La Suisse est belle ! - Vivre

Septembre 2014
L E J O U R N A L D E L A F O N D AT I O N
La
Suisse
est
belle !
Récit :
Georgette Walch
Un rêve d’artiste
Lapins, lapins !
Faites connaissance
avec nos nouveaux habitants…
N° 59
Sommaire
Nos 250 Mots…_____________________ 3
Lapin, lapin & lapin !________________ 4
Dessiner avec Yuki__________________ 6
Le Pacte de 1291____________________ 8
Le point de vue des résidents_________ 10
Récit - Un rêve de femme____________ 14
Clic-Clac !________________________ 16
Guillaume Tell, mythe ou réalité ?_____ 20
La grande rentrée__________________ 22
Christiane Porchet expose___________ 24
J’aime / j’aime pas…_______________ 25
En Bref…_________________________ 26
Rédaction:
Journal «Vivre à Mont-Calme»
Fondation Mont-Calme
Rue du Bugnon 15
1005 Lausanne
Tél: 021 310 33 33
Fax: 021 310 33 22
Courriel: [email protected]
URL: www.vivre-vivre.ch
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Comité de rédaction:
Béa Lemmenmeier
Nicole Zweili
Rita Gay
Christiane Grimm
Anne-Laure Murer
Yuki Hirokawa
Madalina Martin
Corrections:
Nicole Zweili
Photos:
Christiane Grimm
Béa Lemmenmeier
Couverture : Yuki Hirokawa
Dessin : Nicole Matthey
Mise en page et réalisation:
Jacques Lambelet
Nos 250 Mots…
Jérôme Azau
30 ans et alors…
Quand j’évoque toutes ces années aux commandes de notre EMS, l’injonction « circulez il n’y a rien à voir » me vient à l’esprit. Est-ce parce qu’entre
hier où j’ai pris mes fonctions et aujourd’hui où j’aborde ma fin de carrière,
j’ai peur de regarder ce que j’ai bien pu faire en « 24 heures chrono ». Ou
plutôt parce que, ayant eu le grand privilège de pouvoir faire tant de choses
si différentes, toujours accompagné de gens que j’aime, c’est comme si je
n’avais rien fait tellement une impression de facilité domine mes souvenirs.
Un cumul des deux explique certainement mon sentiment de vide en me
retournant sur mon passé. Mais une rapide revue de presse des articles sur
les innovations de Mont-Calme ou les propos chaleureux d’un collègue qui
me rappelle avec enthousiasme l’une ou l’autre de nos belles aventures, me
débarrassent immédiatement de tout vertige. Oui ! Ce sont bien les trente
glorieuses, mes trente glorieuses que je célèbre en 2014. Ce jubilé me donne
aussi l’occasion de me remémorer les regards plein de compassion de mes
amis lorsque, jeune trentenaire, je leur annonçais mes projets professionnels,
je pouvais lire dans leurs yeux : le pauvre dans une maison de vieux, c’est
tout ce qu’il a trouvé. Mais les mêmes en 2014 me lorgnent avec envie, avec
cette fois dans leurs regards cette phrase : le salaud tout ce qu’il a pu faire.
Heureusement le salaud a encore un peu de temps devant lui pour parler de
l’avenir.
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Trois nouveaux habitants à Mont-Calme
Lapin, lapin & lapin !
Il s’agit de trois lapines, dont deux qui proviennent de la ferme
AEBY et une achetée par Steven, notre ancien apprenti Assistant
socio-éducatif.
C’est en sortie à la ferme avec les résidents que Benito a pu constater l’intérêt
que portent les résidents aux petits animaux. Grâce à la faculté manuelle de
José, leur maison a pu être construite. Désormais, un espace au fond du jardin
leur est consacré.
Il fallait bien leur trouver un prénom à ces rongeurs... Un petit sondage a donc
été effectué auprès des résidents et les prénoms ci-après ont été choisis...
Voici donc Marguerite, Pimprenelle et Capucine.
Capucine
jeune femelle rousse avec de plus
en plus de tâches grises sur son pelage. C’est la plus petite des trois.
Elle dort beaucoup mais semble
être très curieuse au contact des
personnes.
Pimprenelle
jeune femelle noire et blanche avec
de grandes oreilles foncées.
Elle est très agitée, elle saute dans
tous les coins. Semble être la plus
fofolle des trois.
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Marguerite
femelle noiraude avec des reflets bruns, aux yeux bruns et aux longues oreilles.
Elle est plutôt pensive et semble être la plus calme de toutes.
Ce qu’il faut savoir sur nos lapines :
Leurs oreilles leurs servent à exprimer leur ressenti, si elles se sentent en sécurité, elles basculeront vers l’arrière.
Leur nez leur permet de respirer en le remuant sans cesse. Et finalement saviezvous qu’elles ne mangent pas que des carottes ?
Toutes les sortes de légumes du potager et les graines font aussi partie de leur
nourriture. C’est le service technique qui se charge de les nourrir.
Maintenant qu’elles se sont bien acclimatées à leur nouvel habitat, je vous invite à aller les rencontrer. Pour nouer le contact avec, il suffit de vous approcher
en douceur, de leur faire sentir vos doigts et de leurs parler d’un ton calme.
Un grand merci à Monsieur Azau, notre directeur, d’avoir accepté la réalisation
de ce projet, pour le bonheur des résidents.
Laetitia Ducret
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J’apprends à dessiner
Dessine-moi un visage…
Yuki Hirokawa nous dévoile quelques astuces faciles pour apprendre
à dessiner. Sixième leçon : Les points de repère du corps humain.
Dans le précédent numéro, nous avons pu découvrir que la hauteur du corps
correspond à la hauteur de sept têtes et demie.
Sur une feuille A4, la tête représente 3 cm et le corps 22.5 cm
Aujourd’hui, nous allons découvrir les points de repère de chaque partie du
corps pour comparer les proportion par rapport à la taille de la tête.
Les points de repère sont des sous cutanés proches des os dans des zones non
recouvertes par de la graisse ou des muscles comme par exemple les épaules,
le crâne ou le bassin iliaque.
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Histoire suisse
Le Pacte de 1291
Selon la tradition, les représentants de Uri, Schwyz et Unterwald se
réunirent le 1er août 1291 sur la prairie du Grütli pour sceller une
alliance qui allait donner naissance à la Confédération helvétique.
Les termes de cette alliance sont inscrits dans le Pacte fédéral conservé au Musée des chartes fédérales de Schwyz. Début août 1291, à la nouvelle de la mort
de Rodolphe de Habsbourg, les notables d’Uri, de Schwyz et de Nidwald, il est
possible que ceux d’Obwald n’aient pas reçu la convocation à temps ou qu’ils
aient boudé la réunion, se concertent d’urgence et décident de renouveler « leur
ancienne confédération » selon les termes officiels du pacte conclu entre les
trois communautés.
Le pacte sous la loupe des historiens.
En fait, le pacte de 1291 ne crée nullement un État. Ce texte devenu fameux
n’est pas une déclaration d’indépendance. En 1291, les trois vallées alpines ne
créent pas une démocratie face à l’Empire. Indépendance, autonomie, souveraineté, liberté, égalité, élections, votations, citoyen, droits, démocratie, aucun de
ces mots ne figure dans le texte médiéval de 1291. Ce vocabulaire est inconnu
au Moyen Âge et ne reflète pas la pensée profonde des gens qui, à ce momentlà, adhèrent à l’acte qui est soumis à leur approbation et qu’ils jurent d’observer.
Mais que s’est-il véritablement passé le 1er août 1291 ?
Peut-être rien, pour la simple et bonne raison que le Pacte de 1291 n’est pas
daté de façon précise. Le texte original latin est daté au début août et non pas le
1er août. Mais il a bien fallu choisir une date. C’est ainsi qu’en 1891, le conseil
fédéral a décidé que le texte était daté du 1er août.
Pourquoi cela ?
La Suisse était l’un des derniers pays à ne pas avoir de fête nationale. Il a donc
fallu imaginer un prétexte. Les historiens de l’époque ont été consultés, ils ont
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alors conseillé en référence ce Pacte
de 1291. Et Le 1er août 1891, tous
les clochers du pays ont sonné en
même temps et on a allumé des feux.
Depuis lors la fête nationale est célébrée chaque 1er août, date à laquelle
les Suisses commémorent le pacte
d’alliance des premiers Confédérés
de 1291.
Le pacte perdu et retrouvé.
Le pacte de 1291 longtemps oublié,
n’a été ressorti que cinq siècles plus tard, en 1758, comme s’il avait été trop
bien caché. On l’a retrouvé à Schwyz où probablement on l’avait déposé. Le
texte du pacte de 1291 est assez clair pour se passer de commentaires. Cependant quelques remarques générales s’imposent. Le texte de 1291, un parchemin
muni de sceaux, est lacunaire. Il n’indique ni le lieu de son adoption, ni le
nom d’aucune personne. Il ne porte aucune signature individuelle. Quant à la
date, elle manque de précision : « Début août ». En outre, il comporte des fautes
d’orthographe ou des omissions de mots. Certains mots, de par leur écriture peu
soignée, se prêtent à plusieurs lectures.
Ce document révèle donc des imperfections donnant l’impression qu’il a été
bâclé. II est possible qu’il ait été victime de la hâte avec laquelle il a fallu
l’achever avant de le revêtir du sceau de chacune des trois parties.
À moins qu’il s’agisse de tout autre chose ! En effet, il est possible que certaines des lacunes du texte, omission du lieu, des noms et imprécision de dates
aient été volontaires. En ce cas, on est en droit de soupçonner ses responsables
d’avoir voulu se couvrir. D’où la thèse de la conspiration ou de l’instigation
à rébellion : les trois vallées se seraient discrètement alliées pour se libérer
de toute tutelle étrangère. L’emploi de certains termes ambigus, dont celui de
conspirati, rendu pudiquement par « confédérés » dans les traductions, militerait en faveur d’une interprétation de rébellion.
Texte de Rita Gay D’après les propos de l’historien Georges Andrey.
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Citoyens suisse oui mais que sait-on de notre pays ?
Le point de vue des résidents
Avec les résidents nous avons échangé nos idées, nos imaginaires,
nos connaissances historiques, sur le couteau suisse, le drapeau, le
cénovis ou encore sur cette question de la citoyenneté.
La citoyenneté suisse pour nos résidents :
« Être citoyen c’est d’abord aller voter. Ici on a tout pour bien faire. Notre richesse, les quatre langues. On est bien gouvernés. On apprécie les avantages
de notre gouvernement. Ici je me sens en sécurité. J’aime la neutralité de ce
pays. Être neutre c’est être courageux. La Suisse c’est un peu le coffre fort de
la neutralité. Oui, sinon on aurait été éliminés. Ils ont su jouer de la neutralité.
On a la liberté. On a eu la chance d’avoir un bon général, beau et gentil, Guisan.
Son cheval était à son enterrement ! Lui il représente le bon citoyen suisse. Un
bon vaudois surtout, qu’il était…Y’en a point comme nous. Mais je suis un bon
citoyen si j’y trouve une satisfaction. Les intérêts sont toujours en jeu, donc le
patriotisme est une chose d’intérêt. C’est politique. »
Le drapeau suisse pour nos résidents :
« Le rouge, le blanc, ça représente le passeport ou vice-versa ? Ou alors le
CICR. Peut-être est-ce religieux ? La croix de Christ ? Ca représente le sang ?
Et le blanc les globules blancs ?
En tout cas c’est esthétique, le rouge et le blanc vont bien ensemble. Pourquoi
carré ? Parce qu’il nous vient de la suisse-allemande (rires) ou peut-être de la
garde pontificale à Rome, avec les hauts-valaisans. Ou pour mieux l’attacher à
un piquet. Parce que l’on ne peut pas faire des drapeaux ronds. Pour la géométrie de la croix. »
Son histoire : Ce n’est qu’au XIXème siècle que la fameuse croix blanche sur
fond rouge est devenue l’écusson national des Suisses. Tout commença en 1339
à la bataille de Laupen. Pour se différencier des autres combattants, les soldats
suisses ont eu l’idée de coudre une croix blanche sur leur cote de maille. Peu à
peu, on ajouta également une petite croix blanche sur les drapeaux des cantons.
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Quant au fond rouge, il a probablement été inspiré par l’ancienne bannière bernoise, elle-même constituée de cette couleur.
Certains expliquent que c’est le
culte des instruments de la Passion qui conduisit certains cantons de l’inclure
sur leur bannière vers le XIIème siècle, le fond de couleur rouge faisant référence
au sang du Christ.
Un drapeau carré : Le drapeau suisse contemporain a gardé une particularité de
son origine militaire : il est carré. Avec celui du Vatican, c’est le seul au monde
à avoir cette forme.
Si la forme du drapeau suisse n’est pas prescrite par la loi,
sa couleur est définie précisément depuis le 1er janvier 2007 : rouge Pantone
485. Les dimensions de la croix sont également définies : un décret datant de
1889 stipule que les bras de la croix doivent être d’égale longueur et un sixième
plus longs que larges.
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Le couteau suisse pour nos résidents :
« Il est pratique, utile, efficace, ingénieux, multifonctionnel, des ongles à la
bouteille. Il va de la miniature à une grande taille, il est aimé, convoité, volé,
c’est l’emblème helvétique, la précision et la qualité. Pour l’armée il est vert
militaire, pour la poste il est jaune, pour la suisse il est rouge.
Son histoire : À la fin des années 1880, l’armée suisse décida d’acheter un nouveau couteau pliant pour ses soldats et qui devait
servir entre autres à manger et à démonter le
fusil d’ordonnance. Les outils inclus sur
ce modèle sont une lame, un ouvre-boîte,
un tournevis plat et un poinçon. En janvier
1891, l’armée suisse déclare ce couteau bon
pour le service, sous le nom « Modèle 1890 ».
Depuis son lancement en 1891, le couteau
de l’armée suisse a été adapté à plusieurs reprises. Couteaux pour le marché civil : La popularité mondiale de ce couteau naquit après
la Seconde Guerre mondiale, lorsque des soldats
américains le découvrirent lors de leur séjour en
Europe. Le nom international de Swiss Army Knife est dû à la difficulté de prononciation du nom officiel allemand Schweizer Offiziersmesser par ces soldats.
Ce couteau a également connu de nombreuses améliorations au fil des années.
Les modèles grand public sont en majorité de couleur rouge contrairement aux
modèles militaires. Ils arborent un écusson suisse différent selon le constructeur. La grande qualité de la fabrication contribue à la réputation de ces produits. Il existe aussi beaucoup d’imitations bon marché provenant en général de
Chine. Leur qualité est généralement décevante.
Les outils les plus courants sont : le cure-dent, le tournevis plat combiné avec un
décapsuleur, la pincette, la paire de ciseaux, l’ouvre-boîtes, le tire-bouchon, le
poinçon, etc. Plus récemment sont apparus des accessoires tels qu’un altimètre,
une montre, une lampe de poche, un pointeur laser, un stylo, une clé USB, etc.
Métaphore : Le couteau suisse est devenu très populaire, au point que son nom
est passé dans le langage commun pour exprimer l’idée de la multifonctionnalité ou du côté ingénieux et pratique d’une chose, voire d’une idée ou de
quelqu’un : « C’est un véritable couteau suisse. »
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Le Cénovis pour nos résidents :
« Il faut être suisse pour aimer le Cénovis. Moi je ne vois pas le rapport ! Et
moi, on m’appelait Mémé Cenovis en référence à ma tartine des quatre heures.
C’est quoi, de la confiture ? Nous demande ce Monsieur Espagnol… C’est pour
les grillades, le potage, pour faire des sauces. Une pâte brunâtre ! De quoi c’est
fait ? De vin cuit, d’épices, c’est pas sucré c’est pas salé, de la moutarde de
bénichon, du nillon de noix, de bourgeons de sapins, un vrai mystère quoi… »
Son histoire : Lorsqu’on allie saveur et santé, on crée un produit savoureux et
typiquement suisse.
Le Cenovis a été créé en 1931 à Rheinfelden dans le canton d’Argovie, mais son
origine remonte aux années 1920 lorsqu’un brasseur allemand met au point un
procédé permettant de supprimer, par lessivages intensifs, l’essentiel de l’amertume des levures de bière. Un groupe de brasseurs bâlois et quelques industriels suisses s’intéressent à cette levure dépourvue d’amertume et envisagent
de l’utiliser dans différentes compositions alimentaires. Ils rachètent la marque
et son procédé, ajoutent du sel, des extraits de légumes aux nouvelles levures et
composent cette pâte, baptisée Cenovis. Depuis, sa formule est restée inchangée, dit-on, mais les détails de sa fabrication demeurent confidentiels. L’on sait
qu’il est entièrement à base végétale, sans lactose ni glutamate. Il contient de la
levure de bière, des extraits de carottes et d’oignons, du sel de cuisine et de la
vitamine B1. Maître brasseur, Alex Villinger a une excellente idée : transformer
les bonnes levures issues de la fabrication de la bière pour créer un produit à
tartiner et ainsi combler les carences en protéines, oligo-éléments et vitamines
de la population d’après-guerre. En 1955 nos soldats sous les drapeaux, durant
leurs écoles de recrues et leurs cours de répétitions, manquent de protéines et
de vitamines. Un tube de Cenovis dans leur ration de secours viendra combler
cette carence.
Propos recueillis par Rita Gay et Béatrice Lemmenmeier
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Portrait : Madame Georgette Walch
Un rêve de femme…
« Oui, j’ai quelque chose à vous raconter : j’ai toujours voulu
être sculpteur… »
Née à Anvers où la majorité était à 21 ans, j’ai parlé le jour de mes 18 ans à
ma mère, je lui ai exprimé mon désir de devenir sculpteur. Elle a poussé de
hauts cris, ce n’est pas un avenir pour toi ! J’ai alors voulu devenir infirmière,
pour elle cela non plus n’était pas un métier. Alors je suis devenue éducatrice
puéricultrice, cela elle l’a accepté. Ma mère était une femme dure. À 21 ans
je voulais être indépendante mais elle me tenait, je suis donc restée avec elle
jusqu’à mon mariage. J’avais 25 ans. En Belgique, mon mari et moi avons eu
trois enfants. Ingénieur, il a été envoyé à Paris et je l’ai suivi. C’était dans les
années septante. Là-bas nous sommes allés ensemble à l’Académie, pour dessiner. Mais trop de complications d’un point de vue pratique et mon rêve de
femme sculpteur qui ne me quittait pas. Alors j’allais voir des expositions, je
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lisais des livres d’art. Les corps, les rayonnements des visages, la terre glaise
me fascinaient. J’en parlais à mon mari, il m’encourageait à le faire mais pour
cela j’avais besoin de solitude, et je vivais au sein de ma famille. Puis les enfants ont grandi, j’ai eu alors plus de temps et je me suis rendue à l’académie de
Versailles. Des cours, enfin. J’ai commencé par une toute petite tête de singe,
chaque semaine je m’y rendais, puis j’ai fait un tronc de femme, des silhouettes
féminines. Manipuler la terre, un plaisir, c’est sensuel, juste la travailler, même
sans forme, j’étais heureuse, heureuse, heureuse, formidablement, et il y avait
autant de terre que l’on voulait ! Lorsque ma mère venait nous trouver, je savais
qu’elle regardait mes travaux, sur la cheminée et partout dans les autres pièces.
Elle ne m’a jamais rien dit. Mon mari, lui, peignait. On discutait beaucoup sur
l’art. On parlait de ce que l’on faisait mais pas beaucoup, quand c’était fait,
c’était fait ! Avec ses défauts et ses qualités ! À l’époque il n’y avait aucune
gloire à être artiste « une vie d’artiste » c’était une expression péjorative. Parfois
nous exposions, dans des lieux publics, et moi j’aimais entendre discrètement
les commentaires des gens… Au début j’avais beaucoup de doutes, je voulais
faire les choses correctement, mais avec le temps on se dit que c’est cela que
l’on ressent, cela que l’on a travaillé, et voilà. Cela est cela.
Puis nous sommes venus à Genève, je n’avais plus d’atelier, ce que je faisais
n’était pas stable, des pièces cassées, j’ai arrêté. Et puis Mont-Calme et là j’ai
vu l’atelier peinture ça a été formidable, petit à petit je m’en suis approchée et
j’ai recommencé. Je dessine et je fais de la sculpture, je travaille à nouveau la
terre… Ce rêve m’a beaucoup aidée, il m’a portée dans ma vie, je l’attendais.
Je n’ai pas de regrets, ça s’est bien passé comme cela.
Propos recueillis par Rita Gay
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Photos de Christiane Grimm
& Béatrice Lemmenmeier
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La légende de Guillaume Tell
Tell, mythe ou réalité ?
Il faut bien l’admettre, aucun document de l’époque ne confirme
avec assurance la réalité du héros.
Voici l’histoire de Guillaume Tell, telle que nous connaissons.
À une époque, le canton d’Uri, soumis à l’empereur d’Autriche, est administré
par le bailli Gessler. Ce dernier fait exposer un chapeau sur la place publique
d’Altdorf et, pour tester la fidélité des Suisses, exige qu’ils saluent en passant
l’emblème de feutre. Guillaume Tell refuse. Le bailli le condamne à traverser
d’une flèche une pomme posée sur la tête de son propre fils : s’il réussit, ils
auront la vie sauve, s’il échoue, ils seront mis à mort. L’enfant encourage son
père d’un sourire et va se placer à vingt pas. Guillaume Tell bande son arbalète,
vise et transperce le fruit, sans toucher à un cheveu de l’enfant. La foule applaudit. Provoqué par Guillaume, Gessler fait conduire sur son bateau l’arbalétrier
enchaîné. Mais celui-ci profite d’une tempête sur le lac des Quatre-cantons
pour s’échapper. Il tuera Gessler, donnant le signal de la révolte des Suisses
contre la Maison d’Autriche.
Aujourd’hui cette histoire reste entourée de mystère et d’incertitudes. En effet,
nous ne savons que fort peu de choses sur les événements locaux qui se sont
déroulés autour de 1291.
Pourtant tout donne à penser que quelque chose de
singulier s’est réellement produit, que quelqu’un a donné ce signal du refus de
l’ingérence étrangère. Quelque chose, quelqu’un dont le souvenir s’est gravé au
plus profond de la mémoire populaire.
La mémoire orale :
L’histoire a été transmise de bouche à oreille, de génération en génération. Au
gré des conteurs, elle s’est déformée, enrichie de détails, d’épisodes dramatiques. Celui du tir sur la pomme, le plus célèbre, pourrait bien n’être qu’un
emprunt a une légende scandinave, celle du guerrier Toko, qu’ont racontée des
voyageurs. Embelli, le récit historique se transforme alors en légende héroïque.
Vers le mythe : La légende circule donc. Et puis, un beau jour, on eut l’idée
de la mettre par écrit. Mais nous sommes déjà dans la deuxième moitié du
XVe siècle, cent cinquante ans après les événements.
Le premier texte est celui
d’une ballade populaire, comme on en écoutait volontiers sur les places publiques. Presque en même temps, un fonctionnaire à Sarnen, dans le demi-can20
ton d’Obwald, rassemble des documents utiles à son gouvernement
et archive un résumé de la mémoire collective telle qu’il l’a
recueillie. Son « Livre blanc »
offre la première source complète de l’histoire de Guillaume Tell.
Dès lors, des
textes mettent Guillaume Tell
à toutes les sauces : dans des chroniques,
des galeries de héros et des représentations scéniques, des Jeux de Tell qui
sont la source d’une longue et brillante
tradition théâtrale. Elle connaîtra son
apogée en 1804, avec Schiller qui fait représenter le chef-d’oeuvre que lui inspire
la légende, et l’opéra de Rossini créé à
Paris en 1829.
Aujourd’hui, ce n’est plus un souvenir
ni une simple légende, c’est un grand
mythe qu’anime Guillaume Tell. Le
mythe rassembleur, fondateur d’une
nation. Le mythe de la liberté, du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.
Et Madame Tell ? Elle n’est attestée dans aucun document. Elle fait simplement
partie du décor de son époux mythique. Et pourtant elle existe ! Ce sont les
artistes qui lui ont insufflé vie : musiciens, peintres et graveurs, sculpteurs et
écrivains. Bienvenue Madame Tell…
Source : Musée de Tell à Bürglen - présentation audiovisuelle « Guillaume Tell »
Illustration : Yuki Hirokawa
Texte : Rita Gay
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Nouveaux apprentis
La grande rentrée
Comme chaque année, la rentrée est marquée par l’arrivée de jeunes
apprentis qui se formeront pendant trois ans, à Mont-Calme.
Thibault Richard, Clara Robert-Nicoud et Tiffany Trancanelli ont commencé
leur apprentissage d’ASE. Leurs visages ne nous sont pas inconnus, puisque
ils ont fait des stages à la la Fondation. Noémie Bader et Daniel Gonçalves ont
choisi l’apprentissage de GEI. Noémie a déjà fait une année d’apprentissage
en économie familiale, elle est actuellement en 2e année. Sanja Karin Samardzic rejoint l’équipe de l’administration, afin d’exercer le métier d’employé de
commerce.
Parlons également des collaborateurs qui ont décidé de reprendre des études et
qui vont passer des examens dans une année pour obtenir leur CFC. Il s’agit de
l’article 32, proposé aux professionnels qui ont déjà d’une expérience pratique
dans le domaine social. Yolande Pesavento, Patricia Astié, Vincent David et
Huong Nguyen-The pour le CFC d’ASE et Fernanda Da Costa, pour les examens de gestionnaire en intendance.
Thibault
« Depuis 9 ans, je fais partie des scouts à la brigade de
Montbenon, j’y ai même été chef. Pour me défouler je
fais du vélo, du foot ou d’autres sports avec mes amis.
Je fais volontiers du ski en hiver et je pratique le karaté
depuis bientôt un an dans un club. Je fais de l’improvisation théâtrale depuis huit ans. Cela m’a un peu aidé
à développer mon côté humoristique. J’aime bien lire,
regarder des séries et manger !
Clara
Nous dit qu’elle aime la lecture, l’écriture, faire du
baby-sitting, jouer au volley-ball. Ce qui lui fait peur
c’est les crustacés, qu’elle ne peut même pas voir…
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Daniel
« J’aime jouer au foot. J’aime aussi le tennis et le
ping-pong. J’aime sortir le week-end et passer de
bons moments entre amis, j’ai aussi une petite passion
pour les belles voitures. Je n’aime pas les mensonges,
l’hypocrisie, les gens qui sont loin d’être simples. Je
n’aime pas qu’on me chatouille, croiser un crocodile
ou encore me casser un os (jamais arrivé). »
Sanja
« J’aime ma famille, surtout quand nous sommes tous
ensemble, quand on se raconte des histoires. J’aime la musique, la mode, le shopping, j’aime beaucoup mon frère,
même si parfois il est pénible. C’est ma vie ! Je n’aime pas
les gens malhonnêtes, les mensonges, le poisson, ça sent
mauvais et il n’y a presque rien à manger. Le racisme, c’est
pour moi une preuve d’ignorance et de peur. »
Tiffany
Fait partie d’un groupe de hip-hop depuis 12 ans,
avec l’objectif de participer au championnat suisse de
danse. Nous les verrons peut-être à Mont-Calme pour
une démonstration…
Noémie
« Je déteste le ski, je suis un petit peu maladroite, je
n’aime pas du tout les chiens. J’aime faire de la peinture
à l’huile quand j’ai un peu de temps. Je fais de la danse,
j’aime aussi écouter de la musique des années 80. »
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Madalina Martin
Peinture sur soie
Christiane Porchet expose
Après moultes vicissitudes, madame Porchet offre à Mont-Calme
une soie peinte que vous pouvez voir à la salle à manger du 4e.
Sa fille comme d’habitude avait apporté
une immense et somptueuse soie à peindre.
Christiane s’y atèle avec courage et détermination avec un immense plaisir aussi, le
motif est superbe, jamais elle n’avait œuvré sur une si grande soie.
Six semaines de travail intense, de choix
de tonalités, de dégradés, une application
de chaque instant et le voilà terminé. Il
part à l’étuvage à Bussigny, il en revient
et un coup de repassage s’impose et pop !
Il disparaît.
Introuvable, on retourne la maison dans
tous les sens rien ! Christiane est trop déçue la colère gronde… Elle avait décidé de
l’offrir à la Fondation et de l’encadrer à ses
frais… Las. Par bonheur, je découvre dans
le magasin Cré-Art spécialisé en matériaux soie de Bussigny, le même modèle
à peindre. La surprise et la joie de Christiane sont grandes et hop, elle se remet
au boulot. Six semaines plus tard, la soie est terminée, impeccable, sans une
tache, de toute beauté !
Là nous la surveillons de près, nous ne perdons pas sa trace et donc la voici
prête à être encadrée. Ouiieee, le devis chez Hornbach pour un encadrement
est de plus de 450 francs. « Là ils exagèrent » me dit Christiane mais comment
faire ? Monsieur Lamy, peintre de notre atelier propose de faire ce cadre luimême. Et c’est pour vingt-huit francs dix et un peu d’huile de coude que le
cadre est réalisé. Merci monsieur Lamy.
Vous pouvez monter au 4e découvrir la soie de madame Porchet qui après
moultes vicissitudes…
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Line Chatelain
Le «j’aime / j’aime pas» de
Kelly Morel
En dernière année d’apprentissage d’employée de commerce, Kelly travaille depuis trois ans à Mont-Calme, elle a 21 ans et vit avec ses parents.
J’aime pas
J’aime
1. Mon travail…
Il m’apporte diverses
connaissances et me permet de nouer
d’excellentes relations.
1. L’hypocrisie…
Cela me met dans une
situation inconfortable.
2. La souffrance…
Et le mal-être des gens, surtout à
l’époque dans laquelle nous vivons.
2. Le soleil…
Il illumine la nature et la rend très
belle.
3. Le désordre…
Et la poussière, parce que je ne me
sens pas bien dans de telles conditions.
3. La mode…
Et les accessoires qui s’y rapportent,
cela embellit la femme.
4. La pluie…
Le vent, la pluie et le froid restreignent mes activités.
4. Le cinéma…
J’aime aller voir les sorties des nouveaux films.
5. Les promesses non tenues…
Les personnes qui promettent beaucoup et qui ne s’y tiennent pas.
5. Voyager…
Découvrir de nouveaux pays, de
nouvelles coutumes.
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En Bref…
Visite d’une délégation chinoise
Mont-Calme a eu le plaisir d’accueillir cette semaine une délégation chinoise
de Shanghai venue découvrir le fonctionnement d’un EMS suisse.
Vous chantez ?
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Mont-Calme a fait l’acquisition
d’accompagnements de chansons
sur CD pour chaque étage. Il
s’agit d’une chemise cartonnée comprenant un disque
compact ainsi que des feuilles
avec les paroles qui permettront à chacun d’animer un petit
moment de chant sur les étages
sans pour autant savoir jouer d’un
instrument. Les titres sont tirés du
répertoire français et suisse, ils sont
bien connus de nos résidents.
Alors en avant la musique !
Recette : Crêpes au chocolat
Ingrédients
4 œufs
1/4 de l de lait
200 g de farine
1/2 l d’eau
cacao en poudre
sucre selon convenance
Dans un saladier, versez tous les ingrédients et mixez jusqu’à l’obtention d’une
pâte homogène.
Faites cuire les crêpes dans une poêle anti-adhésive et servez aussitôt.
Jeux
Devinette :
J’ai des trous sur le dessus
et le dessous, j’en ai aussi
sur le côté et même au milieu.
Pourtant je conserve
très bien un liquide.
Qui suis-je ?
Réponse de la devinette du n°58
Un homme peut-il se marier
avec la sœur de sa veuve ?
Non, parce que s’il a une veuve, il est décédé !
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N. Matthey K.