MAP 311 - ALEATOIRE - X2013 Sylvie MELEARD - Emmanuel GOBET Introduction aux Probabilités Sylvie MELEARD - Emmanuel GOBET () MAP 311 - ALEATOIRE - X2013 Introduction aux Probabilités 1 / 35 Préambule Cours 9 blocs (cours + PC) Formation Scilab: 12, 13 et 14 mai. Contrôle (Hors classement): 01 juillet. Projet de simulation en binôme: Les inscriptions obligatoires et par binôme ouvriront le 09 mai sur le site https://de.polytechnique.fr/ et se clôtureront le 16 mai. Numerus clausus: 10 binômes par projet (faire une liste de choix). Date de remise des projets: 30 juin. Soutien Projets: tous les mercredis de 18h à 20h, du 4 au 25 juin en PC21. Responsable: Florent Benaych-Georges Sylvie MELEARD - Emmanuel GOBET () MAP 311 - ALEATOIRE - X2013 Introduction aux Probabilités 2 / 35 Note de module = 2/3 contrôle + 1/3 projet QCM d’entraînement: sur la page web du cours. Ouvert du vendredi à 12h00 au mercredi suivant à 19h00. Soutien Tutorat: tous les mardis du 29 avril au 24 juin: de 18h00 à 20h00 en PC 21. Responsable MAP 311: Hélène Leman. Responsable du turorat: Linda Guevel, e-mail: [email protected] Page web du cours: http://www.cmapx.polytechnique.fr/∼benaych/aleatoire_index.html MOOC: correspond essentiellement aux cours 1 à 6. https://class.coursera.org/probas-002 Page du département de Mathématiques Appliquées: http://www.mathematiquesappliquees.polytechnique.edu/ Sylvie MELEARD - Emmanuel GOBET () MAP 311 - ALEATOIRE - X2013 Introduction aux Probabilités 3 / 35 Leçon 1: Espace de Probabilité1 18 avril 2014 1 MAP 311, Chapitre I Sylvie MELEARD - Emmanuel GOBET () MAP 311 - ALEATOIRE - X2013 Introduction aux Probabilités 4 / 35 Expérience aléatoire Expérience aléatoire et Espace d’états2 Définition On appelle expérience aléatoire une expérience E qui, reproduite dans des conditions identiques, peut conduire à plusieurs résultats possibles, et dont on ne peut prévoir le résultat par avance. Définition L’espace de tous les résultats possibles de l’expérience est appelé espace d’états. Il est noté Ω. Un résultat possible de l’expérience est noté classiquement ω. Ainsi, ω ∈ Ω. 2 MAP 311, Chapitre 2, Section 2.1.1 Sylvie MELEARD - Emmanuel GOBET () MAP 311 - ALEATOIRE - X2013 Introduction aux Probabilités 5 / 35 Expérience aléatoire Exemples On lance une pièce: Ω = {P, F }, assimilé à Ω = {0, 1}. On lance un dé: Ω = {1, 2, 3, 4, 5, 6}. Génotype d’un individu: Ω = {AA, Aa, aa}. On étudie n individus: Ω = {AA, Aa, aa}n . Romeo attend Juliette qui lui a promis d’arriver entre minuit et une heure: Ω = [0, 1]. On étudie la durée de vie d’une bactérie: Ω = [0, +∞[. On étudie la durée d’une communication téléphonique: Ω = [0, +∞[. On envoie une fléchette psur une cible circulaire de 30 cm de diamètre: Ω = {(x, y ), x 2 + y 2 ≤ 15}. Cours d’un actif financier sur un intervalle de temps [t1 , t2 ]: Ω = C([t1 , t2 ], R+ ). Sylvie MELEARD - Emmanuel GOBET () MAP 311 - ALEATOIRE - X2013 Introduction aux Probabilités 6 / 35 Expérience aléatoire Quelle information pouvons-nous tirer de l’expérience? Exemple: Le jeu de fléchettes On s’intéresse à la chance de tomber dans une des couronnes ou un des secteurs de la cible. Les résultats du jeu peuvent se décrire à l’aide de parties du disque. Pas la température de la pièce... Sylvie MELEARD - Emmanuel GOBET () MAP 311 - ALEATOIRE - X2013 Introduction aux Probabilités 7 / 35 Expérience aléatoire Evénements aléatoires Définition On appelle événement aléatoire (associé à l’expérience E) un sous-ensemble de Ω dont on peut dire au vu de l’expérience s’il est réalisé ou non. Un événement aléatoire A est donc une partie de Ω. Exemples: Ω = {0, 1}. “La pièce tombe sur Pile”: A = {0}. Ω = {0, 1}n , ω = (ω1 , ..., ωn ). “Le nombre de Faces estP supérieur au nombre de Piles”: n n A = {ω ∈ Ω, i=1 ωi ≥ 2 }. “Juliette se fait attendre moins d’1/4 d’heure ”: A = [0, 1/4]. Ainsi, un événement aléatoire est représenté par l’ensemble des résultats pour lesquels il est réalisé. Sylvie MELEARD - Emmanuel GOBET () MAP 311 - ALEATOIRE - X2013 Introduction aux Probabilités 8 / 35 Expérience aléatoire Opérations ensemblistes et description des événements aléatoires On peut effectuer des opérations ensemblistes sur les événements, avec l’interprétation suivante. Si A et B sont deux événements, A n’est pas réalisé: Ac A et B sont réalisés: A ∩ B A ou B sont réalisés: A ∪ B A réalisé ⇒ B réalisé: A ⊂ B. A et B sont incompatibles: A ∩ B = ∅. toujours vrai: Ω est l’événement certain (tous les résultats de l’expérience prennent leurs valeurs dans Ω). Jamais vrai: ∅ est l’événement impossible. Sylvie MELEARD - Emmanuel GOBET () MAP 311 - ALEATOIRE - X2013 Introduction aux Probabilités 9 / 35 Expérience aléatoire Opérations ensemblistes et description des événements aléatoires On peut effectuer des opérations ensemblistes sur les événements, avec l’interprétation suivante. Si A et B sont deux événements, A n’est pas réalisé: Ac A et B sont réalisés: A ∩ B A ou B sont réalisés: A ∪ B A réalisé ⇒ B réalisé: A ⊂ B. A et B sont incompatibles: A ∩ B = ∅. toujours vrai: Ω est l’événement certain (tous les résultats de l’expérience prennent leurs valeurs dans Ω). Jamais vrai: ∅ est l’événement impossible. Sylvie MELEARD - Emmanuel GOBET () MAP 311 - ALEATOIRE - X2013 Introduction aux Probabilités 9 / 35 Expérience aléatoire Opérations ensemblistes et description des événements aléatoires On peut effectuer des opérations ensemblistes sur les événements, avec l’interprétation suivante. Si A et B sont deux événements, A n’est pas réalisé: Ac A et B sont réalisés: A ∩ B A ou B sont réalisés: A ∪ B A réalisé ⇒ B réalisé: A ⊂ B. A et B sont incompatibles: A ∩ B = ∅. toujours vrai: Ω est l’événement certain (tous les résultats de l’expérience prennent leurs valeurs dans Ω). Jamais vrai: ∅ est l’événement impossible. Sylvie MELEARD - Emmanuel GOBET () MAP 311 - ALEATOIRE - X2013 Introduction aux Probabilités 9 / 35 Expérience aléatoire Opérations ensemblistes et description des événements aléatoires On peut effectuer des opérations ensemblistes sur les événements, avec l’interprétation suivante. Si A et B sont deux événements, A n’est pas réalisé: Ac A et B sont réalisés: A ∩ B A ou B sont réalisés: A ∪ B A réalisé ⇒ B réalisé: A ⊂ B. A et B sont incompatibles: A ∩ B = ∅. toujours vrai: Ω est l’événement certain (tous les résultats de l’expérience prennent leurs valeurs dans Ω). Jamais vrai: ∅ est l’événement impossible. Sylvie MELEARD - Emmanuel GOBET () MAP 311 - ALEATOIRE - X2013 Introduction aux Probabilités 9 / 35 Expérience aléatoire Opérations ensemblistes et description des événements aléatoires On peut effectuer des opérations ensemblistes sur les événements, avec l’interprétation suivante. Si A et B sont deux événements, A n’est pas réalisé: Ac A et B sont réalisés: A ∩ B A ou B sont réalisés: A ∪ B A réalisé ⇒ B réalisé: A ⊂ B. A et B sont incompatibles: A ∩ B = ∅. toujours vrai: Ω est l’événement certain (tous les résultats de l’expérience prennent leurs valeurs dans Ω). Jamais vrai: ∅ est l’événement impossible. Sylvie MELEARD - Emmanuel GOBET () MAP 311 - ALEATOIRE - X2013 Introduction aux Probabilités 9 / 35 Expérience aléatoire Opérations ensemblistes et description des événements aléatoires On peut effectuer des opérations ensemblistes sur les événements, avec l’interprétation suivante. Si A et B sont deux événements, A n’est pas réalisé: Ac A et B sont réalisés: A ∩ B A ou B sont réalisés: A ∪ B A réalisé ⇒ B réalisé: A ⊂ B. A et B sont incompatibles: A ∩ B = ∅. toujours vrai: Ω est l’événement certain (tous les résultats de l’expérience prennent leurs valeurs dans Ω). Jamais vrai: ∅ est l’événement impossible. Sylvie MELEARD - Emmanuel GOBET () MAP 311 - ALEATOIRE - X2013 Introduction aux Probabilités 9 / 35 Expérience aléatoire Opérations ensemblistes et description des événements aléatoires On peut effectuer des opérations ensemblistes sur les événements, avec l’interprétation suivante. Si A et B sont deux événements, A n’est pas réalisé: Ac A et B sont réalisés: A ∩ B A ou B sont réalisés: A ∪ B A réalisé ⇒ B réalisé: A ⊂ B. A et B sont incompatibles: A ∩ B = ∅. toujours vrai: Ω est l’événement certain (tous les résultats de l’expérience prennent leurs valeurs dans Ω). Jamais vrai: ∅ est l’événement impossible. Sylvie MELEARD - Emmanuel GOBET () MAP 311 - ALEATOIRE - X2013 Introduction aux Probabilités 9 / 35 Expérience aléatoire On note A l’ensemble de tous les événements. Il modélise l’information que l’on peut obtenir à partir des résultats de l’expérience. On peut avoir (mais pas toujours, on verra pourquoi plus loin), A = P(Ω), ensemble de toutes les parties de Ω. Remarque Pour que la modélisation soit cohérente avec l’intuition, A doit être stable par les opérations ensemblistes: si A, B ∈ A, alors on doit avoir A ∩ B ∈ A, A ∪ B ∈ A, Ac ∈ A, mais aussi Ω ∈ A, ∅ ∈ A. Sylvie MELEARD - Emmanuel GOBET () MAP 311 - ALEATOIRE - X2013 Introduction aux Probabilités 10 / 35 Expérience aléatoire Jeu de Pile ou Face Comment savoir si la pièce est truquée? Sylvie MELEARD - Emmanuel GOBET () MAP 311 - ALEATOIRE - X2013 Introduction aux Probabilités 11 / 35 Approche intuitive d’une Probabilité Approche intuitive d’une Probabilité3 Considérons une expérience aléatoire donnée E et un événement A pour cette expérience. Le but: associer à chaque événement A un nombre P(A) compris entre 0 et 1, qui représente la chance a priori que cet événement soit réalisé. Supposons que l’on répète n fois l’expérience E. On note nA le nombre de fois où A est réalisé. fn (A) = nA n est la fréquence de réalisation de A sur ces n coups. On a les propriétés suivantes: fn (A) ∈ [0, 1] ; fn (Ω) = 1 ; Si A ∩ B = ∅, on a 3 fn (A ∪ B) = fn (A) + fn (B). MAP 311, Chapitre 2, Section 2.1.2 Sylvie MELEARD - Emmanuel GOBET () MAP 311 - ALEATOIRE - X2013 Introduction aux Probabilités 12 / 35 Approche intuitive d’une Probabilité Approche intuitive d’une Probabilité3 Considérons une expérience aléatoire donnée E et un événement A pour cette expérience. Le but: associer à chaque événement A un nombre P(A) compris entre 0 et 1, qui représente la chance a priori que cet événement soit réalisé. Supposons que l’on répète n fois l’expérience E. On note nA le nombre de fois où A est réalisé. fn (A) = nA n est la fréquence de réalisation de A sur ces n coups. On a les propriétés suivantes: fn (A) ∈ [0, 1] ; fn (Ω) = 1 ; Si A ∩ B = ∅, on a 3 fn (A ∪ B) = fn (A) + fn (B). MAP 311, Chapitre 2, Section 2.1.2 Sylvie MELEARD - Emmanuel GOBET () MAP 311 - ALEATOIRE - X2013 Introduction aux Probabilités 12 / 35 Approche intuitive d’une Probabilité Intuitivement, P(A) = limite de fn (A) quand n ↑ +∞. On en déduit immédiatement qu’une probabilité doit vérifier: • 0 ≤ P(A) ≤ 1, • P(Ω) = 1, • P(A ∪ B) = P(A) + P(B), si A ∩ B = ∅. Conditions suffisantes si Ω fini. Sylvie MELEARD - Emmanuel GOBET () MAP 311 - ALEATOIRE - X2013 Introduction aux Probabilités 13 / 35 Approche intuitive d’une Probabilité Conséquences • P(A) + P(Ac ) = 1, • P(∅) = 0, • • P(A) ≤ P(B), si A ⊂ B, n X n P(∪i=1 Ai ) = P(Ai ), pour des Ai deux-à-deux disjoints, • P(A ∪ B) + P(A ∩ B) = P(A) + P(B). i=1 A U U Sylvie MELEARD - Emmanuel GOBET () C B B A U A B C A B MAP 311 - ALEATOIRE - X2013 Introduction aux Probabilités 14 / 35 Approche intuitive d’une Probabilité Probabilité Uniforme sur Ω fini4 Chaque singleton de Ω a la même chance de réalisation. Définition On dit que la probabilité P sur l’espace fini Ω est uniforme si pω = P({ω}) = 1 . card(Ω) Si P est une probabilité uniforme, P(A) = card(A) . card(Ω) Le calcul des probabilités se ramène au calcul combinatoire. La difficulté: bien décrire et dénombrer Ω. Elle a engendré de nombreux paradoxes. 4 MAP 311, Chapitre 2, Section 2.2.2 Sylvie MELEARD - Emmanuel GOBET () MAP 311 - ALEATOIRE - X2013 Introduction aux Probabilités 15 / 35 Approche intuitive d’une Probabilité Au tribunal Comment choisir les jurés? Population de taille N: N1 individus pensent qu’un certain suspect est coupable. N − N1 individus pensent le contraire. Le tribunal choisit n ≤ N jurés. Quelle est la probabilité que n1 individus parmi les n jurés choisis pensent que l’individu est coupable? Sylvie MELEARD - Emmanuel GOBET () MAP 311 - ALEATOIRE - X2013 Introduction aux Probabilités 16 / 35 Approche intuitive d’une Probabilité Choix des n jurés? Choix simultané des jurés. Card(Ω) = ˆn = P 1 N1 n1 N n N−N1 n−n1 N n . . Cette probabilité est appelée loi hypergéométrique. Choix avec remise. Card(Ω) = N n . n n N1 1 (N − N1 )n−n1 . n1 Nn Pn1 = Cette probabilité est appelée loi binomiale. Sylvie MELEARD - Emmanuel GOBET () MAP 311 - ALEATOIRE - X2013 Introduction aux Probabilités 17 / 35 Approche intuitive d’une Probabilité EXERCICE Montrer que quand N et N1 tendent vers l’infini de manière que N1 → p, N alors ˆ n −→N→∞ P ˜n = P 1 1 n pn1 (1 − p)n−n1 . n1 Intuition: si la taille de la population est très grande, les tirages avec ou sans remise deviendront presque équivalents. On a une chance très infime de tomber deux fois sur la même personne. Sylvie MELEARD - Emmanuel GOBET () MAP 311 - ALEATOIRE - X2013 Introduction aux Probabilités 18 / 35 Définition générale des Probabilités Définition générale d’une Probabilité5 Pourquoi la définition précédente ne suffit-elle pas quand Ω n’est pas fini? Jeu de Pile ou Face infini et A = {on ne tire jamais Pile}. Que vaut P(A)? n tirages: Ω = {0, 1}n et An = “on ne tire jamais Pile lors des n premiers tirages”, alors P(An ) = 1 . 2n Il est alors naturel d’écrire que P(A) = P(∩n An ) = lim P(An ) = 0. n→∞ Pour que ceci soit vrai, il faut ajouter un axiome supplémentaire permettant le passage à la limite. 5 MAP 311, Chapitre 2, Section 2.3 Sylvie MELEARD - Emmanuel GOBET () MAP 311 - ALEATOIRE - X2013 Introduction aux Probabilités 19 / 35 Définition générale des Probabilités Définition générale d’une Probabilité5 Pourquoi la définition précédente ne suffit-elle pas quand Ω n’est pas fini? Jeu de Pile ou Face infini et A = {on ne tire jamais Pile}. Que vaut P(A)? n tirages: Ω = {0, 1}n et An = “on ne tire jamais Pile lors des n premiers tirages”, alors P(An ) = 1 . 2n Il est alors naturel d’écrire que P(A) = P(∩n An ) = lim P(An ) = 0. n→∞ Pour que ceci soit vrai, il faut ajouter un axiome supplémentaire permettant le passage à la limite. 5 MAP 311, Chapitre 2, Section 2.3 Sylvie MELEARD - Emmanuel GOBET () MAP 311 - ALEATOIRE - X2013 Introduction aux Probabilités 19 / 35 Définition générale des Probabilités Définition générale d’une Probabilité5 Pourquoi la définition précédente ne suffit-elle pas quand Ω n’est pas fini? Jeu de Pile ou Face infini et A = {on ne tire jamais Pile}. Que vaut P(A)? n tirages: Ω = {0, 1}n et An = “on ne tire jamais Pile lors des n premiers tirages”, alors P(An ) = 1 . 2n Il est alors naturel d’écrire que P(A) = P(∩n An ) = lim P(An ) = 0. n→∞ Pour que ceci soit vrai, il faut ajouter un axiome supplémentaire permettant le passage à la limite. 5 MAP 311, Chapitre 2, Section 2.3 Sylvie MELEARD - Emmanuel GOBET () MAP 311 - ALEATOIRE - X2013 Introduction aux Probabilités 19 / 35 Définition générale des Probabilités Définition générale d’une Probabilité5 Pourquoi la définition précédente ne suffit-elle pas quand Ω n’est pas fini? Jeu de Pile ou Face infini et A = {on ne tire jamais Pile}. Que vaut P(A)? n tirages: Ω = {0, 1}n et An = “on ne tire jamais Pile lors des n premiers tirages”, alors P(An ) = 1 . 2n Il est alors naturel d’écrire que P(A) = P(∩n An ) = lim P(An ) = 0. n→∞ Pour que ceci soit vrai, il faut ajouter un axiome supplémentaire permettant le passage à la limite. 5 MAP 311, Chapitre 2, Section 2.3 Sylvie MELEARD - Emmanuel GOBET () MAP 311 - ALEATOIRE - X2013 Introduction aux Probabilités 19 / 35 Définition générale des Probabilités Tribu6 Définition La classe A est une tribu si elle vérifie les propriétés suivantes: ∅ ∈ A et Ω ∈ A. A ∈ A ⇒ Ac ∈ A. Si (An )n∈N est une suite d’éléments de A, alors ∩n∈N An et ∪n∈N An sont dans A. Une tribu correspond à l’information disponible. Un événement A ∈ A est aussi appelé un ensemble mesurable. Exemples: A = {∅, Ω} est la tribu grossière. Si A ⊂ Ω, {∅, Ω, A, Ac } est une tribu. L’ensemble P(Ω) des parties de Ω est une tribu sur Ω. 6 MAP 311, Chapitre 2, Section 2.3.3 Sylvie MELEARD - Emmanuel GOBET () MAP 311 - ALEATOIRE - X2013 Introduction aux Probabilités 20 / 35 Définition générale des Probabilités Tribu Borélienne7 Si Ω est non dénombrable, (par exemple, Ω = [0, 1] ou Ω = R), P(Ω) est trop grosse pour que l’on puisse en “mesurer” tous les éléments. Définition La tribu borélienne de R est la plus petite tribu qui contient les intervalles de la forme ] − ∞, a] pour a ∈ Q. Pour des raisons mathématiques, on va toujours munir R de cette tribu. Cela nous permettra de caractériser les probabilités sur R. 7 MAP 311, Chapitre 2, Proposition 2.3.6 Sylvie MELEARD - Emmanuel GOBET () MAP 311 - ALEATOIRE - X2013 Introduction aux Probabilités 21 / 35 Définition générale des Probabilités Définition d’une probabilité8 Définition Une probabilité sur (Ω, A) est une application P de A dans [0, 1], telle que: (i) P(Ω) = 1. (ii) Pour toute suite (An )n d’éléments de A deux-à-deux disjoints, on a X P(An ). P(∪n An ) = n L’axiome (ii) s’appelle “axiome de σ-additivité”. Remarque Fondamentale: P est une mesure abstraite de masse 1 sur l’espace mesurable (Ω, A). 8 MAP 311, Chapitre 2, Section 2.3.4 Sylvie MELEARD - Emmanuel GOBET () MAP 311 - ALEATOIRE - X2013 Introduction aux Probabilités 22 / 35 Définition générale des Probabilités Définition On appelle le triplet (Ω, A, P) un espace de probabilité. Idée géniale de Kolmogorov (1933). Mettre au coeur du calcul des probabilités un objet nouveau: une mesure de probabilité sur la tribu A. La modélisation probabiliste consiste donc à décrire une expérience aléatoire par la donnée d’un espace de probabilité. Sylvie MELEARD - Emmanuel GOBET () MAP 311 - ALEATOIRE - X2013 Introduction aux Probabilités 23 / 35 Définition générale des Probabilités Proposition Si P est une probabilité sur (Ω, A), alors (i) P(Ac ) = 1 − P(A). (ii) P(A) ≤ P(B) pour A ⊂ B. (iii) Pour toute famille dénombrable, P(∪i Ai ) ≤ X P(Ai ). i (iv) Si (An ) est une suite croissante, i.e. An ⊂ An+1 , P(∪n An ) = lim P(An ). n→+∞ (Limite croissante) (iv) Si (An ) est une suite décroissante, i.e. An+1 ⊂ An , P(∩n An ) = lim P(An ). n→+∞ Sylvie MELEARD - Emmanuel GOBET () (Limite décroissante) MAP 311 - ALEATOIRE - X2013 Introduction aux Probabilités 24 / 35 Définition générale des Probabilités Exemple: espace Ω = {ω0 , ω1 , · · · , ωn , · · · } dénombrable9 . On prend toujours A = P(Ω). Une probabilité P est caractérisée par une suite (pn )n de réels tels que X 0 ≤ pn ≤ 1 , pn = 1. n On pose P({ωn }) = pn et pour tout A ⊂ Ω, X X P(A) = P({ωn }) = pn . ωn ∈A ωn ∈A n Exemple : θ > 0. Soit pn = e−θ θn! . La suite (pn )n est une probabilité sur N, appelée loi de Poisson de paramètre θ. P P n En effet, 0 ≤ pn ≤ 1, et n pn = e−θ n θn! = 1. (Siméon Denis Poisson, “Recherches sur la probabilité des jugements en matière criminelle et en matière civile” (1837)). 9 MAP 311, Chapitre 2, Section 2.3.5 Sylvie MELEARD - Emmanuel GOBET () MAP 311 - ALEATOIRE - X2013 Introduction aux Probabilités 25 / 35 Définition générale des Probabilités Exemple: espace Ω = {ω0 , ω1 , · · · , ωn , · · · } dénombrable9 . On prend toujours A = P(Ω). Une probabilité P est caractérisée par une suite (pn )n de réels tels que X 0 ≤ pn ≤ 1 , pn = 1. n On pose P({ωn }) = pn et pour tout A ⊂ Ω, X X P(A) = P({ωn }) = pn . ωn ∈A ωn ∈A n Exemple : θ > 0. Soit pn = e−θ θn! . La suite (pn )n est une probabilité sur N, appelée loi de Poisson de paramètre θ. P P n En effet, 0 ≤ pn ≤ 1, et n pn = e−θ n θn! = 1. (Siméon Denis Poisson, “Recherches sur la probabilité des jugements en matière criminelle et en matière civile” (1837)). 9 MAP 311, Chapitre 2, Section 2.3.5 Sylvie MELEARD - Emmanuel GOBET () MAP 311 - ALEATOIRE - X2013 Introduction aux Probabilités 25 / 35 Conditionnement et indépendance Conditionnement10 Une information supplémentaire concernant l’expérience modifie la vraisemblance que l’on accorde à l’événement étudié. On lance deux dés: probabilité d’obtenir 2 fois 6? Sans information supplémentaire: Ω = {(i, j), 1 ≤ i, j ≤ 6} et 1 P({(6, 6)}) = 36 . ˜ = {(6, 6), (6, i), (i, 6), 1 ≤ i ≤ 5} et Il y a au moins un 6. Ω 1 P1 ({(6, 6)}) = 11 . ¯ = {(6, i), 1 ≤ i ≤ 6} et Le résultat du premier dé est un 6. Ω 1 P2 ({(6, 6)}) = 6 . 10 MAP 311, Chapitre I, Section 2.4 Sylvie MELEARD - Emmanuel GOBET () MAP 311 - ALEATOIRE - X2013 Introduction aux Probabilités 26 / 35 Conditionnement et indépendance Probabilité conditionnelle11 Fréquence empirique de réalisation de l’événement A sachant que l’événement B est réalisé, sur n expériences: nA∩B fn (A ∩ B) = . nB fn (B) On fait tendre n vers l’infini. Définition Soient A et B deux événements, avec P(B) > 0. La probabilité conditionnelle de A sachant B est le nombre P(A|B) = P(A ∩ B) . P(B) Cela définit bien une probabilité et P(A ∩ B) = P(A|B)P(B). 11 MAP 311, Chapitre 2, Section 2.4.1 Sylvie MELEARD - Emmanuel GOBET () MAP 311 - ALEATOIRE - X2013 Introduction aux Probabilités 27 / 35 Conditionnement et indépendance Formule de Bayes Soit (Bi )i∈N une partition finie ou dénombrable de Ω: Bi ∩ Bj = ∅ pour i 6= j. ∪i Bi = Ω. Formule des probabilités totales: Pour tout A ∈ A, X X P(A ∩ Bi ) = P(A|Bi ) P(Bi ). P(A) = i i Preuve: A = ∪i∈I (A ∩ Bi ), les (A ∩ Bi ) sont deux-à-deux disjoints, et P(A ∩ Bi ) = P(A|Bi ) P(Bi ). Formule de Bayes: Si P(A) > 0, P(A|Bi ) P(Bi ) ∀i ∈ N, P(Bi |A) = P . j P(A|Bj ) P(Bj ) Preuve: P(Bi |A) = P(A∩Bi ) P(A) Sylvie MELEARD - Emmanuel GOBET () = P(A|Bi ) P(Bi ) . P(A) MAP 311 - ALEATOIRE - X2013 Introduction aux Probabilités 28 / 35 Conditionnement et indépendance Problème d’assurance Une compagnie d’assurance assure un nombre égal de conducteurs et de conductrices. Conductrice: probabilité a d’avoir un accident. Conducteur: probabilité b d’avoir un accident. Probabilité qu’une personne sélectionnée au hasard ait un accident? Probabilité qu’une personne ayant eu un accident soit un conducteur? Sylvie MELEARD - Emmanuel GOBET () MAP 311 - ALEATOIRE - X2013 Introduction aux Probabilités 29 / 35 Conditionnement et indépendance Indépendance12 Cas où le fait que A est réalisé n’influe pas sur la probabilité de réalisation de B et réciproquement. Définition Deux événements aléatoires A et B sont indépendants si et seulement si P(A ∩ B) = P(A)P(B). On a: P(A ∩ B) = P(A) P(B) ⇐⇒ P(A|B) = P(A) ⇐⇒ P(B|A) = P(B). Exemple: On tire une carte dans un jeu de 52 cartes. 4 A = { la carte est un as} et P(A) = 52 ; B = { la carte est un carreau } et P(B) = 13 52 . 1 P(A ∩ B) = P( la carte est l’as de carreau) = 52 . Ainsi, les événements A et B sont indépendants. 12 MAP 311, Chapitre 2, Section 2.4.2 Sylvie MELEARD - Emmanuel GOBET () MAP 311 - ALEATOIRE - X2013 Introduction aux Probabilités 30 / 35 Conditionnement et indépendance Indépendance12 Cas où le fait que A est réalisé n’influe pas sur la probabilité de réalisation de B et réciproquement. Définition Deux événements aléatoires A et B sont indépendants si et seulement si P(A ∩ B) = P(A)P(B). On a: P(A ∩ B) = P(A) P(B) ⇐⇒ P(A|B) = P(A) ⇐⇒ P(B|A) = P(B). Exemple: On tire une carte dans un jeu de 52 cartes. 4 A = { la carte est un as} et P(A) = 52 ; B = { la carte est un carreau } et P(B) = 13 52 . 1 P(A ∩ B) = P( la carte est l’as de carreau) = 52 . Ainsi, les événements A et B sont indépendants. 12 MAP 311, Chapitre 2, Section 2.4.2 Sylvie MELEARD - Emmanuel GOBET () MAP 311 - ALEATOIRE - X2013 Introduction aux Probabilités 30 / 35 Conditionnement et indépendance Remarques fondamentales A et B indépendants ⇐⇒ Ac et B c indépendants ⇐⇒ Ac et B indépendants ⇐⇒ A et B c indépendants. L’indépendance est liée au choix de la probabilité. Exemple: jeu de cartes truqué, Q(valet de pique) = 21 , Q(autre carte) = Alors Q(as ∩ carreau) = 1 102 1 2 × 1 51 6= Q(as) Q(carreau) = 1 102 . 2 13 51 102 . = Attention: l’indépendance de A et B n’a rien à voir avec l’incompatibilité (A ∩ B = ∅). Définition Des événements (An , n ∈ N) sont indépendants si et seulement si P(Ai1 ∩ . . . ∩ Aik ) = P(Ai1 ) · · · P(Aik ) pour toute sous-suite finie d’indices i1 , . . . , ik . Sylvie MELEARD - Emmanuel GOBET () MAP 311 - ALEATOIRE - X2013 Introduction aux Probabilités 31 / 35 Conditionnement et indépendance Expériences aléatoires indépendantes Les événements aléatoires associés à chaque expérience sont indépendants les uns des autres. Exemple: Lancers successifs d’une pièce où P(Face) = p ∈]0, 1[. Soit Fn : “Face au nième lancer”, Pn :“Pile au nième lancer”. Soit T le premier lancer où l’on obtient Pile: P(T = k ) = P(F1 ∩ F2 ∩ · · · ∩ Fk −1 ∩ Pk ) = P(Face)k −1 P(Pile) = pk −1 (1 − p). Remarque: P k ≥1 P(T = k ) = 1, donc P(T = +∞) = 0. La suite (pk −1 (1 − p), k ∈ N∗ ) définit une probabilité appelée loi géométrique. Sylvie MELEARD - Emmanuel GOBET () MAP 311 - ALEATOIRE - X2013 Introduction aux Probabilités 32 / 35 Conditionnement et indépendance Théorème de Borel-Cantelli (Section 2.4.3) Soit (An )n une suite d’événements aléatoires. On définit lim sup An = ∩p ∪n≥p An . n ω est dans une infinité de An ⇔ ∀p, ∃n ≥ p, tel que ω ∈ An ⇔ ω ∈ lim sup An . ⇔ ω∈ / lim sup An . n ω est dans au plus un nombre fini de An n Théorème P Si la série n P(An ) < +∞, alors P(lim supn An ) = 0. Si de plus la suite (An )n est indépendante, alors X P(An ) = +∞ =⇒ P(lim sup An ) = 1. n Sylvie MELEARD - Emmanuel GOBET () n MAP 311 - ALEATOIRE - X2013 Introduction aux Probabilités 33 / 35 Conditionnement et indépendance Exemple: Abracadabra Jeu de Pile ou Face infini, P(Pile) = p ∈]0, 1[. Fixons un mot A de longueur `, chaque lettre est P ou F . A1 =“le mot se réalise dans les ` premières parties”, A2 =“le mot se réalise dans les ` parties suivantes”, etc. Les événements A1 , A2 , ..., sont indépendants. P ∀n ≥ 1, P(An ) = P(A1 ) > 0, d’où n P(An ) = +∞. Théorème de Borel-Cantelli: avec une probabilité égale à 1, le mot A se réalise une infinité de fois au cours du jeu. Même raisonnement: si un singe tape au hasard sur une machine à écrire, alors, avec une probabilité 1, il écrira le mot ABRACADABRA une infinité de fois. Il tapera aussi une infinité de fois le livre “A LA RECHERCHE DU TEMPS PERDU”. Sylvie MELEARD - Emmanuel GOBET () MAP 311 - ALEATOIRE - X2013 Introduction aux Probabilités 34 / 35 Conditionnement et indépendance Preuve 1) P(lim sup An ) = lim ↓ P(∪n≥p An ) ≤ lim ↓ p n p X P(An ). n≥p P Comme la série n P(An ) est convergente, le reste de cette série tend vers 0 et donc P(lim supn An ) = 0. 2) Pour m entier, m c m c P(∪m i=p Ai ) = 1 − P(∩i=p Ai ) = 1 − Πi=p P(Ai ) grâce à l’indépendance − = 1 − Πm i=p (1 − P(Ai )) ≥ 1 − e Pm P(Ai ) i=p grâce à l’inégalité 1 − x ≤ e−x pour x ≥ 0. Ainsi, − P(∪∞ i=p Ai ) ≥ 1 − e P∞ i=p P(Ai ) =1 et l’on conclut que pour tout p, P(∪∞ i=p Ai ) = 1, ce qui implique finalement que P(lim supn An ) = 1. Sylvie MELEARD - Emmanuel GOBET () MAP 311 - ALEATOIRE - X2013 Introduction aux Probabilités 35 / 35
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