Architecture Musée romain, Lausanne-Vidy Contemporaine domus I nauguré en 1993, le bâtiment abritant le Musée romain de Lausanne a été construit sur l’emplacement d’une villa romaine de la seconde moitié du Ier siècle après J.-C. Discret en taille, tout rose par ses briques de façades, introverti, avec de minces ouvertures dans ses murs, il a cependant adopté un rythme dynamique d’expositions temporaires et d’animations. Face à son succès, il lui fallait un atelier dévolu à la préparation des expositions, des bureaux supplémentaires et, révélateur de l’intérêt qu’il suscite, une grande salle accueillant conférences et événements publics. Une salle d’enseignement, un dépôt, des locaux sanitaires ainsi qu’un espace de dégagement ont été ajoutés. Son jardin et les cheminements ont été réaménagés et participent à l’extension extérieure du parcours muséal. Se lover dans le jardin C’est le bureau Sermet Gross Architectes, à Lausanne, qui a endossé la responsabilité de greffer, contre le bâtiment existant, une extension à l’esthétique gracieuse. L’implantation était difficile en raison de la présence de vestiges romains, d’une part, mais aussi de l’exiguïté de la surface encore disponible. D’où une volumétrie bâtir janvier 2014 27 ▼ A un jet de pierre du Léman, le discret Musée romain, retraçant les contours de l’antique Lousonna, vient de s’agrandir. Une réalisation toute en légèreté et transparence. Logements durables, Lausanne L’extension, au niveau du sous-sol, exploite la surface jusqu’aux limites de la parcelle. nécessairement compacte, avec un niveau enterré, alors que le musée est simplement posé sur le sol. Les architectes, en particulier Joël Heiniger qui a assumé la direction des travaux, se souviennent d’une excavation délicate: «Le projet exploite la surface jusqu’aux limites de la parcelle. Nous sommes descendus à un mètre au-dessous du niveau du lac, même plus profond que les premières investigations archéologiques du site, à environ 3,50 m sous le niveau du terrain naturel.» La présence de l’eau a induit des travaux de terrassement compliqués. Le choix des ingénieurs s’est porté sur la mise en œuvre de colonnes en béton injectées à haute pression dans le sol (jetting). Durant ces travaux, un pompage a permis de mettre hors d’eau le fond de la fouille et de réaliser le radier et 28 bâtir janvier 2014 «Nous avons voulu que cette extension, bien qu’étant attachée au musée, soit autonome» Thierry sermet, architecte les murs étanches du sous-sol. N’étant pas excavé, le musée a partiellement été repris en sous-œuvre. Apparente simplicité Un concept presque industriel, valorisant les matériaux bruts, caractérise la réalisation. La structure porteuse, restée apparente, est entièrement réalisée en béton armé. Les deux niveaux hors sol sont revêtus d’une façade métallique ventilée. Il y a peu d’éléments porteurs pour laisser place à de grandes baies vitrées alternant avec des panneaux pleins ou troués, en tôle anodisée noir mat. La toiture plate, nécessitant une certaine légèreté constructive, se compose d’une dalle mixte (poutrelles métalliques et tôle nervurée remplie de béton), recouverte par de la végétalisation extensive. Architecture Les grandes baies vitrées prolongent le regard sur le jardin et les vestiges romains extérieurs. L’extension se fait discrète derrière le musée. Les aménagements extérieurs relient dorénavant le jardin à ses voisins. Le regard vers dehors Très ouverte sur l’extérieur, l’extension offre un miroir vitré au jardin et au ciel. Thierry Sermet apprécie ce dialogue: «Nous avons voulu que cette extension, bien qu’étant attachée au Musée, soit autonome. Elle offre un contraste évident avec l’ancien bâtiment mais sans le dominer. D’ailleurs, depuis la rue, elle reste peu perceptible. Les grandes baies vitrées offrent un regard sur le jardin qui entoure le site, ainsi qu’une nouvelle perspective sur les ruines.» En quelque sorte, l’exposition se poursuit à l’extérieur, un prolongement appréciable depuis l’étage en surplomb. Musée Chemin du Bois-de-Vaux ▼ Une neutralité étudiée A l’intérieur, la liaison entre les deux bâtiments se fait par un passage entre la partie muséale et le nouvel espace Extension bâtir janvier 2014 29 Outre l’ascenseur qui crée le lien entre le rez et l’étage, un escalier très minéral relie les trois niveaux de l’extension. A découvrir Dans le cadre verdoyant d’un jardin méditerranéen, le Musée abrite les vestiges d’une riche demeure antique et le mobilier découvert sur le site. Cette domus était la plus fastueuse de Lousonna. Son plan, avec des pièces agencées autour d’une cour intérieure (atrium), de même que ses peintures murales et ses chaufages par le sol, montrent que les riches propriétaires avaient adopté le mode de vie à la romaine. Le Musée englobe le puits de l’atrium et une pièce peinte de la maison. Un autre puits et des murs antiques apparaissent dans le jardin. Toute proche, la promenade archéologique permet de découvrir les ruines de l’antique centre-ville, le forum. Musée romain de Lausanne-Vidy Chemin du Bois-de-Vaux 24 1007 Lausanne www.lausanne.ch/mrv de dégagement, qui débouche ensuite sur la grande salle de conférences. Ici, l’univers est le plus neutre possible, choix que Nicolas Gross valorise: «D’une part, il s’agissait de favoriser la flexibilité d’usage des différents endroits; d’autre part, nous ne voulions pas qu’une coloration trop soutenue interfère avec le contexte paysager.» Seuls les locaux sanitaires fluorent intensément, couleur vert pomme Granny Smith commente Joël Heiniger. Reste, comme une évocation de la grandeur de la Rome antique, un beau rideau rouge, au tombé impeccable, qui peut envelopper l’entier de la salle de conférences et de l’atelier, «une toge d’empereur», dit en souriant Thierry Sermet. Achevés en novembre 2013, les nouveaux locaux seront inaugurés au printemps prochain. • Texte: Annie Admane Photographies: Thomas Jantscher 30 bâtir janvier 2014 Architecture Un porte-à-faux qui fait office d’auvent: «C’est très malin», selon Laurent Flutsch. Laurent Flutsch, directeur Le monde antique mieux exploré bâtir: Combien d’expositions temporaires mettez-vous sur pied chaque année? Laurent Flutsch: En moyenne, nous en proposons deux, avec des activités didactiques pour les enfants. Depuis 2002, nous n’avions que deux Portakabin dans le jardin pour les accueillir. Pour l’archéologue Laurent Flutsch qui dirige le Musée romain depuis 2000, l’extension répond essentiellement à la nécessité d’avoir un espace de médiation culturelle permettant aussi de développer des activités annexes propres à un musée moderne, en lien avec les expositions. Tout cela donne des ailes aux futures activités destinées aux quelque 12 000 visiteurs déjà adeptes de l’endroit. Avez-vous participé au projet d’extension? Oui, nous l’avons suivi de bout en bout. Un de mes collaborateurs et moi-même avons préparé le cahier des charges. Nous avons été également membres de la commission de construction. Le résultat vous satisfait-il? Enormément! Les architectes ont été ingénieux dans la solution qu’ils ont proposée en regard de la volumétrie, avec la création du sous-sol. J’ai beaucoup apprécié également la façon par laquelle ils ont accolé le nouveau bâti- ment à l’existant, et le porte-à-faux qui fait office d’auvent extérieur. C’est très malin et cela s’intègre bien au site. Une petite idée du programme 2014, histoire de nous mettre l’eau à la bouche? Nous allons relancer le programme d’ateliers jeune public et des animations tournant autour des activités des peuples de l’époque gallo-romaine avec un nouveau thème, les constructions. Nous pensons aussi mettre sur pied des ateliers pour les adultes. D’autre part, nous avons engagé une nouvelle programmatrice en novembre afin de développer une thématique «fêtes» qui s’adressera au grand public, comme une fête des Italiens, ou une référence aux Saturnales romaines. Nous avons également prévu un cycle de conférences, c’est une innovation pour nous. Propos recueillis par Annie Admane bâtir janvier 2014 31 LES entreprises villas Rénovation-extension Architecture les intervenants LE MAÎTRE D’OUVRAGE Ville de Lausanne, Service de la culture Représentants du maître d’ouvrage Service d’architecture Lausanne Service des gérances Lausanne LES MANDATAIRES Architecte, directeur des travaux Sermet Gross Architectes Sàrl, Lausanne Ingénieur civil Jean-Daniel Berset ingénieur conseil SA, Renens Ingénieur travaux spéciaux De Cerenville Géotechnique, Ecublens Ingénieur CVS AZ Ingénieurs Bulle SA, Bulle Ingénieur E Betelec SA, Villars-Sainte-Croix Archéologues Archeodunum, Gollion; Canton de Vaud - SIPAL Archéologue LES ENTREPRISES Génie civil et travaux spéciaux Implenia Construction SA, Echandens Maçonnerie-béton Dénériaz SA, Lausanne Ascenseur Otis SA, Le Mont-sur-Lausanne Etanchéité Georges Dentan SA, Renens Electricité EasyElec SA, Lausanne Ventilation, chauffage Alvazzi Chauffage Lausanne SA, Lausanne Sanitaire Joseph Diémand SA, Lausanne Portes et fenêtres André SA, Yens Façades R. Morand & Fils SA, La Tour-de-Trême Serrurerie Profilmétal SA, Lausanne Obturations coupe-feu Fire System SA, Savigny Menuiserie Menuiserie André Papaux, Les Ecasseys Plâtrerie-peinture A. Buache et Fils Sàrl, Corcelles-près-Payerne Chapes, résines Weiss + Appetito SA, Ecublens Rideau coupe-feu Rieder Systems SA, Puidoux Aménagements extérieurs Nature – Jardin, Lausanne Nettoyages CNM Sàrl, Lausanne Installations sécurité Siemens Suisse SA, Renens Cylindres Clés-Services Martin SA, Lausanne Extincteurs Primus SA, Saint-Aubin (FR) Mobilier Lista Office Vaud SA, Lausanne; Batiplus SA, Lutry; Technicongrès Engineering SA, Brent; Radio Sonora Pellegrino SA, Le Mont-sur-Lausanne; Kaiser +Kraft SA, Saint-Sulpice Rideaux Comme à la maison Sàrl, Lausanne Luminaires Regent Appareils d’éclairage SA, Le Mont-sur-Lausanne; Slight Energy Systems Sàrl, Vevey Signalétique Seco Publicité Sàrl, Lonay bâtir septembre 2013 33
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