Fille de Roupen Sevag - Roupen Sevag Officiel

Fille de Roupen Sevag
alors fille d'Arménie
ROUPEN SEVAG
1885-1915
Médecin, poète, écrivain, Roupen Sevag après ses études de médecine à Lausanne revient à Istanbul avec sa
femme Jani et son fils Léon, pour la naissance de sa
fille Shamiram, en apportant ses connaissances, son
art, sa pédagogie, ses convictions. Son engagement
101al le conduit à subir le sort des intellectuels anuéniens pendant le génocide, déporté puis exécuté en
patriote en Asie-Mineure avec son ami poète Daniel
Varoujan le 26-08-1915. Tl avait trente ans.
O.fl~Ptù Ut;~U'-1
(Q~ ~ l~ ù '-1~ Pt;U '-1)
( t 885- 1915)
Viens,
Viens mon père, viens,
montre ton visage,
de 1oi je n ai rien
rien que ton image.
Dans ton beau pays,
dès que je suis née,
ceux qui t'ont trahi
m'ont déracinée
Bébé en dérive,
bébé orphelin,
sans un père qui suis-je?
sans ln force du lien '/
J'ai rn chair, ton sang,
ta mort est ma fierté,
sans cesse je ressens
cette Arménité.
Sans haine et sans peur
Tu as donné ta vie,
ton âme et ton coeur
à notre Arménie.
Mainrenan1 ru es là,
si jeune e1 si fort,
le temps ne compte pas
ni l'oubli, ni la mort.
Je suis seule mon père,
donne-moi la main,
avec toi j'espère
suivre ton chemin.
Apprendre à survivre,
vaincre le désespoir,
goOter le coeur libre
au chant de l'espoir.
" Lettre à mon Père "
Roupen SEVAG
Le passé nous soutient
pour tout rebâtir,
fiers d'être Arméniens,
fiers de nos martyrs.
Sl111111lr11m SEVAG
Papa chiri,
Tu attends depuis très longtemps, trop longtemps papa, depuis 70 ans
j'essaie de la/aire mais les mots ne vie1111e11t pas malgré les pensées qui boui/1011ne11t dans ma tête, éto11jfen1 mo11 coeur, ma feuille reste vierge, mes mai11s tremblent, seules les larmes vie1me11t s'écraser sur le papier. Pourquoi celle clifflculté
quand 011 es fiUe d'1m père et d'une mère écrivain et poètes tous les deux, dont
les ce11tai11es de lettres échangées de l'un vers l'autre semblent issues d'une
source d'inspiration inépuisable, abo1Ulantes, frémissantes d'espoir et d'amour,
témoins précieux de leur courte vie, de leur esprit fertile. Pourquoi 11'ai-je pas
hérité de ce don ?
Tu me répo11drais sans doute papa, qu'un pommier donne toujours les
mêmes pommes mais à l'inverse clUUJue individu est u11ique, ses enfants différenis. Après 9 mois dans le ve11tre de ma mère, puis les 9 mois bercée dans tes
bras, Ill as disparll en disa111 : " La Patrie m'appelle ".
Adieu la vie, adieu bonheur, /oil/ a basclllé da11s 1'horreur et le sang, le
ciel s'est obscurci, les portes arrachées, tout s'est fossilisé dar1s le silence de nos
mémoires. Papa, donne moi les mots justes pour sortir de ce silence, pour te dire
que le temps n'a rien effacé, pour t'assurer à mon tour que les Arméuiens 11e t'ont
p<1s oublié, ils sont là ces témoi11s du génocide, écouta11t ta voix e11core mieux
comprise aujourd'hui, leur présence chaleureuse me soutient pour recevoir les
lio1111e11rs qui te so11t destitzés, pour veiller sur ta flamme.
Poussée par ta force et ta jeu11esse, voici e11fl11 la lettre atte11d11e depuis si
1011g1emps, papa.
Ta jjl/e lm pleurs,
Sliamis
MESSAGE AUX ARMENIENS DU MONDE ENTIER
Arménie ! Arménie !
que ton sang est fort
que ton langage est pur
mais un destin de mort
rend ton chemin si dur
Et ton sang a coulé
inondant les pierres
mais l'enfant fécondé
a parcouru 1a Terre
Enfants de ces martyrs
qu'êtes-vous devenus
quand il fallut partir
orphelins et demi-nus ?
Orphelins du Génocide,
passé Je temps de la pitié,
vous n'êtes plus des apatrides,
vous êtes du Monde Entier
Arméniens dispersés
nés dans tous les pays.
n'oubliez pas le passé,
votre sang d'Arménie
.,
.-..,..... ,..
-. ~
> . .....
Le poète-martyr
Roupen Sevag
1885 - 1915
Enfants de ces martyrs
tous morts innocents,
gardez leur souvenir
car vous portez leur sang
Enfants du Monde entier
ne brisez pas vos liens
à tout appel répondez :
• Je suis un Arménien "
AUX VEUVES ADMIRABLES
" INSOMNIES "
Maman,
Maman dis-moi
pourquoi la nuit
tu ne dors pus ?
Toutes les nuits
j'entends tes pleurs,
tu caches tes lannes,
caches ton malheur.
Maman si belle,
si courageuse,
trop silencieuse.
dis-nous ton secret,
ce qu'on t'a fait.
Parle à tes enfants
que tu protèges tant.
Dis-moi pourquoi
père n'est plus là.
Tes joues sont si pâles,
tes lèvres amincies
retiennent un rllle,
avoue que notre père aussi
à toi te manque aussi.
Tu as vécu l'enfer
des épreuves trop nides,
la mon, la misère
et l'ingratitude,
subi les pires cruautés
les pires injustices
avec tant de dignit6,
tant de sacrifices.
Jani Sevag, veuve à 25 ans quitte Constan1i11ople
avec ses e11fa111s Uvon et Shamiram - 1011915
Dors petite maman , dors,
tu as raison ne dis rien,
non le passé n'est pas mon
il don en choque Arménien.
L'ENFANT DE DEMAIN
Jani Sevag avec ses enfants Shamiram el Lévon
Paris 1925
Un enfant est né.
Venez ! Venez !
C'est un petit Jésus,
un Arménien de plus.
Venez ! Venez !
Un Arménien est né,
venez l'admirer.
Qui est-il ?
D'où vient-il 7
Qu'allons-nous lui donner ?
Donnons-lui notre amour,
souhaitons-lui d'heureux jours.
Demandons à Dieu
ce qu'il y a de mieux.
Donnez ! Donnez 1
Apportez vos offrandes,
vos richesses les plus grandes.
Ne restons pas admiratifs,
soyons plus actifs,
unissons nos efforts
pour qu'il soit grand et fort.
Dès son plus jeune fige,
passons-lui notre langage
comme notre chair, notre sang
marque à jamais nos descendants
et pour calmer ses cris
offrons-lui une Patrie,
radieuse et féconde,
sa place dans le Monde.
Saluez ! Saluez 1
Un Arménien est né,
menons entre ses mains
l'Arménie de demain.
MATERRE
Belle, belle est ma terre,
beau est mon pays,
belle est la lumière
du ciel d'Annénie
La terre de nos pères,
berceau des anciens,
la terre millénaire,
Terre des Arméniens
Des neiges au printemps,
la nature endormie
s'éveille en chantant
les chants d'Arménie
Portes et fenêtres
sont ouvertes à tous
même sans vous connaître,
nul ne vous repousse
Ce pays donne tout
Même ceux qui n'ont rien,
démunis de tout,
l'amour est leur bien
L'amour de leur terre
aux traces du passé
enfouies dans la terre,
jamais effacées
Ceux qui t'ont quinée
parcourant le Monde,
ne cessent de chanter
ton nom dans le Monde
LA CIBLE
Toi, l'enfant du Karabargh
J'aimerais te prendre la main
Toi, la cible des barbares,
Vivras-tu jusqu'à demain ?
Si tu vis jusqu'à demain
Tu seras couvert de gloire,
Grâce à toi notre chemin
S'ouvrira à nos espoirs
Mais l'enfant pleure et se tait,
Lui si joyeux naguère,
Lui qui dansait et qui chantait,
Lui qui jouait à la guerre
Son père est parti aux armes,
Sa mère le remplace aux champs
Le présent n'est plus aux lannes,
Mais à l'affOt des méchants
Le Karabargh t'appartient,
Tu l'as signé de ton sang
Mais la victoire ne s'obtient
Sans la mort des innocents
Bel enfant de l'Arménie,
Prends la main qui te bénit
1994
P r
..... . .
l
LES DERACINES
Nous les dérncinés,
arrachés de nos terres
des siècles el des années,
refusons de nous taire.
Nous les déracinés,
implantés dans le Monde
panout où nous sommes nés,
nos racines sont profondes
Nos racines arrachées
à nouveau s'enracinem
sans jamais se détacher
de nos vraies origines.
Des siècles et des années
nous qui savons souffrir,
bien que déracinés,
refusons de mourir.
école Ro11pe11 SePag d'Eré1•a11
L'HISTOIRE f~ST DANS LA TERRE
Quelque part au nord de la Turquie,
en 1915, des cavaliers traversent un
village, aperçoive111 un homme:
LES MERVEILLES DU MONDE
Toi l'Annénien, as-ru vu !'Ararat?
- Halte-là,
Halle-là redis-je
Où vas-lu ? Que fais-ru là ·1
- Je passe, j'ai ma maison
mon travail, mon champ
Qui es-lu pour me parler :ivec tant
d'arrogance ?
- Je suis né là, c'est mon pays,
mon vi ll age, je suis Arménien
- Répète
- Je suis Arm
- Chien ! Ordure ! Sale crapnud !
Vermine puante ! Sache que tu es Turc
Que cette terre est Turque, nous saurons
l'enfoncer ça dans ln tête, très fort,
très profond, bien au fond de ton champ
sous la terre
C'est ainsi que ces terres de 'I\irquic
tourmentées, incullcs, lx)l1rrécs de cadavres,
sonl en réalité des c imetières d'/\rméniens
Que les neiges d'/\mm1 s'cfTorccnl de purifier
A Paris, c'est la Tour Eiffel,
à New-York ce sont les grattes-ciel,
au Canada les chutes du Niagara
Toi l'Annénien, c'est !'Ararat
En lia.lie tu as Venise,
en lsrai!I la Terre Promise,
le Toaj Mahal t'éblouira,
Toi l'Annénien, c'est l'Ararat
La Grèce t'offre son Acropole,
chaque pays a son symbole
mais nulle beauté n'égalera
ce Mont magique qu'est !'Ararat
Comme un sein dressé dans le ciel
sous un voile de neige éternelle,
ce Mont sublime que tu verras
il est à toi, c'est l'Ararat
VIVAARM.ENIA
SUR LE LAC
Tant que la terre tournera,
Tant que le j our se lèvef'll,
Tant que le soleil brillera,
l'Annénie existera
Comme existe !'Ararat
Que rien ne détruira.
Les temps les plus lointains
Ont endurci les liens
Qui attachent l'Annénien
A la terre des anciens
Comme à l'eau de son sein.
Si le ciel s'obscurcit,
Si l'ennemi ressurgie,
Si la terre tremble aussi,
La tenace Arménie
Relèvera le défi.
Menacée de jours en jours,
Jalousée pour ses atours,
Attentive à se contours,
Eternelle sera toujours
L'Annénie de mes amours.
Arménie prends garde,
Le monde te regarde.
Penche-toi sur Je lac,
penche u peu la tête
vers ce miroir de laque
oll le ciel se reflète.
Penche-toi vers ce miroir,
regarde au fond de l'eau
ta silhouette tout en noir
ondule comme un roseau.
Penche-toi vers ton image,
essaie de reconnaître
quel est ton vrai visage,
quelles pensées le pénètrent.
Penche-toi sur tes pensées,
sur tes secrets enfouis,
cherche dans ton passé
les images englouties.
Laisse voguer sur l'onde
ta vie en avalanche
sur la surface profonde
quand ton coeur s'y penche.
(Une chanson)
Chante, chante Arménie,
Tes chants sont si beaux
Chante, chante pour la vie,
Chante pour ton drapeau
Chante, chante pour ta mère,
Chante, chante pour ton père,
Pour tes soeurs et tes frères,
Pour la paix qu'on espère
Réunis tes enfants
Quand l'espoir triomphant
Fait éclater leurs chants
Dans leurs coeurs innocents
Liberté
c'est l'air que l'on respire
jusqu'au dernier soupir
Liberté
c'est la fibre essentielles
c'est Je pain de nos jours
peut-on vive sans soleil ?
peut-on vivre sans amour ?
Liberté
c'est le chant de la mer
Je passage d'un troupeau
c'est Je lait de ma mère
c'est mourir pour son drapeau
Liberté
c'est la raison de vivre
quant on est opprimés
c'est un air qui enivre
quant on s'est détaché
Liberté
c'est Je désir universel
d'une vie sans tabou
mais la liberté cruelle
quand la mon est au bout
Chante, chante Arménie,
Nous aimons te chanter,
Chanter à l'infini
Amour et Liberté
Amour et Liberté
NOSTALGIE A VENISE
L'ATTENTE
Amour, amour
Viens je t'attends,
Amour, amour
Depuis longtemps.
Viens, je t'en prie,
Mon coeur se meurt,
Le ciel est gris
mouillé de pleurs.
Et s'il fait beau,
C'est encore pire
Mon coeur si chaud
N'est que soupirs.
Un seul baiser
S'il est d'amour
Peut m'apaiser
Mieux qu'un discours.
Viens le temps passe,
Fâne la rose.
Rien ne remplace
Une si belle chose.
Je te salue Venise
Tes canaux, tes églises,
Tu es la terre promise
Où mes pas me conduisent.
Clef de mes convoitises
Que tes beautés attisent,
Le coeur se fragilise
De passions exquises.
Toutes les folies permises,
Les rencontres s'improvisent,
Les espoirs se construisent,
Les amours s'idyllisent,
Les serments s'éternisent.
Tes canaux vocalisent
D'envoOtantes missives
Qui m'attirent et me grisent
Aimantées à tes rives.
Mais je reste pensive,
Solitaire sur la rive,
Les fantasmes me nuisent
Et mon rêve s'enlise
Effacé par la brise,
Comme s'efface Venise,
Le profil des églises
Dans un voile de brume grise.
Adieu, trop belle Venise.
L'IMPOSSIBLE RETOUR
Quand on arrive au bout
D'un très, très long passé,
Pourquoi refusons-nous
Le temps de trépasser ?
A ces jours qui nous restent
On en voudrait encore,
Bien que vivant, des restes
Qu'accorde notre corps.
Toute la vie est derrière,
On n'avance plus d'un pas.
On voudrait qu'une barrière
Retienne le dernier pas.
Quand la mémoire s'éteint,
C'est un passé sublimé
Qui, par images, revient
De ceux qu'on a aimés.
De ce corps assoupi
Par la longévité,
Qu'avons-nous accompli
Pour la pérennité 1
Avec les souvenirs,
Le temps a passé vite,
Tant de choses à dire
Qu'on a pas encore dites.
De tous les grands bonheurs,
Lequel a plus compté ?
Quand enfin viendra l'heure,
Que faut-il emporter?
MON ARBRE
Tu es mon bel arbre
Au flanc d'Ararat,
Entre roche et marbre
Tu t'élèveras.
Moi je suis ta feuille,
Ta sève est mon sang,
Mais un arbre s'effeuille
Par vent trop puissant.
C'est un vent d'avril
Qui m'a arrachée,
Retombant en vrille
Au pied des rochers.
Ce vent m'a poussée
Très très loin de toi,
Les frontières passées
Par-dessus les toits.
N'ayant plus ta sève
Quand demain je meurs
Si ma vie s'achève,
Toi, mon arbre, demeures.
SHAMIRAM SEVAG
Nous sommes tous les feuilles tphtmères
de l'orb~·palrie. Quelques u11es skhent
au creux d'un livre e11 so11venir.
Auroî·fe le mime son ?
LA VIE EN PLEURS
J'ai pleuré l'été.
J'ai pleuré l'hiver,
ma vie a été
joncMe de revers.
pourtant j'ai souhairé
vivre bras ouverts
devanr les beaurés
qu'offre l'Univers.
J'ai pleuré mon père
J'ai pleuré ma mère
el je désespère
de devenir mère.
Les nuirs et leurs jours
se son! chevauchés
sans qu'aucun amour
ne m'ait auachée,
mon coeur est touché
par les bois dorés
mais l'oiseau léger
va erre liré,
la biche, accrochée,
scrn dévorée,
les monts enneigés
von! se dénuder.
J'ai beau l'adorer
ma vie est amère.
J'ai plcunl la guerre,
la fin des moissons.
j'ai perdu ma terre,
perdu ma maison.
perdu mon chemin.
perdu la raison.
J'ai rendu la main,
fouillé l'horizon,
pourtant dès l'aurore
la vie me soulève,
le soleil redore
ce que ta nuit m'enlève.
Pourtant, oui pourtant,
Je Monde n'est pas noir,
revien1 le printemps,
avec lui l'espoir.
Et, si un ami
me prenait la main,
je sais que ma vie
serait belle demain.
SOUVENIR
SOUVENIR
Devant l'embarcadère,
J'attendais le bateau
Mais lui regardais l'eau,
Penché sur la barrière.
Je l'avais remarqué
Tant il me semblait beau.
Nous avons embarq ué
Sans se dire un seul mot.
Pour un mnriage à bord,
Dans ce très beau décor,
Arrivent sur le quai
Des présents, des bouquets.
Ces fleurs enrubannées
Et ce bel inconnu,
Une pensée ingénue
Me les fit destinées.
Je n'étais plus lucide
En abordnnt cette île,
L'atmosphère translucide
Favorisait l'idylle.
Il m'a prise par la main
Pour mettre pied à terre
Et pris le même chemin
Embelli de chimères.
Il était venu peindre
Pour un petit séjour ;
Aussitôt, j'ai pu craindre
D'être seule au retour.
Alors j'ai succombé
Jusq u'à la nuit tombée,
lirant la quintessence
De notre connaissance
E!t, le coeur transpercé,
Refait la traversée,
Gardant jusqu'à ce jour
Ma belle histoire d'amour.
MIROIR BRISE
MIROIR BRISE
Miroir, mon cher miroir,
Réponds à mon appel.
J'ai rendez-vous ce soir,
Il faut que je sois belle.
Au charme de son sourire
Je n'ai plus rien à offrir,
Plus de chevelure soyeuse
Ni plus de lèvres rieuses
Belle pour rencontrer l'Amour
Que j'espérais à vingt ans,
Celui qu'on attend toujours,
Qui arrive si tardivement.
Je guetterai dans son regard
Toutes les faiblesses que j'avoue
Non, vraiment, c'est bien trop tard,
Je n'irai pas au rendez-vous
J'ai peur de mon image.
Ne pouvant plus effacer
Les marques sur mon visage
Que les années ont tracées.
Adieu tendres soupirs,
Je vais sOrement en mourir
Seul mon amour rêvé
Peut encore me sauver
Je suis touchée comme une cible
Par un amour impossible
Qui m'entraîne à mon insu
Vers un chemin sans issue.
Et toi, cruel miroir,
Je vais te laisser choir
C'est comme un bel oiseau
Venu au creux de la main
Pour picorer quelques grains
Puis s'envoler très haut.
L'amour a vingt ans
Est toujours vainqueur
Mais il est perdant
Quand ce n'est plus l'heure
DE PASSAGE...
Nous sommes tous de passage
comme les fleurs, les oiseaux
la vie est un brassage
chaque jour un renouveau
Chacun fait son tour
dans une ronde immense
sans espoir de retour
pour une seconde chance
Il faut céder la place
à ceux qui vont venir
mais en laissant nos traces
marquer leurs souvenirs
Bien marquer son passage
aller vers l'essentiel
emporter son message
par les chemins du ciel
Chacun a son temps
chacun une mission,
le chêne a longtemps,
deux jours le papillon
Et moi combien de temps
pour déguster ma vie ?
pour accomplir à temps
mes tâches inassouvies ?
Mon père une vie trop courte
pour sa mission humaine.
moi plus longue est ma route
pour prolonger la sienne
L'arbre a donné ses fruits
les fleurs laissent leurs essences,
moi je quitterai sans bruit
ma part de l'existence
S/1a111ira111 SEVAG
8/1995
LE DERNIER MOT
Et quand je partirai
Pour le dernier voyage
Quel mot je noterai
Sur ma dernière page ?
Quel mot je choisirai
Le plus fou ? Le plus sage ?
Est-ce que j'exploserai
Rugissant de rage
Ou bien je me plierai
A ce fatal passage...
Je me dénuderai
Dans un ultime message
Ou je me masquerai
D'un savant maquillage
Mille pensées surgiraient
Toute une foule de visages
Peut-être j'emporterai
L'inconnu de passage.
Le destin c hoisirait
L'instant et le rivage
Qui marquera l'arrêt
De tous les bavardages.
Est-ce s ans peur, sans regrets
Ou cruel arrachage ?
Est-ce que je serai prêt
Ou surpris en sauvage ?
Mes pensées, mes secrets
Seront-ils du voyage ?
Ou mon silence serait
A jamais sans partage...
Partirai-je en secret
Ou bien selon l'usage
Seul Dieu me guiderait
Pour mon plus beau voyage
Et je m'effacerai
Dans l'océan de nuages
Sans peur, sans regrets
Sans laisser de message...
" J'ai vécu " suffisait
Point final sur ma page.
Ouvre ta route
Pour la liberté,
Ouvre ta main
Pour la charité,
Ouvre ton coeur
A l'humanité,
Offre un laurier
Pour la Paix.
Shamiram SEVAG
SHAMIRAM FOLCO-SEVAG
S, RUE HENRI CORDIER
06000 NICE
FRANCE