UVERGNE A Le Lycée de la nouvelle chance Auvergne à Vulcania Mis en place à la rentrée 2013 dans le cadre des réseaux FOQUALE(1), le Lycée de la nouvelle chance Auvergne s’adresse à des jeunes de 16 à 25 ans sortis du système scolaire depuis au moins un an, après un an en lycée, ayant pour objectif l’obtention d’un CAP en un an, d’un bac technologique ou professionnel en deux ans. Il s’agit d’un dispositif hors murs impliquant huit établissements : l 03 Montluçon Lycée Paul Constans (en collaboration avec le Lycée Albert Einstein) l 03 Yzeure Lycée Jean Monnet (ouverture en septembre 2014) l 15 Aurillac Lycée Raymond Cortat (en collaboration avec le Lycée Monnet Mermoz) l 15 Saint-Flour Lycée de Haute-Auvergne l 43 Espaly Saint-Marcel Lycée Auguste Aymard l 63 Chamalières Lycée de l’hôtellerie, de la restauration et du tourisme l 63 Clermont-Ferrand Lycée Amédée Gasquet l 63 Clermont-Ferrand Lycée Sidoine Apollinaire Le Lycée de la nouvelle chance permet à ces jeunes éloignés des apprentissages et du métier d’élève d’intégrer un parcours de formation basé sur une alternance renforcée et un accompagnement qui allie des temps de pédagogie individuelle et collective au sein d’une classe. Les jeunes ont un statut de stagiaire de la formation professionnelle rémunérée impliquant une obligation d’assiduité. Le Conseil régional d’Auvergne apporte la rémunération à ces jeunes. Les actions du Lycée de la nouvelle chance d’Auvergne sont financées conjointement par le Rectorat, le Conseil régional d’Auvergne, le Fonds social européen et le GIP Auvergne. (1) Réseaux FOQUALE : Formation qualification emploi Le mercredi 21 mai 2014, les jeunes stagiaires dans des parcours du Lycée de la nouvelle chance Auvergne (LNC), les équipes éducatives et différents partenaires du dispositif ont participé à une rencontre régionale organisée à Vulcania par le rectorat de l’académie de Clermont-Ferrand et le Conseil régional d’Auvergne. Au programme : des temps d’échanges centrés sur les expériences et le vécu tant des élèves que des adultes. Cette journée a permis de faire le bilan d’une première année riche d’enseignements. Arlette Arnaud-Landau, Vice-Présidente du Conseil régional* et Gérard Poux, Chef du Service académique d’information d’insertion et d’orientation, ont souligné la très forte implication des proviseurs, des enseignants et des partenaires, notamment les Missions locales et les CIO, qui a permis une mise en place du LNC Auvergne dès la rentrée 2013. * Arlette Arnaud-Landau : Vice-Présidente du Conseil régional d’Auvergne en charge de la Formation professionnelle tout au long de la vie, des formations sanitaires et sociales et de l’apprentissage Une journée d’échanges La rencontre régionale organisée à Vulcania le 21 mai 2014 par le rectorat et le Conseil régional d’Auvergne a permis de réunir les jeunes engagés dans les parcours du Lycée de la nouvelle chance Auvergne et les différents professionnels et partenaires impliqués dans le dispositif : proviseurs, enseignants, directeurs de CIO et de Missions locales et représentants du Conseil régional Auvergne. Patrick Desprez, Chef du service académique d’information et d’orientation de l’académie de Lyon et Christian Terras, chargé de mission national pour le LNC, ainsi que des élèves et des enseignants du lycée Haubtman de Saint-Étienne (42) ont participé à cette journée. En effet l’académie de Clermont-Ferrand a bénéficié de l’expérience du Lycée nouvelle chance de Villeurbanne, qui fonctionne depuis la rentrée 2009 et se développe en réseau avec d’autres établissements de l’académie de Lyon. Si jeunes et adultes ont apprécié les activités proposées par le Parc scientifique et de loisirs Vulcania, chacun a pu tirer parti des échanges qui ont ponctué cette journée. Les témoignages des stagiaires, des chefs d’établissements et des partenaires ont mis en lumière les points positifs de cette expérimentation et les difficultés rencontrées ont été analysées de manière ouverte, dialoguée et constructive. Le caractère déterminant du positionnement Le Lycée de la nouvelle chance Auvergne a accueilli au cours de l’année scolaire 2013-2014 onze jeunes sortis du système scolaire depuis au minimum 1 an. Repérés par les Missions locales ou les CIO, ils ont pu être intégrés dans les parcours proposés par le LNC suite à un positionnement effectué par l’établissement d’accueil. Les chefs d’établissement et les enseignants soulignent le caractère déterminant de cette étape pour la réussite du parcours. «Ainsi, explique Thierry Mathon, proviseur du lycée Sidoine Apollinaire de Clermont-Ferrand, nous avons accueilli quatre jeunes, dont un en 1re STMG et trois en 1re ST2S, suite à un entretien et des tests écrits. Au cours de l’année nous nous sommes rendu compte que ce positionnement n’était pas assez approfondi. Les lacunes des jeunes ont rendu très difficile leur adaptation en 1re. Une jeune fille, d’ailleurs, a démissionné il y a 15 jours. Une autre a pu être repositionnée sur le bac pro Accompagnement, soins et services à la personne au lycée Raymond Cortat d’Aurillac, autre établissement support de parcours LNC.» Au lycée Raymond Cortat d’Aurillac, une réflexion avait été engagée en amont du LNC sur la manière d’accueillir différemment les élèves, et de mieux les accompagner dans la construction de leur parcours. Les équipes sont volontaires et préparées pour tester des méthodes d’apprentissage innovantes et de nouvelles modalités d’intégration. «Nous avons reçu début novembre une jeune fille qui avait échoué au bac L, indique Gisèle Estival, proviseure adjointe. Pendant une semaine d’accueil nous avons travaillé sur son projet. Nous lui avons proposé de préparer le bac pro Gestion-administration en 2 ans. Suite à des tests permettant de repérer ses difficultés, nous avons adapté son parcours en accélérant l’alternance pour lui permettre d’acquérir une culture d’entreprise, ce qui a bien fonctionné.» Pratiques pédagogiques innovantes Pour Arlette Arnaud-Landau, «cette expérimentation permet aux équipes éducatives de remettre en cause leurs pratiques pédagogiques, d’innover pour adapter le lycée à tous les types de publics.» De même, précise Francis Michard, Délégué académique à la formation professionnelle initiale et continue - Directeur du GIP Auvergne «les parcours souvent chaotiques de ces jeunes doivent nous inciter à nous interroger sur les exigences de l’école.» Au lycée Auguste Aymard d’Espaly-Saint-Marcel, l’équipe réfléchit à la mise en place d’une pédagogie inversée : les exercices d’application se feraient en classe et l’enseignement pourrait se faire partiellement à distance. Les professeurs volontaires ont été formés au e-learning dans le cadre du plan de formation développé autour du LNC. Des profils différents Le Lycée de la nouvelle chance accueille des jeunes dont les profils et les besoins sont très divers. Certains stagiaires s’adaptent rapidement et tirent parti de la formation qui leur est proposée. «Au lycée Amédée Gasquet, par exemple, les deux jeunes filles préparant l’une un bac bro Vente et la seconde un bac pro Commerce ont fait preuve d’une grande motivation. Nous avons travaillé avec elles sur les méthodes et les consignes, avec des plages horaires au CDI. Nous réfléchissons à différents moyens pour leur permettre d’avancer. On peut noter un transfert très positif par rapport à la classe, qui, du fait de leur présence, a gagné en maturité», explique Nadjia Boumerdassi, professeure référente d’une des jeunes. Face aux difficultés, la motivation des stagiaires s’émousse parfois. Au lycée de Saint-Étienne, (42), trois candidats ont été retenus. «Un des jeunes est très motivé et s’est bien intégré. Il est très à l’aise et a été très bien accueilli dans la classe. Après le bac pro Maintenance des équipements individuels, il a le projet de continuer en BTS», précise le chef des travaux et l’un des professeurs référents du lycée de Saint-Étienne. «Pour les deux autre stagiaires, la motivation très forte au départ a en revanche fléchi.» D’autres difficultés relèvent de l’emploi du temps, déjà chargé du fait des stages. Ainsi, précise Frédéric Pagneux, proviseur du lycée Paul Constans de Montluçon, «il est difficile de rajouter du temps. On peut trouver des solutions, par exemple en utilisant la pause de midi, mais on risque d’aboutir à une saturation du jeune. Parfois il est noyé, les exigences liées à la scolarité sont trop fortes et il oublie son objectif.» «Je suis entrée au lycée Gasquet après l’école de la 2e chance. Cela a été un nouveau départ, un bon coup de chance. Je suis bien soutenue et accompagnée. Je suis très bien intégrée à la classe». Iman, en 1re bac pro Vente au lycée Amédée Gasquet, Clermont-Ferrand t Parole Paroles d’enseignan s d’élè ve «Le LNC est une belle expérience de démocratisation de l’enseignement. On permet à des jeunes de réaliser un idéal de poursuites d’études et d’insertion professionnelle. C’est très enrichissant. Les deux stagiaires ont des profils différents. Pour l’une d’entre elles, qui est originaire de Tchétchénie, il faut travailler davantage la communication orale, les bases du français. Nous travaillons la lecture méthodique ; cela conditionne la compréhension dans les autres matières. Cette jeune fille est très motivée, enthousiaste et mature. Les deux stagiaires se sont bien intégrées. Leur présence a un impact positif sur la classe.» Nadjia Boumerdassi, enseignante de lettreshistoire au lycée Amédée Gasquet, ClermontFerrand Forte implication des équipes éducatives t Paroles d’enseignan «Je suis enseignant référent dans un lycée qui accueille deux stagiaires depuis la rentrée 2013. L’un des parcours se déroule sans difficultés particulières. La situation est plus complexe pour le second jeune qui doute en permanence. Il a pu avoir des problèmes de comportement car il supporte mal les cadres et les contraintes horaires. Il faut beaucoup dialoguer pour créer un lien de confiance. Il est nécessaire de l’accompagner, y compris hors temps scolaire. Il faut l’aider à se structurer, à retrouver une ambition. Il a les capacités intellectuelles pour poursuivre ses études. S’il réussit à obtenir son diplôme, ce sera une victoire à la fois pour lui et pour nous.» Amor Hadjab, enseignant en chaudronnerie et plomberie au lycée Paul Constans, Montluçon Les chefs d’établissement et les enseignants présents mettent en lumière la très forte implication nécessaire. Daniel Baissac, proviseur du lycée de Haute-Auvergne à Saint-Flour, évoque le parcours d’une stagiaire qui a quitté le lycée professionnel il y a 6 ans, sans obtenir le BEP et prépare maintenant un bac pro Gestion-administration. Cette jeune femme, au départ très motivée, a eu du mal à tenir ses engagements du fait de contraintes sociales et financières. Le proviseur souligne «la nécessité d’un accompagnement permanent pour sécuriser le parcours.» Au lycée Paul Constans de Montluçon, deux candidats ont été retenus, indique Frédéric Pagneux, proviseur. «Si l’un des jeunes s’est bien intégré, le suivi du deuxième a nécessité une implication très forte de l’équipe éducative et du professeur référent qui doit se donner à 300%. La dimension relationnelle est très importante. Nous espérons le mener jusqu’au diplôme.» Les composantes psychologiques et sociales sont fondamentales. Après des parcours chaotiques, certains jeunes n’ont plus confiance dans le système éducatif. Il faut avant tout recréer ce lien. «Cet investissement lorsqu’il ne concerne qu’un ou deux stagiaires, remarque Christian Terras, peut paraître disproportionné mais il participe à la dynamique de l’établissement dans son ensemble.» En Auvergne, les stagiaires du LNC n’ont pas toujours le sentiment d’appartenir à une communauté éducative. Leur intégration dans un groupe classe déjà constitué est parfois difficile. Par ailleurs, le fait de se trouver au cœur de ce dispositif peut générer une pression sur le jeune. Ils se sentent parfois isolés et la présence de plusieurs jeunes LNC au sein d’un même établissement favoriserait une dynamique de groupe. «Il y a quelques années, après un début d’année en 1re S, j’ai changé d’orientation pour faire un bac pro Technicien conseil vente en animalerie. J’ai arrêté 3 mois avant de passer le bac à cause de problèmes de harcèlement. Par la suite, j’ai intégré l’école de la 2e chance et maintenant je suis au lycée sur un parcours LNC où tout se passe bien. J’ai l’intention de continuer en BTS.» Elodie, en 1re bac pro Commerce au lycée Amédée Gasquet, Clermont-Ferrand Parole s d’élè ve Une dynamique remarquable Ainsi que le note le CSAIO de Lyon et Christian Terras, «une dynamique forte, remarquable, a permis la mise en œuvre du Lycée de la nouvelle chance en Auvergne. La montée en puissance du dispositif permettra un meilleur retour sur investissement par rapport aux moyens et à l’énergie nécessaires pour la mise en place et le suivi des parcours. Cela aura également pour effet de diminuer la pression sur chacun des jeunes, en leur donnant le sentiment d’appartenir à une communauté éducative.» Gérard Poux, CSAIIO souligne, «le Lycée de la nouvelle chance Auvergne a été mis en place en seulement neuf mois.» Suite au bilan réalisé à l’occasion de cette rencontre régionale, une réflexion sur les difficultés rencontrées par les acteurs du LNC permettra les ajustements nécessaires pour consolider les modalités de mise en place des parcours et assurer une meilleure visibilité à l’horizon des rentrées 2014 et 2015. Par ailleurs, le Conseil régional d’Auvergne apportera une rémunération à 20 jeunes supplémentaires en 2014-2015, ce qui pourrait porter l’effectif du LNC à 30 jeunes. Le nombre d’établissements du réseau LNC passera de 7 à 8 avec l’inscription dans le dispositif du lycée Jean Monnet à Yzeure.
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