Aarschot et Dinant, villes martyres Vendredi 28 février à Aarschot, des élèves et des professeurs de l’Athénée de Dinant et du KAMSA (Koninklijk Atheneum Midden-School Arschot) se rencontraient dans le cadre du partenariat « Fonds Prince Philippe » . Ce partenariat, initié par les professeurs Caroline MAES et Lydie VERSCHUEREN (Kamsa), Bénédicte NICOLAS, Riet DE CLERCQ (ARDinant) a pour objectif « l’approfondissement des connaissances linguistiques et l’élargissement de la culture » des communautés linguistiques par une découverte de leurs univers respectifs. (1) Le thème des rencontres : les événements dramatiques d’août 1914. Le 19 août 1914, l’armée allemande entre dans Aarschot. L’état-major allemand prend ses quartiers en ville au cours de l'après-midi. Le colonel Stenger, commandant de la 8ème brigade d'infanterie allemande ainsi que ses deux officiers s'installent dans la maison du Bourgmestre. Le balcon (2) de la chambre du colonel surplombe la Grand' Place. Vers 18 heures, de plusieurs endroits de la ville retentissent des tirs. Les soldats allemands pensent que c'est un acte de francs-tireurs. L’explication est pourtant ailleurs, aucun civil, pas plus à Aarschot qu’à Dinant, n’ayant pris les armes. Des véhicules se percutent, des tirs sont échangés et c'est dans ce chaos total que le colonel Stenger est abattu sur le balcon où il se trouvait. Les représailles seront terribles. A la recherche d'un coupable, les Allemands incendient les maisons et arrêtent les civils. Le Bourgmestre Tielemans est rendu responsable de la mort de Stenger. Un premier groupe de 75 hommes et garçons est emmené vers la chaussée de Louvain et exécuté. Suit un deuxième groupe d'une vingtaine de personnes dont le Bourgmestre et son fils âgé de 15 ans. Ce n'est qu'au petit matin du 20 août 1914 que les femmes et les enfants peuvent rentrer chez eux. Ils ont passé toute la nuit sur la Grand' Place incendiée. Suite à de nouveaux ordres, tous les habitants d'Aarschot doivent quitter la ville immédiatement. Des milliers de femmes et d’enfants s'enfuient. (3) Au total, 156 civils ont été tués entre le 19 août et le 6 septembre 1914 à Aarschot. 400 hommes furent déportés vers l’Allemagne (4). Comment expliquer ces crimes de guerre ? Doctrine militaire allemande, mythe des francs-tireurs, guerre éclair contrariée par la résistance de la petite armée belge, hystérie et estompement de la norme en temps de conflit… La matinée, dans les locaux du KAMSA, a été consacrée au rappel des faits historiques, depuis la constitutions des blocs rivaux et la marche à la guerre jusqu’aux événements du mois d’août. L’après-midi, les élèves participants (5e Eco- Langues, 5e Latin et 6e SecrétariatLangues d’Aarschot, 2e Option immersion néerlandais et 5e de Dinant) ont été reçus à l’hôtel de ville par le bourgmestre André Peeters. Celui-ci a salué l’initiative des deux écoles et a encouragé les élèves à poursuivre leur démarche de commémoration des deux côtés de la frontière linguistique. Devant l’hôtel de ville, prêts pour un tour de ville en petits groupes, sous la conduite de nos guides du KAMSA. Les élèves du KAMSA ont emmené leurs condisciples dinantais pour une promenade dans les rues d’Aarschot, sur les lieux même de la tragédie. Ils ont agrémenté leur commentaire (en français) de réflexions plus personnelles (en néerlandais). Une visite in situ des plus profitables pour l’exercice des compétences linguistiques. Une rencontre, un enrichissement et un plaisir. Nos partenaires d’Aarschot sont impatiemment attendus à Dinant le 23 mai. R. De Clercq et M. Henrion (1)http://www.fonds-prince-philippe.org/pff/ detail.aspx?id=270552&langtype=2060 (2)Photo de la Grand Place d’Aarschot à voir sur http://www.forumeerstewereldoorlog.nl/viewtopic.php?t=10063 (3) http://www.villesmartyres2014.be/aarschot (4) John Horne, Alan Kramer, 1914. Les atrocités allemandes. Taillandier, 2005.
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