Mue - Compagnie Lunatic

Mue
Mue
comme certaines espèces changent de peau en grandissant
le corps sensible, imaginaire et architectural
projet circassien et scénographique
Cécile Mont-Reynaud / Cie Lunatic
Mue
comme être mis(e) en mouvement
Mue
comme être ému(e)
Un projet circulaire en diptyque :
#1 Fileuse, solo aérien sur un poème musical de
Laurence Vielle (2014-2015)
#2 Nébuleuse, choeur de sept aériens et une clown,
choeur de corps pour espaces architecturaux monumentaux
(2015-2016)
Fileuse, seule, comme le centre, la colonne vertébrale, le
noyau, la matrice, un journal intime. Matière organique.
Nébuleuse, comme la chair, les membres, les satellites,
les réseaux, la tribu. Matière scientifique.
La matière principale, le corps, les corps, dedans, dehors,
ce qu’on sent et ce qu’on imagine de l’intérieur, comment on
l’habite au jour le jour, comment on entre au monde avec.
Quelle est notre architecture, comment on est construit et
comment ces principes se prolongent dans notre
environnement, dans l’Architecture. Et particulièrement pour
un artiste de cirque, qu’est-ce que c’est, au jour le jour et
au fil des ans, de” travailler” son corps quotidiennement, de
considérer son corps comme un outil, de lui demander des
choses extraordinaires?
Le support principal, multiplicité de cordes dites fileuses,
fines comme des ficelles : innombrables fils verticaux qui
créent des plans plus ou moins denses, volumes et espaces
à parcourir. Mue, un volume créé par les rideaux de fils
Mue d’une cigale
Introduction : le cadre de la recherche
Les disciplines aériennes du cirque revisitées
Le projet “Mue” trouve sa genèse et sa quintessence
dans un travail de recherche acrobatique, corporel et
artistique entamé il y a plus de 10 ans.
Khâgneuse puis architecte de formation, trapéziste, voltigeuse et
cordéliste, je créais en 2003 mon propre agrès aérien, une corde
à brins multiples et fins appelée la corde "fileuse" puis le rideau de
fileuses. Un dispositif original nourri de l’imaginaire des Parques qui
filent, mesurent et coupent le fil de la vie. En évoluant dans cet
agrès-espace qu’est le rideau de fileuses, j’en cherche la
logique de mouvement et la puissance poétique. A partir de ces
fils en foule, je crée des scénographies différentes à chaque
spectacle, auprès de musiciens et/ou de circassiens : le labyrinthe
de "Ariane(s)" en 2005, le chemin de croix de "Ariane(s) chemins
croisés" en 2007, le couloir-antichambre de "Ce qui nous lie" en
2009, la mise en abîme de "Müller Machines" aux côtés de Wilfried
Wendling et Denis Lavant en 2012...
Autant la première corde fileuse créée en 2002, en un point
d’accroche, était proche techniquement d’agrès plus classiques
comme la corde lisse ou le tissu, autant le rideau de fileuses,
espèce de mur souple multi-pendulaire, occasionne une logique
de mouvement bien à lui, avec un rapport à l’espace et à
l’équilibre bien particulier. Avec le temps, je me suis approprié cet
agrès organiquement, un peu comme du domptage, avec son
histoire et ses obsessions. La fibre aérienne y est fondamentale,
mais la notion de prouesse y est traitée de manière minimaliste ou
détournée. La notion de risque également.
Cécile Mont-Reynaud dans “Ariane(s) Chemins croisés”, cie Lunatic
Le mouvement dans les cordes fileuses appelle une certaine qualité
d’écoute, car la multiplicité des fils oblige à une disponibilité
sensorielle aigüe de tout le corps, toute la peau, si l’on ne veut pas
s’emmêler. L’état de présence y est primordial, l’émotion à fleur de
peau. On est dans un rapport simple, minimaliste, du corps acrobatique à l’espace et au temps : il s’agira d’habiter cet environnement,
d’assumer des gestes qui servent simplement à évoluer dans cet
espace contraignant : gestes de travail, faire et défaire des nœuds,
s’y hisser, avancer. Cycles de mouvements répétés, cycles de vie,
le temps passe et se répète. Quelque chose d’à la fois animal,
comme on regarderait des gibbons évoluer dans une cage, et de
profondément humain à la fois, des hommes et des femmes qui se
révèlent dans leur intimité, leur porosité.
Cécile Mont-Reynaud
Laboratoires de recherche
Les premiers labos du printemps 2013 :
Cécile Mont-Reynaud travaille depuis 10 ans dans ce dispositif original que sont les
rideaux de cordes fileuses. Afin d’échanger, analyser, creuser, quatre laboratoires de
recherche de 2 à 6 jours ont été menés au printemps 2013 dans le studio de la
Compagnie Lunatic à Romainville (93) et au domaine de Port-Royal (78), avec des
acrobates aériens pour la plupart issus de l’Académie Fratellini et du CNAC : Gaëlle
Estève, Jeanne Ragu et Pauline Barboux, Volodia Lesluin, Claire Nouteau, Julien
Cramillet, Clémentine Lamouret, Julien Scholl, Jennifer François et aussi la danseuse
et plasticienne Kimiko Otaka...
Ces laboratoires ont donné l’occasion à une quinzaine d’aériens d’explorer ce nouvel
agrès, et ont permis de mettre en lumière des qualités propres au travail dans les
“fileuses” : la disponibilité émotionnelle que cela requière, le risque de
s’emmêler plus encore que de tomber, avec tout ce que cela bouleverse pour un
acrobate aérien qui est formé au contrôle, contrôle de son corps et son équilibre,
contrôle de sa peur... La nécessité, enfin d’une intégration totale pour les artistes des
fondamentaux de l’aérien.
Cela a permis d’effectuer une sorte de bilan qui vient nourrir le solo “Fileuse”, tout en
soulevant des questions de fond liées à la transmission, la chorégraphie, la mise en
scène et l’interprétation, car Cécile Mont-Reynaud sortira du plateau pour “Nébuleuse”
pour assurer la mise en piste. Quels chemins, quelles contraintes, quelles imaginaires
proposer pour faire surgir chez l’interprète les qualités de mouvement et d’émotion
intuitivement construites au cours de 10 années de pratique des cordes fileuses ?
Quelle est la part spécifique, fondamentale et profonde de l’acrobatie aérienne dans
cette recherche ?
Ce chantier, enfin, révèle des pistes d’écriture avec notamment des principes de
cartes iconographiques ou textuelles qui guident une matière vouée à s’adapter à
différents espaces. Une recherche à approfondir en 2014, à partir de laquelle le
groupe de “Nébuleuse” pourra prendre forme.
Calendrier
C‘est donc une recherche de longue haleine qui se met en perspective pour 2014-2016 et qui donne lieu à deux formes spectaculaires en circulaire :
#1 “Fileuse” sera crée en mai 2014 (forme courte pour l’espace urbain ou naturel, de jour), et sera retravaillé sur la saison 2014-2015 (forme étoffée
avec une création lumière, de nuit) en même temps que l’on poursuira la recherche avec le groupe d’aériens.
#2 “Nébuleuse” verra le jour en 2016, et l’idée serait, à terme, de pouvoir présenter le diptyque dans son ensemble.
Une nourriture pour la recherche
Dedans-dehors : connaissance, ressentis et imaginaires du corps
Archéologie. Comment nos sensations reconstituent le dessin imaginaire d’un corps global ou morcellé
Education somatique par le mouvement
Une certaine approche du corps sous-tend et nourrit la
recherche de “Mue” : le BMC (Body Mind Centering),
approche expérimentale de l’anatomie et de la physiologie
qu’on pourrait traduire par “centrage sur l’intelligence du
corps”. Par l’exploration en mouvement et avec le toucher, en
regard de planches anatomiques et d’études physiologiques,
le BMC s’intéresse à la mémoire cellulaire et aux
différents systèmes du corps en lien avec les étapes de
son développement : pas seulement les systèmes
squelettiques et musculaires, mais aussi les systèmes
ligamentaire, nerveux, des organes, endocrinien, les
liquides, les sens et les perceptions...
Cette recherche est une belle nourriture pour la création, et
une formidable boîte à outil pour la transmission.
Dissection du système nerveux
un corps habité, un corps vivant : se réapproprier une anatomie qui a été construite sur des corps morts
Processus d’écriture : une nourriture de mots
Les mots de “Fileuse” : une matière organique
rencontres & entretiens
Laisser résonner, infuser, chercher là où cela rejoint l’universel
et donner cette matière à Laurence Vielle pour qu’elle s’en inspire
pour écrire, et dire, une parole humaine. Il ne s’agit pas d’ajouter
un vernis théâtral aux mouvements du corps, mais bien de rester
dans quelque chose d’organique, comme teinté dans la masse.
Cécile Mont-Reynaud partage avec la comédienne et poète
Laurence Vielle le goût d’écrire à partir de paroles glanées chez
les gens, sur des sujets poétiques et humains qui les taraudent.
Ce processus d’écriture à partir d’entretiens est présent dans
les dernières créations de la compagnie Lunatic, en même temps
que le texte y a fait son entrée, comme une poésie musicale à
danser, à acrobater, à "senser".
Les mots de “Nébuleuse” : un discours scientifique et
philosophique porté par une clown
Les mots de Nébuleuse seront moins intimement féminins et
personnels que ceux de “Fileuse”, plus en lien avec de grandes
questions universelles, scientifiques et philosophiques. Ils seront
portés sur scène par la clown et ancienne trapéziste Adèll Nodé
Langlois, comme une expression humaine et dérisoire face à la
“grandeur” monumentale des aériens. Adèll aime se réapproprier
l’éloquence sérieuse de la tragédie notamment, et incarne à elle
seule une évolution traditionnelle du cirque, qui fait du clown l’étape
ultime et mature de l’acrobate. Les entretiens les plus récents
menés par Cécile Mont-Reynaud se concentrent sur des artistes
de cirque, certains jeunes et d’autres très vieux (92 ans), qui révèlent
un étonnant champ lexical lié au domptage, ainsi que toute la question
d’une pratique ritualisée au quotidien, le vieillisement, la transmission...
Cécile Mont-Reynaud rencontre, écoute, par le biais d’entretiens,
des personnes parler de la relation intime qu’ils entretiennent avec
leur corps, au travers de leur pratique ou non : comment ils le voient,
le ressentent et vivent avec au quotidien et au fil du temps.
Des personnes au corps “savant”. Des personnes au corps
“vernaculaire”. Des personnes issues du milieu de la santé. Car que
l’on soit acrobate, secrétaire ou médecin, on a / on est tous un corps.
La tête farcie, l’estomac noué.
L’estomac retourné, le cœur qui bat la chamade
Le coeur sur la main
L’estomac dans les talons.
La tête dans le cul.
La rate qui se dilate / la rate au court bouillon
Des fourmis dans les jambes, dans les doigts
Plein le dos, trop sur les épaules
Les yeux plus gros que le ventre
La peau sur les os
Etre bien dans sa peau
à fleur de peau
Le corps outil, le corps social, le corps fantasmé...
Le corps circassien, animal dressé :
Dompter son corps,
dresser son partenaire
dominer sa peur, apprivoiser le mouvement
Hulk
Evolution : Oh, how far we've come!
Mue #1
Fileuse
conception et interprétation Cécile Mont-Reynaud
textes écrits et dits en voix off par Laurence Vielle
dispositif électronique / composition Wilfried Wendling
scénographie Gilles Fer
collaboration artistique / regards Volodia Lesluin et Yumi Fujitani
costume Mélanie Clénet
Dialogue musical de corps et de mots
Fileuse, comme un journal intime donné à lire à la verticale.
Comme un corps qui mue et nous livre l’intimité d’une femme,
révélant les imaginaires nichés dans son corps d’acrobate
aérienne, de mère, d’élève-architecte, d’artisane-tisseuse.
Qu’est ce que c’est, au jour le jour, de demander des choses
“extraordinaires” à son corps? Qu’est ce que c’est qu’être en
l’air, habiter en l’air, physiquement, moralement, poétiquement, philosophiquement? Qu’est-ce que c’est de ne tenir
qu’à un fil?
Comme une page de vie qui s’écrit, se tourne et recommence,
accrochée à des murs de fils verticaux comme des peaux ou
des feuilles de papier. Comme un cahier qu’on épluche et
qui raconte les cycles de vie, le temps qui passe, et la
relation intime qu’elle - et chacun - entretient avec son corps.
Par le biais de dispositifs électro-acoustiques créés par le
compositeur et metteur en scène Wilfried Wendling, le corps
se fait musical. Le son paraît en émaner, tout en alimentant
le doute sur ce qu’on entend : son réel ou imaginaire? du
dedans ou du dehors? du présent ou du passé? Le son
prend l’espace, nous enveloppe, habite le mouvement qui
entre ainsi en dialogue avec les mots vibrants de Laurence
Vielle (auteure, comédienne et poète), mettant en résonance
les espaces et les imaginaires du corps, du dedans et du
dehors.
Diana Eastm
Frida Khalo, la colonne brisée
Le goût des mots, un avant-goût des mots à dire
En attendant le texte original de Laurence Vielle qui sera écrit
courant 2014 et pour donner le goût de ses mots, plusieurs de
ses textes existants résonnent bien avec “Fileuse”.
Bien que ce soient plutôt des textes à entendre qu’à lire, voici
des extraits de “Passager” et “OUF”.
Pas pas pas pas
Passager passagère
passons de l'autre côté
passons de l'autre côté
l'autre côté de nous-même
l'autre côté de nous-même
passons de l'autre côté
passons tout simplement passons
passons le temps
passons traversons
passants passantes
passagers passagères
passons et traversons
passons cette seconde et passons la suivante
passons de vie à mort passons de mort à vie
passons dépassons
dépassons-nous
dépassons-nous
dépassagers dépassagères
dépassants dépassantes
dépassons trépassons repassons
passons de l'autre côté
il est temps de passer outre
passer au-delà
passer (...)
OUF dit la femme qui mange la soupe aux lentilles
et sonnent les heures au clocher de l'église
OUF dit la femme qui est essoufflée de courir / ranger / allaiter/
jouer / administrer / promener / sourire / aimer / cuisiner / courser
OUF OUF OUF dit la femme au petit répit de soupe aux lentilles
OUF dit la femme au cirque de Mourèze
OUF dit la femme qui gravit la montagne
OUF dit la femme qui prend le T/G/V
OUF dit la femme qui arrive au-dessus des escaliers
OUF OUF dit la femme aux sacs de course
c'est qui la femme qui dit OUF OUF OUF ?
C'est TOI !
OUF je sOUFFle dit la femme en bord de mer
pendant 180 secondes elle offre son visage au soleil
temps suspendu
et dans le ciel pas d'avion plus d'avion dans le ciel
le volcan sOUFfle
OUF OUF dit la femme
en Icelande le volcan sOUFfle
OUF dit la femme qui allaite OUF
je reprends mon sOUFfle
quand mon enfant tète
OUF
tout s'arrête
dans la vie
qui file
OUF
tète mon enfant tète
je caresse ta tête (…)
OUF
OUF dit la femme
je suis une virgule
juste une virgule
je cours virgule je cours dans le temps immobile OUF
OUF dis !
OUF dis !
OUF OUF dis !
OUF OUF OUF OUF OUF dis !
Je sOUFfle !
OUF dit la femme (…)
OUF OUF dis !
OUF dit la femme qui dit OUF dit la femme qui dit OUF dit la
femme qui dit OUF dit la femme qui dit OUF dit la femme qui dit
OUF dit la femme qui dit OUF dit la femme qui dit (là tu dérapes
tu dérapes là)
OUF dit la femme qui dérape (…)
Laurence Vielle
Mue #2
Nébuleuse
conception et mise en piste Cécile Mont-Reynaud
dispositif électronique / composition Wilfried Wendling
scénographie Gilles Fer
avec Adèll Nodé Langlois et 7 acrobates aériens (distribution en
cours : Gaëlle Estève, Volodia Lesluin, Julien Cramillet, Jeanne
Ragu et Pauline Barboux...)
textes Cécile Mont-Reynaud et Adèll Nodé Langlois
Des structures molléculaires à l’Architecture
Les fonctionnements et imaginaires du corps nourrissent “Nébuleuse”
comme “Fileuse” , mais là où le 1er volet en solo exprime plutôt un
ressenti et un parcours de vie, “Nébuleuse” s’intéresse, dans
d’autres rapports d’échelle, à la question des structures du corps,
de son architecture. Il s’agira d’habiter des espaces monumentaux
avec un groupe de 7 acrobates aériens, un chœur de corps, une
sorte de tribu. Du micro au macro, de la cellule biologique à la
piste de cirque, on creusera des principes de construction comme
la tenségrité appliqués au corps comme à des structures dans
l’espace.
Structures de tenségrité
La “tenségrité” est un mot inventé par l’architecte américain
Buckminster Fuller, fusion de “tensile” et “intégrité” qui décrit un
principe basé sur le jeu et l’interdépendance de la tension et de
la compression. Toute modification d’une partie modifie l’ensemble
d’une structure de tenségrité, c’est à dire qu’elle s’autorégule, d’où
la reprise du terme en osthéopathie pour décrire la capacité des os,
muscles et ligaments de s’auto-équilibrer. Ce principe décrit la
physiologie tissulaire du corps tout comme l’architecture tensile.
Il permet en effet de créer des structures étonnantes, très légères
(”comment ça tient”?!), et occupant un grand volume avec peu de
matière.
De ce principe découle le jeu de mouvement de “Nébuleuse” pour
construire ensemble une structure monumentale dans l’espace, un
corps commun acrobatique et architectural, ou encore des jeux
de musicalités en répercussion. Un choeur d’aériens, un coeur qui bat
ensemble, un espace commun dans lequel la porosité sensorielle
et émotionnelle des interprètes permet que chaque mouvement se
répercute à l’ensemble.
Noyau et peau : la cellule
Du micro au macro, des structures similaires
Principes scénographiques :
cellule, transformation, mue, cycles, mise à nu, structure, micro-macro
L’espace aérien à parcourir est un volume plutôt qu’un plan, un cylindre avec
une densité plus importante au centre, comme un noyau. Des fils plus ou moins
épais, des rideaux de fils plus ou moins fournis : jeux de densités entre les
cercles concentriques, profondeurs qui se devinent, se déchiffrent, se jaugent,
et nous perdent un peu.
Ce volume évoque à la fois la cage et le cocon, la matrice, quelque chose qui
protège une forme d’animalité, et permet la transformation.
jeu de densités : volume vu du dessus
Nourrie par ces deux images de la mue et du cahier dont on tourne ou arrache
les pages, la scénographie se joue de machineries à nu et d’épluchage. Par un
système de largage, le volume occupé par les fileuses se réduit au fil de “Fileuse”,
à mesure que ses enveloppes tombent, jusqu’à la dernière. Là, le corps aérien
reste suspendu comme dans le vide, débarrassé de toutes ses peaux.
Au centre c’est dense,
comme le noyau d’une
cellule. Bouts de corps
qui ressortent de l’amas.
Corps morcellé
Le dispositif est complètement circulaire, le public et enfin l’environnement
sonore (multi-diffusion autour des spectateurs) constituent les dernières enveloppes.
Cycles de vie, le temps passe et se répète, les Fileuses filent, mesurent et
enfin, coupent le fil de la vie. Les différentes couches de rideaux de fils comme
autant d’étapes de la vie, enfance, âge adulte, vieillesse. Au sol, traces de
fileuses tombées telles les grains écoulés de sabliers.
Mise à nu, déconstruction, tabula rasa pour “Fileuse”,
reconstruction à partir de rien, renaissance, structuration, mise en réseau
pour “Nébuleuse”. Reconstruction de l’espace et d’un corps commun, un
corps/choeur de corps.
Espaces du corps, corps d’espace.
Cacher/Révéler
Densités
Peaux qui cachent
et dénudent
à la fois
Co n c r è t e m e n t :
Septembre 2013 : 1ères recherches scénographiques à l’Académie Fratellini :
les fileuses sont montées sur des cerces : cela crée un volume à 3 peaux
Structure de “Fileuse”
Structure autoportée en circulaire, vues à différentes phases de la “mue” (ø 4m, H 6 m)
Quelques images dans les fileuses
Equipe
Conception et mise en piste
Cécile Mont-Reynaud commence le trapèze et les aériens en 1995
avec Pierre Bergam puis Michel Nowak, Zoé Maistre et Gérard
Fasoli, terminant en même temps des études d'architecture intérieure
et de design à l’Ecole Camondo, dont elle est diplômée en 1997. En
1998, elle mêle ces expériences de l’espace et du corps au sein du
Laboratoire d'Etude du Mouvement, à l'école de théâtre Jacques Lecoq.
Elle continue à puiser dans différents domaines complémentaires
(danse contemporaine, clown, chant, théâtre gestuel, BMC, étude de
l’anatomie), cherchant à développer dans l'aérien des qualités de
présence, de mouvement, d'émotion et d’échange.
Elle fonde en 1999 avec Sébastien Bruas la Compagnie Lunatic,
dont elle assume la direction artistique depuis 2003. Elle y crée des
spectacles sensibles et poétiques qui mêlent l’acrobatie aérienne, la
musique vivante et la scénographie. Ses créations tournent majoritairement en extérieur, favorisant, dans la chaleur du cercle, un
rapport privilégié avec le public.
Depuis 2002 elle développe autour des « cordes fileuses » un travail
d’agrès originaux avec des cordes multiples et fines, voire des fils.
Fort de sa formation architecturale, elle aime accrocher ses fileuses
dans des configurations et espaces différents, adaptant la scénographie
et le rapport au public en fonction du lieu.
Elle est interprète pendant 4 ans au Teatro del Silencio de Mauricio
Celedon, univers mêlant un théâtre très physique, la danse et
l’acrobatie aérienne. Un travail de l'émotion et du geste, qui la plonge
dans une dimension théâtrale du cirque. Elle travaille également
auprès de Gilles Zaepffel, Dominique Lemaître (Cie des Chercheurs
d’air), et en 2012-2013 elle participe aux côtés de Denis Lavant et
Kasper Toeplitz à la création de “Müller Machines”, spectacle de
Wilfried Wendling d’après trois textes de Heiner Müller.
Créations récentes de la compagnie Lunatic :
"Ariane(s)" et "Ariane(s) Chemins croisés" (recréation pour
l’extérieur), duo de cordes pour une harpiste et une aérienne, avec
les musiciennes Hélène Breschand ou Cécile Audebert.
"Ce qui nous lie", spectacle de cirque et musique tango de
Cécile Mont-Reynaud, Sylvain Julien (manipulation d’objets) et
César Stroscio (bandonéon) et son trio Esquina, sous le regard
d’Adèll Nodé-Langlois.
"Marche ou rêve", conte circassien et musical jeune public
(à partir de 3 ans), autour d’une structure originale en bambous.
Composition et scénographie sonore
Wilfried Wendling étudie l'écriture musicale au CNR de RueilMalmaison puis au Conservatoire national supérieur de musique
et de danse de Paris et se consacre ensuite à la composition. Ses
compositions musicales ont été jouées dans de nombreux théâtres
et scènes nationales.
Depuis 2000, il travaille avec l'ensemble Diffraction avec lequel il
crée de nombreuses performances de théâtre sonore. Il collabore
(musique électronique et vidéo) avec Roland Auzet depuis 2008
sur différents projets pluridisciplinaires, dont 2 hommes jonglaient
dans leur tête avec Jérôme Thomas et Mathurin Bolze. Il est
membre, avec Eryck Abecassis, de l'ensemble KERNEL.
Il compose et met en scène dès 1995 des spectacles pluridisciplinaires présentés notamment au Théâtre des Amandiers, à
l'Odéon Théâtre de l'Europe, au Cent quatre et à la Maison de la
poésie dont il est artiste associé de 2010 à 2012. En 2012, il
réalise spectacle transdisciplinaire Müller Machines (théâtre,
musique, danse, cirque, vidéo).
Il crée en 2013 avec Lieux Publics à Marseille son premier projet
dans l'espace public, « Artaud cité », création expérimentale avec
des amateurs. Il dirige depuis peu La Muse en Circuit, Centre
national de création musicale.
Collaborations artistiques
Ecriture & interprétation du texte de “Nébuleuse”
Ecriture & interprétation du texte (voix off) de “Fileuse”
Adèll Nodé Langlois s’intéresse d’abord à la danse, suit
des cours avec Peter Goss, Anne Koren, Jean Gaudin,
Merce Cunningham. Puis elle découvre le cirque “de
création”, et surtout le travail aérien (trapèze, corde).
Entre 1990 et 1993, elle étudie à l’Ecole Nationale de
Cirque de Montréal au Canada, se spécialise en trapèze
ballant, jeu d’acteur et jeu clownesque. Suivent alors
quinze années de vie circassienne, en caravane, autour
d’un chapiteau. Elle participe à la création du cirque
Pochéros en 1993 : tournée en France, en Europe, en
Chine, Tchéquie, Cambodge et Autralie. Elle travaille
également avec d’autres compagnies : le cirque Flora
(USA), le Cirque Plume, les Arts Sauts, la cie Cahin-caha.
Laurence Vielle est née à Bruxelles en 1968. Comédienne et
auteure, elle aime dire les mots, surtout les écritures d’aujourd’hui.
Elle récolte les paroles dites par les autres, elle les retranscrit
minutieusement pour en faire des spectacles qui donnent à entendre
la parole de ceux qui passent, anonymes – tentatives de créer du
lien. Dans Paroles en stock, elle dit ses poèmes avec un musicien...
Un stock de mots qui se renouvelle sans cesse.
« J’aime allier sur le plateau différentes écritures : l’image, la danse,
les mots, la musique. Et créer avec des artistes que je retrouve sur
mon chemin : Pietro Pizzuti, Vincent Granger, David Giannoni, la
compagnie Carcara, Claude Guerre, Monique Dorsel, Jean-Michel
Agius, Magali Pinglaut, Valère Novarina, Catherine Graindorge,
Laurent Fréchuret, Pascal Omhovère, Eric Dagostino, Matthieu Ha,
Hélène Labarrière... Compagnonnages. J’aime marcher dans mon
quartier, dans les rues, les campagnes, et glaner : il y a des
glaneurs de légumes, de boutons, de cartes postales, de rebuts, de
bouts de ficelles. Moi, ce sont les mots, les mots des autres, les
miens, et les rythmes du monde. Puis j’écris et j’aime dire ces
mots-là. Je sens bien que le monde tourne de moins en moins rond;
j’aime aller y chercher, y traquer, y guetter les battements d’humanité.
Ce sont mes tambours. Je tente d’y accorder mon coeur. »
Laurence Vielle.
Dès 2001, elle s’ouvre à une approche plus théâtrale et
clownesque en participant à un travail de recherche avec
le metteur en scène Guy Alloucherie, puis à des chantiers
d’improvisation de cirque. En 2005, elle suit une formation
d’acteur-clown au CNAC avec notamment Gilles
Defacque. À plusieurs reprises et pour différentes structures
(la Villette, la ferme du Buisson, le Théâtre d’Auxerre),
elle propose des stages de clown. Elle travaille comme
regard extérieur pour plusieurs compagnies de cirque (cie
Lunatic, Cirque Trottola).
À l'exact opposé des paillettes et des nez ripolinés, elle
s’inscrit dans la tradition clownesque du "tramp", le
clochard. Ses spectacles mettent en lumière la figure de
l'exclu, de la tragédie grecque à Jean Genet : “Antigone”
(2007), "carnets d'une voleuse" (2010) et “la fascination
du désastre” (2013).
Elle est artiste associée au Manège de Reims depuis 2008.
Collaborations artistiques / regards extérieurs
Volodia Lesluin se forme au CNAC, Centre National des
Arts du Cirque de Châlons en Champagne, après un BTS de
cinéma. Spécialisé en corde lisse, il sort en 2005 avec “Kilo”, mis en
piste par Thierry Roisin et Jean-Pierre Laroche.
Il s’intéresse au mouvement dansé, et travaille comme interprète
pour différents chorégraphes : Pal Frenak, Denis Plassard (Cie
Propos), Marie-Geneviève Massé (danse baroque, Cie l'Eventail),
Florence Caillon (Cie l’Eolienne), Thierry De Mey et Nedjma
Benchaïb (Cie Cabas). Dans sa discipline aérienne, il travaille
notamment avec Cécile Mont Reynaud (Cie Lunatic) depuis 2006,
André Mandarino (les Escargots Ailés) et la Scabreuse.
Il est lauréat en 2006 du concours Numéro(s) Neuf(s)
organisé par la SACD avec le solo “The Pink Room”.
Parallèlement à son travail d’interprète et d'auteur, il enseigne
depuis 2009 la corde lisse et le tissu au CNAC.
Yumi Fujitani suit d’abord une formation de danse
classique et de théâtre à Kobe. Puis elle se forme à la
danse jazz, à la danse contemporaine et au butô. A
Tokyo, elle fait une rencontre déterminante avec Kô
Murobushi et Carlotta Ikeda, co-fondatrices de la Compagnie Ariadone. En dehors des tournées internationales,
elle enseigne le butô à Tokyo, tout en poursuivant sa
formation à New-York et à Paris, où elle expérimente de
nouvelles formes d’expressions corporelles, à travers le
masque et l’art du clown.
Elle s’installe à Paris en 1996. Danseuse de la troisième
génération du butô, elle développe sur cet art une réflexion
et une approche personnelles. Elle entame alors des
collaborations avec des comédiens, des metteurs en
scène et des musiciens.
Volodia épaule Cécile Mont-Reynaud sur le travail aérien et
l’écriture de “Fileuse”, et sera interprète de “Nébuleuse”.
Yumi accompagne l’ensemble du diptyque avec un
travail corporel et émotionnel inspiré du butô.
Calendrier prévisionnel
Mue #1
Fileuse : 2014-2015, solo aérien en circulaire
création fin mai 2014 d’une petite forme de jour pour l’espace urbain ou naturel
création lumière début 2015 d’une forme étoffée pour l’espace urbain ou naturel de nuit / pour chapiteau
Mue #2
Nébuleuse : résidences de recherche et de création en 2014-2015
création en 2016, forme monumentale en circulaire
Partenaires et résidences : Fileuse à partir de septembre 2013
Nébuleuse à partir de septembre 2014
- le Château de Monthelon (89) : périodes de résidences régulières à partir de septembre 2013
- l’Académie Fratellini (93)
- le Lieu de l’Autre, ancienne usine Anis Gras à Arcueil (94)
- le domaine de l’ancienne abbaye de Port-Royal (78)
- la Cité du Cirque au Mans (72) : programmation de “Fileuse” dans le cadre des Soirs d’été
au Mans (août 2014) ; résidence “Nébuleuse” en 2015
- CIRCA (32), PNAC : résidence Nébuleuse mars 2015
- les Noctambules à Nanterre (92)
- l’Atelier du Plateau (75) programmation de “Fileuse” début 2015
- Nil Obstrat à Saint Ouen l’Aumône (95) : construction de la structure de “Fileuse” printemps
2014
- la Filature à Bazancourt (51)
- le Cirque Electrique (75)
- soutien de la DRAC Ile de France (aide à la production dramatique) pour “Fileuse”
En cours :
- Pôle Nationale des Arts du Cirque d’Amiens : option diffusion “Fileuse” août 2014 et
résidence “Nébuleuse” en 2015
- le Théâtre de Cusset (03) option résidence & diffusion “Fileuse” 2015
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Contacts
Contact production :
Sandra Guerber 06 14 76 84 67
[email protected]
Contact artistique :
Cécile Mont-Reynaud 06 13 26 81 22
[email protected]
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