
siècles)
BRETONS
Bristol
Londres
FRISONS
Verdun
Rouen
Paris
Océan
Atlantique
xive siècle :
Du
au
flux et reflux
pr
Mer Caspienne
Mer
Noire
Danube
Rome
Tanger
vers l’Inde
Tunis
Eu
ph
Kairouan
documentation photographique
ra
te
Bagdad
Tig
r
Grandes régions importatrices d’esclaves européens
point commun d’importance concerne
le monde slave, toujours très largement
ponctionné par des circuits de traite en
partie internes, mais alimentant surtout
les régions méridionales. Pour le reste,
une grande partie de l’Europe du Nord
et de l’Ouest apparaît en marge du phénomène esclavagiste. Non pas parce qu’il
y aurait entièrement disparu mais parce
qu’il y est devenu largement secondaire.
Monde slave mis à part, les routes du
commerce d’esclaves apparaissent donc
désormais comme un fait essentiellement méditerranéen. Il y a, de ce point
de vue, une apparente continuité avec
la période précédente. Mais la situation
est de fait beaucoup plus complexe. En
Méditerranée, les routes de l’esclavage ne
sont en effet plus essentiellement nord/
sud. Les flux entre l’est et l’ouest sont
également très importants. Débordant
Ceuta, ils vont au xive siècle jusqu’aux
Canaries et à l’Atlantique. Signe de l’importance de ce nouvel axe, c’est ici que se
localisent les régions d’esclavage intensif
avec, déjà, une économie de plantation,
comme dans les royaumes chrétiens
d’Orient. C’est que, autre changement,
les puissances du sud de la Méditerranée
ne sont plus aussi dominatrices. Aux
royaumes d’Orient issus des croisades
s’ajoutent les trafics des Vénitiens, organisateurs d’une traite des hérétiques
bogomiles et des chrétiens orthodoxes
d’une grande ampleur. La Sicile, quant à
elle, oscille entre les influences souabes,
angevines et aragonaises. ///
e
Damas
Mer Méditerranée
Monde arabo-musulman au IXe siècle
Routes du commerce
Routes terrestres
Villes étapes
Grands centres
de consommation
Itinéraires
des marchands radhanites
ue
Fustat
(Le Caire)
Itil Points de castration
Routes maritimes
Arab Golf
o -P e
ersi
q
Alexandrie
Médine
Ni
l
SLAVES Provenance des esclaves
N
Mer
Rouge
Sources : Charles Verlinden, L’esclavage dans l’Europe médiévale, Bruges, Anvers, De Sikkel, 1955 et Maurice Lombard, Espaces et réseaux du Haut Moyen Âge, Paris, Mouton éditeur, 1972.
Réalisation : Documentation photographique © Dila, Paris, 2013.
0
600 km
vers La Mecque
principaLes routes du commerce d’esclaves du XIIe au XIVe siècle
Novgorod
Nijni Novgorod
Volg
a
Mer du Nord
Saint-Empire
pr
Royaume
de France
Océan Atlantique
TARTARES
Kiev
Dnie
Pest
Buda
SLAVES
Venise
Gênes
Marseille
Pise
Lisbonne
Séville
Valence
Barcelone
s
ver
les
es
ari
Ceuta
Palerme
Alger
Fès
Messine
Corfou
Tunis
Derbend
vers Samarcande
et la Chine
Trébizonde
ANATOLIE
vers l’Inde
Eu
ph
Rhodes
Chypre
Mer Méditerranée
Itil
CAUCASE
Constantinople
ASIE MINEURE
Syracuse
Mer
d’Aral
Mer Caspienne
Mer
Noire
Danube
BALKANS
Volg
a
Kaffa
Alep
Zones d’approvisionnement
en esclaves
Principales routes terrestres
Principales routes maritimes
Raguse
Naples
Carthagène
Cadix
n
Ca
Belgrade
Saray
La Tana
TARTARES
Vienne
Candie
ra
te
Bagdad
Tig
r
Tripoli
e
Damas
Tripoli
Grands centres de traite occidentale
G
Ara olfe
boPe
Jaffa
Benghazi
Marchés d’exportation d’esclaves
Les routes du commerce
d’esclaves en europe,
vIIIe-xIVe siècle
vers Samarcande
et la Chine
CAUCASIENS
Constantinople
(Byzance)
Thessalonique
Limites approximatives des régions d’esclavages (vers la fin du XIIe siècle)
Monde byzantin
Monde arabo-musulman
Autres
Source : Jacques Heers, L’Occident aux XIVe et XVe siècles. Aspects économiques et sociaux, Paris, PUF, 1963
et Marcel Dorigny, Bernard Gainot, Atlas des esclavages de l’Antiquité à nos jours, Paris, Autrement, 2013. Réalisation : Documentation photographique © Dila, Paris, 2013.
50 Derbend
Tiflis
Trébizonde
Amalfi
Lucena
Khwarezm
KHAZARS
HONGROIS
Venise
Narbonne
Fès
Mer
d’Aral
Itil
Do
n
Pavie
Monde byzantin au IX siècle
et de là jusqu’à Kiev), le réseau vénitien,
enfin celui établi entre l’Espagne arabomusulmane et le Maghreb.
Troisième idée, essentielle, la quasitotalité de ces réseaux aboutit finalement
vers les régions du sud. à l’exception de
Venise, qui joue déjà un rôle d’intermédiaire dans un circuit nord/sud, drainant
des Slaves et des Hongrois vers l’Égypte,
les vrais maîtres d’œuvre de ces trafics apparaissent être les puissances
méridionales, Empire byzantin et monde
arabo-musulman. Ces routes reflètent en
effet les équilibres politiques, militaires
et économiques du moment. Ce sont les
régions les plus riches et les plus puissantes, comme Byzance et le monde arabo-musulman, qui achètent des esclaves
venant du nord et de l’Europe, même
si des flux sud-nord apparaissent en
Afrique de l’ouest, signe de l’importance
des traites négrières transsahariennes.
Les mécanismes à l’origine de la “production” de tant d’esclaves en Europe
sont simples. Ils résultent des invasions,
notamment mongoles, venues de l’est,
mais également des marchands de Bristol et de Londres, ainsi que des Vikings,
grands architectes des circuits d’esclaves
enserrant l’Europe du Nord, de l’ouest
à l’est. La période de consolidation des
royaumes barbares établis sur les ruines
de l’Empire romain est synonyme de
guerres incessantes. à cela s’ajoutent
les conflits avec les mondes byzantin
et arabo-musulman. Au total, c’est
donc la guerre qui est la grande pourvoyeuse d’esclaves, au détriment des
populations d’Europe, et notamment du
monde slave, et au bénéfice des régions
méditerranéennes.
La comparaison avec la seconde
carte est édifiante. Le seul véritable
Volg
a
Dnie
Kiev
Prague
Olbia
e
On a longtemps pensé que, s’éteignant progressivement, l’esclavage aurait quasiment disparu d’Europe avec la
fin de l’Empire romain pour être ensuite
remplacé par le servage. L’analyse de la
première carte permet de montrer qu’il
n’en est rien. Quatre idées principales
peuvent en être dégagées, témoignant
toutes de l’importance du fait esclavagiste dans l’Europe des viiie-xie siècles.
La première, la plus évidente, est que
l’Europe est traversée par de multiples
routes constituant autant de circuits du
commerce d’esclaves. Aucune région n’y
échappe. Les marchands, parfois aussi
chefs de bandes, font commerce d’esclaves parmi d’autres “marchandises”.
Parmi eux, les commerçants juifs, ou
radhanites, tiennent une place importante, d’une part grâce à la dispersion
de leur communauté, d’autre part du
fait de principes religieux interdisant,
du moins en théorie, aux chrétiens et
aux musulmans de réduire en esclavage
leurs coreligionnaires.
Seconde caractéristique : des nœuds
s’organisent à partir de marchés et de
centres de répartition, comme Verdun,
principal marché aux esclaves du
royaume des Francs au ixe siècle, ou
Itil, capitale du pays des Khazars, près
de la ville moderne d’Astrakhan, à l’un
des débouchés entre mondes slave et
arabo-musulman. L’ensemble apparaît
donc fortement structuré. Six zones,
en partie interconnectées, peuvent être
distinguées : celle allant de Bristol à
Verdun et Paris avec une liaison vers
Arles, l’immense réseau organisé autour
des populations slaves et hongroises, la
région entre la Volga et la Caspienne, les
routes du nord (de l’Irlande et de Bristol à
Cordoue, de Londres au pays des Frisons,
SLAVES
Mayence
Ratisbonne
Cordoue
Séville
SAXONS
EMPIRE
CAROLINGIEN
Saragosse
Lisbonne
BULGARES
SLAVES
Cologne
Arles
viiie
Volg
a
Mer du Nord
Do
n
reconfigurations
(ve-xve
rsiq
Alexandrie
ue
Le Caire
Médine
Ni
l
Mer
Rouge
vers La Mecque
N
0
600 km
51
documentation photographique