Microfibrilles de cellulose : un nouveau marché pour la protection et la décoration du bois ? Les matières premières renouvelables constituent un challenge pour le développement des formulations de peintures et vernis. Dans un contexte de raréfaction de la ressource pétrolière, la cellulose microfibrillée (microfibrilles, nanofibrilles) représente une opportunité puisqu’elle est renouvelable, recyclable, et déjà utilisée dans d’autres industries pour améliorer certaines propriétés des polymères et des films. En partenariat avec Tecnalia, FCBA a réalisé une étude de faisabilité financée par le fonds commun de région Aquitaine/Euskadi. Il s’agissait d’une part de tester la possibilité d’incorporer de la cellulose microfibrillée dans des formulations pour bois et d’autre part d’étudier son influence sur les performances des revêtements ainsi formulés. Le travail a concerné à la fois des revêtements pour parquet et des finitions extérieures. Les résultats montrent que l’addition de microfibrilles de cellulose peut présenter un intérêt pour les revêtements pour bois, en particulier dans le domaine parquet. Dans ses emplois en construction (parquet, lambris, bardages, etc..) le bois doit être protégé contre les agressions mécaniques (résistance aux chocs, à la rayure par exemple) et physico-chimiques (action de la pluie et des UV, exposition aux taches, etc..). C’est pourquoi il est revêtu de finitions qui assurent sa protection et sa décoration. La raréfaction du pétrole conduit à une hausse constante du prix des matières premières synthétiques qui entrent dans la composition des finitions (peintures, vernis, lasures). De ce fait les matières premières renouvelables sont le challenge pour le futur des finitions pour bois. Dans ce contexte les microfibrilles de cellulose représentent une opportunité puisqu’elles sont renouvelables, recyclables, et déjà utilisées dans d’autres industries pour améliorer les propriétés des polymères et des films. L’objectif du projet était donc d’évaluer le potentiel des celluloses microfibrillées (MFC) dans les finitions utilisées pour la protection et la décoration du bois pour des applications parquet et bardages. De la fibre de cellulose aux microfibrilles Dans un contexte mondial où la demande en produits écologiques et biosourcés est particulièrement croissante, la cellulose trouve une place de choix : renouvelable et biodégradable, elle est la matière organique la plus abondante sur la Terre. De formule brute (C6H10O5), c’est un polysaccharide linéaire formé d’unités de glucose liées entre elle par des liaisons glycosidiques β-(1-4) comme le montre la figure 1. Figure 1: Structure chimique de la cellulose Microfibrilles de cellulose : un nouveau marché pour la protection et la décoration du bois ? Copyrigh FCBA INFO, novembre 2014 1 La présence de nombreux groupes hydroxyles le long de la chaîne favorise la formation d’un réseau de liaisons hydrogène intra et intermoléculaires. Cet arrangement ordonné des chaînes cellulosiques parallèles entre elles est la base d’un édifice cristallin que l’on appelle microfibrilles. Chaque microfibrille peut être considérée comme un fil de cristaux de cellulose liés par des zones désordonnées amorphes le long de l’axe de la microfibrille. Les cristaux de cellulose sont quant à eux appelés « whiskers ». La Figure 2 synthétise les étapes de fabrication. Les microfibrilles présentent des largeurs, des longueurs, des formes et des cristallinités qui peuvent varier suivant l’origine de la cellulose, mais dans tous les cas, elles sont toujours nettement plus longues que larges La cellulose microfibrillée La cellulose microfibrillée a récemment attiré l’attention des chercheurs pour des applications dans les composites, les couches et les films, du fait de sa forte surface spécifique, sa mouillabilité et ses propriétés mécaniques uniques (voir Tableau 1) qui en font un renfort d’intérêt pour les polymères. Matériau Module d’Young (GPa) Fibrille de cellulose 130 Fibre de verre 65 Aluminium 70 Acier 190 Tableau 1: Comparaison du module d’Young de quelques matériaux Dans cette étude, la production de cellulose microfibrillée a été réalisée par FCBA. Elle s’est faite en différentes étapes à partir d'une pâte kraft blanchie de feuillus (pâte commerciale d'eucalyptus). La pâte industrielle est d'abord fortement raffinée pour réduire de manière significative la longueur des fibres afin d’obtenir une suspension homogène et accroître l'accessibilité de la paroi cellulaire pour le traitement ultérieur de la cellulose. Les fibres sont également traitées par voie enzymatique afin de faciliter leur désintégration dans les chambres de l’homogénéiseur utilisé pour la production des celluloses microfibrillées. L’homogénéiseur (Microfluidizer M-110EH) peut être équipé de trois chambres: la première a un diamètre interne de 400 μm, celui de la seconde est de 200 μm et celui de la troisième est de 100 μm. L’homogénéisation consiste en plusieurs passages successifs dans le système afin d’augmenter le degré de fibrillation de la cellulose. Les qualités des suspensions augmentent (meilleure homogénéité, diminution de la taille des particules) en fonction du nombre de passages. Figure 2 : Production de microfibrilles (MFC) et de nanofibrilles de cellulose (NFC) Deux lots de cellulose microfibrillée (un lot de microfibrilles et un lot de nanofibrilles) ont été produits par FCBA et fournis à Tecnalia qui les a utilisés pour la formulation des revêtements à évaluer dans la suite de l’étude. La suspension de cellulose microfibrillée (MFC) présentait des fragments de fibres de petite taille (quelques microns). La suspension de cellulose nanofibrillée (NFC) présentait des éléments de taille plus homogène que la précédente, avec une majorité d’éléments (environ 80%) d’une largeur inférieure ou égale à 100 nm. La longueur des particules variait de 1 à 10 μm. Tecnalia a alors préparé deux formulations pour parquet (polyuréthane bi-composants en phase solvant et en phase aqueuse) et deux formulations en phase aqueuse pour extérieur (l’une acrylique, l’autre acrylique/alkyde) dans lesquelles a été ajoutée de la cellulose microfibrillée (MFC ou NFC). Dans le cas des formulations pour parquet, le travail a montré que la finition polyuréthane phase solvant était plus sensible à l’incorporation de cellulose microfibrillée que la finition polyuréthane phase aqueuse. Une addition de 5% de suspension de cellulose microfibrillée influence sa durée de vie en pot. Microfibrilles de cellulose : un nouveau marché pour la protection et la décoration du bois ? Copyrigh FCBA INFO, novembre 2014 2 C’est pourquoi la concentration maximale de 3% a été retenue pour le reste de l’étude. Cette concentration ne modifie pas fondamentalement l’esthétique de la surface appliquée, alors qu’une addition de 5% de suspension de cellulose microfibrillée apporte un aspect laiteux à la finition. L’ajout de cellulose n’apporte pas de modification significative de l’adhérence, de la résistance à l’abrasion, de la couleur. Une amélioration de la résistance au choc de la finition polyuréthane phase solvant a été montrée grâce à l’addition de 3% de la suspension de microfibrilles de cellulose. La résistance aux agents chimiques n’est pas fondamentalement modifiée mais une légère diminution de la résistance à l’encre a été constatée dans le cas de l’ajout de MFC pour la finition phase solvant. La résistance à la lumière n’est pas non plus impactée de manière notable par l’addition de fibrilles de cellulose. Dans le cas des deux formulations pour extérieur (acrylique, et acrylique/alkyde), l’addition de 3% de la suspension de fibrilles de cellulose n’influence pas l’adhérence, le brillant spéculaire, la couleur. Au terme du vieillissement réalisé, on ne constate pas d’amélioration notable du comportement des deux finitions testées. Par contre, sur le chêne, essence nécessitant des finitions souples, on constate que l’addition de microfibrilles conduit à une augmentation du craquelage, vraisemblablement du fait d’une diminution de l’extensibilité du revêtement. Le craquelage n’a pas été impacté sur les deux autres supports testés (pin radiata, chêne traité thermiquement) moins exigeants vis-à-vis de la finition. Cette étude de faisabilité montre que l’addition de cellulose microfibrillée peut présenter un intérêt pour les revêtements pour bois, en particulier dans le domaine parquet. D’autres origines de cellulose gagneraient à être investiguées pour optimiser les performances. Une fonctionnalisation de la cellulose microfibrillée peut également s’envisager pour conduire à d’autres améliorations. . Photos 1 : Observation au microscope électronique à transmission de suspension de MFC (haut) et NFC (bas) Contacts : Laurence PODGORSKI Tél. 05 56 43 63 66 [email protected] Sandra TAPIN-LINGUA Tél. 04 76 76 10 16 [email protected] FCBA – Pôle Industries Bois Construction Section Etudes&Recherche Allée de Boutaut, BP 227, 33028 Bordeaux Cedex Etude en partenariat avec Etude financée par Fonds Communes de la région Aquitaine / Euskadi Microfibrilles de cellulose : un nouveau marché pour la protection et la décoration du bois ? Copyrigh FCBA INFO, novembre 2014 3
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