Bernard Delvaux

PEOPLE MANAGER DE L’ANNÉE
BERNA R D DELVAUX 48 A N S,
ADMINISTR ATEUR DÉLÉGUÉ DE L A SONAC A
La désindustrialisation
n’est pas une fatalité »
«
3 QUESTIONS
À BERNARD DELVAUX
Vous avez redressé la Sonaca, qui se porte de mieux
en mieux. Cela ne vous a pas suffi: vous avez, à titre
personnel, investi dans une entreprise en difficulté,
Bodart & Gonay, qui fabrique des foyers et des inserts.
Pourquoi?
J’aime ces produits, il aurait été dommage de ne pas faire
jouer mes contacts et mes capacités de management pour
essayer de redresser cette belle société wallonne. Pour revenir à la rentabilité, nous avons décidé de sous-traiter certaines pièces en Pologne ou dans d’autres pays d’Europe centrale. La conception, l’assemblage et le contrôle de qualité
resteront en Belgique. Je suis intervenu plusieurs fois dans
le débat public sur la disparition de l’industrie en
Belgique, cela me paraissait important de montrer qu’il n’y
a pas de fatalité, que la Wallonie a des atouts.
Et la Sonaca: comment voyez-vous l’avenir de cette
société?
Nous avons dégagé 13,7 millions d’euros de bénéfice net
au premier semestre 2014. Un record, je crois, depuis 20
ans. Nous sommes sortis d’une période difficile pour ramener l’entreprise à la rentabilité. Nous dégageons maintenant des marges qui permettent de mieux envisager l’avenir, l’innovation, par des acquisitions et des partenariats.
Pourquoi diversifier davantage? Vous avez de bons
clients comme Airbus...
Notre carnet de commandes est rempli pour les quatre ou
cinq années à venir. Les clients sont peu nombreux et ils le
savent. Ils mettent la pression sur les prix. Le défi, ce sont
les marges! D’où notre souci de diversifier. Nous souhaitons le faire en jouant un rôle d’accélérateur pour des PME
ou en incitant nos ingénieurs à imaginer des projets. Nous
proposons à des PME de bénéficier de notre image, de notre
position dans le secteur, pour les aider à trouver des clients.
Le cas échéant, nous sommes prêts à entrer dans leur
capital.
90 23 OCTOBRE 2014 | WWW.TRENDS.BE
PROFIL
Né en 1965
•
Ingénieur civil (ULg),
diplômé en économie
et gestion (ULg)
et d’un MBA (Insead)
•
1989-1994: Cockerill-Sambre
•
1994-1998: consultant
chez McKinsey
•
1998- 2003: responsable
projets de transformation
chez Belgacom
•
2004-2008: membre
du comité de direction
de bpost, responsable
de la division courrier
•
Depuis octobre 2008:
CEO de la Sonaca
•
Depuis l’été 2014 :
actionnaire et administrateur
de Bodart & Gonay
CHIFFRES
Ventes consolidées
2013 :
363 milions
d’euros (+4 %)
•
Bénéfice net 2013 :
8 millions d’euros
(+6,7 millions d’euros)
•
Effectifs :
2.359 employés
BELGAIMAGE / JONAS HAMERS
ROBERT VAN APELDOORN
Pourquoi le jury l’a choisi
Pour le redressement confirmé de la
Sonaca et, aussi, pour son intervention
chez Bodard & Gonay, où il investit personnellement 1 million d’euros (avec d’autres
investisseurs). Attention: sa première
fonction reste le poste de CEO
de la Sonaca. Pour Bodard & Gonay,
il a consacré du temps cet été pour le plan
de relance, mais son rôle actuel se limite
à celui d’administrateur.
Le fait marquant de l’année écoulée
Les bons résultats de la Sonaca en 2013
et au premier semestre 2014. Elle vient
d’obtenir l’award du meilleur fournisseur
chez Embraer. Autre fait marquant bien
sûr, l’opération Bodard & Gonay.
La réalisation dont il est le plus fier
Le redressement de la Sonaca. L’entreprise
est redevenue viable, les ventes sont
reparties à la hausse même si, au premier
semestre 2014, elles ont accusé un léger
recul dû à la transition vers de nouveaux
modèles chez Embraer (gamme E2)
et au retard pris par Bombardier pour
sa nouvelle CSeries. Sur l’année 2014,
les ventes devraient être stables.
Le défi principal qui l’attend
Elargir la clientèle et diversifier
la production en testant des innovations.
L’entreprise cherche des idées
en proposant à des start-up de les aider,
voire d’y prendre des participations.
Elle incite ses ingénieurs à proposer
des idées originales et à les évaluer.
Trois ingénieurs sont par exemple en train
d’évaluer un projet d’avion léger électrique.
Un bon Manager de l’Annéeselon lui ?
«C’est quelqu’un qui communique
une vision et une passion, qui rassemble
et aligne les énergies dans l’intérêt de
l’entreprise. Qui a aussi la capacité de faire
bouger les choses en dehors de l’entreprise. En clair, c’est quelqu’un qui joue
un rôle sociétal ou politique au sens noble
du terme.»
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