JUIN 2014 – No 78 INFOTELLERIE Du gain accessoire à l’économie souterraine Lorsque, enfant, je passais des vacances dans l’Oberland bernois avec mes parents, nous remarquions des pancartes, inexistantes chez nous, accrochées au portail d’un chalet ou d’une villa. L’intitulé était simple : « Zimmer frei ». C’était souvent un couple de retraité qui louait occasionnellement une ou deux chambres à des touristes de passage pour arrondir ses fins de mois. Des agriculteurs se sont mis à faire de même pour compléter le revenu insuffisant que leur procuraient les denrées alimentaires qu’ils produisaient. Cette offre était complémentaire à l’hôtellerie et à la para-hôtellerie traditionnelle. Aujourd’hui, tout a changé avec l’arrivée d’internet. La chambre d’hôtes n’est plus un revenu occasionnel, mais elle est mise en vente en permanence dans le monde entier. Le marché est tellement juteux que certains en font profession et louent ou achètent des appartements pour les transformer en chambres d’hôtes. On assiste donc, couvert par un discours intello-bobosociologique (économie du partage ou de l’usage au lieu de propriété… etc.), Page 2 114500849 ARH Infotellerie No 78.indd 1 au développement d’une économie de l’hébergement parallèle et plus ou moins clandestine. Et, contrairement à la citation d’un consultant dans « Le Matin Dimanche » du 2 février dernier, les hôteliers ne « gueulent » pas contre ces nouveaux acteurs. Toute concurrence est stimulante. Mais à condition d’être loyale et que les règles du jeu, notamment les normes légales, soient les mêmes pour tout le monde, ce qui est loin d’être le cas. En effet, les chambres d’hôtes ne sont pas soumises à autorisation. Elles sont donc inconnues des administrations. Elles peuvent, sauf bon vouloir des tenanciers, ne payer ni taxe de séjour, ni TVA ou impôts. Elles ne sont soumises à aucun contrôle en matière d’hygiène ou de sécurité, notamment en cas d’incendie. Enfin les éventuels collaborateurs ou collaboratrices ne sont pas soumis à la convention collective de l’hôtellerie-restauration, voire peut-être payé de la main à la main sans déclaration de salaire. L’hôtelier, le tenancier de camping et les autres acteurs de l’hébergement touristique traditionnel ne peuvent échapper à ces contraintes légales, réglementaires ou conventionnelles. La mondialisation par internet fait Pages 4-5-6 qu’une activité marginale et accessoire devient très rapidement professionnelle et importante. Sur le site le plus connu, dont on ne parlait pas encore il y a deux ans, plus de 5000 chambres d’hôtes ou appartements loués à la nuit en Suisse, dont plus de 340 à Lausanne, sont mis en vente. C’est 4 fois le nombre de chambres d’hôtel du canton de Fribourg et plus de la moitié de la capacité des hôtels vaudois. Internet va trop vite. Les lois nationales n’arrivent pas à suivre cette évolution et sont souvent impuissantes face à des activités délocalisées ou facilement délocalisables. Mais les chambres d’hôtes, tout comme les hôtels, ne peuvent s’évanouir à l’autre bout du monde. Il est donc possible de réguler leur activité dans le pays et de les soumettre à des règles analogues à celles que respectent les autres formes d’hébergement touristique, dont l’hôtellerie. Il est indispensable que naisse une volonté politique, actuellement absente tant au niveau fédéral que cantonal, pour commencer de rétablir une concurrence loyale entre hébergeurs. Philippe Thuner Président de l’ARH Pages 12-13 17.06.14 14:55 L’invité Lorenzo Stoll, le directeur général de Swiss à Genève «Face à la concurrence à Cointrin, les règles du jeu sont faussées» Un abord sympathique de bon vivant, des yeux rieurs et le sourire avenant, Lorenzo Stoll, 42 ans, a débarqué dans le cockpit de la compagnie aérienne Swiss le 1er octobre dernier avec tous les atouts nécessaires à ce poste (de pilotage) exposé. Ses principaux atouts ? Une formation à l’Ecole hôtelière de Lausanne, des débuts professionnels à l’Office du tourisme de Montreux, puis douze années passées à naviguer sur les eaux de Nestlé Waters (Suisse) à Henniez (VD). Trilingue grâce à un père zurichois et une mère tessinoise, il a vécu à Zurich jusqu’à ses dix ans avant de déménager à La Tour-de-Peilz : « Mon papa y a ouvert son cabinet de gynécologie en 1981. Ma maman était psychiatre et rien ne me destinait à l’hôtellerie ou à l’aviation, confie le nouveau boss de Swiss à Cointrin. J’ai effectué mon premier stage à L’Hôtel du Lac à Vevey, puis au Baur-en-Ville à Zurich et enfin au Royal Savoy à Lausanne ». Alors qu’il entame sa treizième année chez Nestlé, il est contacté par un chasseur de tête : « Quand cette opportunité s’est présentée, j’avais envie de changer d’horizon. C’était une sorte de retour aux sources, retrouver la tradition d’accueil de l’hôtellerie et me tourner vers l’aviation, qui a toujours eu pour moi ce côté un peu magique et glamour ». Lorenzo Stoll prend la tête de la compagnie à un moment-clé de l’histoire de la compagnie aérienne en Suisse romande. Au départ de Genève, Swiss est passée de 12 destinations en 2012 à 30 au printemps 2014. Et d’une centaine de collaborateurs à 350 à fin 2015. Avec 9 avions basés à Genève, la stratégie de déploiement de Swiss passe par davantage de personnel de cabine francophone. Au total, ils seront 150 hôtesses et stewards. Pour les pilotes, on en prévoit 80 à plus long terme suivant les conventions collectives de travail avec le syndicat de pilotes. « A un certain moment de son développement, Swiss et Lufthansa ont été confrontées à un véritable choix, poursuit Lorenzo Stoll. Soit on fait le boulot sérieusement à Genève, soit on envisage des solutions plus drastiques. Finalement, la décision a été prise d’investir à Genève, entre autre pour concurrencer Easyjet sur les courts courriers ». Résultats des vols : l’option Geneva Economy Light débute à 39 francs (aller simple, sans bagages en cabine, avec les taxes et le même service à bord). Le 2e tarif est le Geneva Flex à 89 francs (aller simple en Europe avec bagage en soute de 23 kg et changement possible de réservation). Tarif valable pour toutes les destinations européenne (29 en tout) sauf Barcelone, Moscou et St-Pétersbourg : « Mais le prix n’est pas le seul facteur décisif pour le client, estime l’homme de Swiss. Il y a aussi les horaires et le service à bord. C’est là que nous avons choisi de nous démarquer. En fonction de la durée du vol, cela va du café-croissant au repas chaud quand le vol dure plus de 2 h et quart, pour Lisbonne par exemple ». Face à Easyjet et Emirates-Etihad « Je reste convaincu que la concurrence est saine tant que l’on joue sur le même terrain, avec les mêmes arbitres, et les mêmes règles, estime le nouveau boss. La problématique des compagnies du Golfe, c’est qu’elles sont assimilables à des compagnies d’Etat, alors que nous sommes des compagnies privées. Cela ne se joue pas tellement sur le carburant, mais sur les conditions cadres. Dans leurs hubs d’origine, il n’y a pas d’interdiction de vols de nuit et elles n’ont pas les mêmes conditions sociales. Celles-ci sont indispensables, mais elles ont un coût et cela influence notre compétitivité. En Europe, les pouvoirs publiques ont décidé de privatiser massivement les compagnies aériennes et c’était la bonne décision. Mais Swiss demande au pouvoir politique de prendre conscience que les compagnies du Golfe, tout comme Turkish Airlines, peuvent présenter un risque pour les emplois et l’industrie aérienne en Suisse ». Mais comment assouplir certaines règles ? « La Suisse pourrait envisager des durées de vol prolongées ou une prise en charge différenciée des coûts de sécurité et de contrôle aérien, estime Lorenzo Stoll. L’Etat qui a la mission de sauvegarder la sécurité pourrait prendre en charge une partie des coûts en collaboration avec Skyguide. Il faut que les pouvoirs politiques admettent qu’il n’est pas acceptable que des Etats investissent dans des entreprises européennes sans instaurer de contrôles ». Ainsi Etihad, la compagnie d’Abu Dhabi, vient de racheter la tessinoise Darwin pour desservir ses hubs et au-delà sa plateforme des Emirats pour gagner le reste du monde… L’expérience ressemble à celle de Crossair à la glorieuse époque de Swissair. Aujourd’hui Etihad contrôle 49% du capital d’Etihad Regional, basée à Lugano : « Là aussi, si c’était des compagnies soumises aux mêmes conditions-cadres, il n’y aurait pas de problème. Que le meilleur gagne, le plus inventif, le plus rapide, le plus créatif, le plus séduisant, mais au moins que l’on se batte O.G. avec les mêmes règles du jeu ! » Sommaire 3Actualité 4Gastronomie Impressum Infôtellerie Suisse romande : Magazine trimestriel d’informations touristiques et économiques de l’Association Romande des Hôteliers. Editeur : Association Romande des Hôteliers, chemin de Boston 25, 1004 Lausanne, tél. : +41 21 617 72 56, fax : +41 21 617 72 27, e-mail : [email protected]. Site internet: www.hotellerieromande.ch Impression: PCL Presses Centrales SA, Renens Rédacteur responsable : Olivier Grivat. Ont collaboré à ce numéro : Philippe Thuner et Olivier Grivat. Adresse de la rédaction : Olivier Grivat, journaliste RP, chemin de Leisis 5a, 1009 Pully, tél. +41 79 412 22 72, e-mail : [email protected]. 2 114500849 ARH Infotellerie No 78.indd 2 5-6-7 Christian Clerc Four Seasons 8-9 Assemblée générale au Brassus 10 Label Qualité 11 Montreux Jazz Café 12-13 Jean-François Roth Suisse Tourisme 14-15 Nouveautés de BOAS 16 En bref + Agenda Infôtellerie – Juin 2014 – No 78 17.06.14 14:55 Actuel Taxer les «lits froids»? Le TF dit oui Le Tribunal fédéral a donné raison à la commune de Silvaplana (GR) qui veut instaurer une taxe sur les logements de tourisme inoccupés. En Valais, de nombreuses communes veulent imiter l’exemple. Le Tribunal fédéral a donné son accord à une taxe voulue par la commune grisonne de Silvaplana, que contestait une centaine de propriétaires. Le système vise à limiter les résidences secondaires non occupées et il est jugé compatible avec la Lex Weber acceptée par le peuple en mars 2012 et qui limite à 20% le nombre de résidences secondaires par commune, ont estimé les juges de Mon-Repos. L’initiative de Franz Weber n’épuise pas la question des «lits froids» et n’empêche pas l’introduction d’un impôt communal ou cantonal visant à augmenter le taux d’occupation des résidences secondaires. Le nouvel impôt ne représente pas une atteinte inadmissible à la garantie de la propriété. La restriction qu’il génère reste limitée: les propriétaires ne sont pas obligés de mettre en location les résidences secondaires et ils restent libres de les occuper eux-mêmes. La commune de Silvaplana pourra donc percevoir un impôt sur les résidences secondaires. Le taux prévu est de un pour mille de la valeur déterminante pour l’impôt sur la fortune et ne peut pas dépasser deux pour mille selon les prescriptions cantonales. Le boom des résidences secondaires détruit les structures du village, a argumenté la syndique de Silvaplana, Claudia Troncana: 1000 habitants occupent quelque 570 appartements, alors qu’il y a environ 1600 résidences secondaires et 730 lits d’hôtels plus ou moins occupés. L’assemblée communale de Silvaplana avait approuvé en février 2010 la taxe d’incitation sur les résidences secondaires, confirmée ensuite par le Conseil d’Etat grison. Saisi d’un recours, le TF a finalement débouté une centaine de propriétaires concernés. Crans-Montana et Zermatt aussi La décision du TF a fait pousser un ouf de soulagement en Valais, où plusieurs communes veulent aussi introduire une taxe sur les résidences secondaires pour inciter leurs propriétaires à les habiter davantage, ou à les louer. A Crans-Montana, les six communes de la station comptent 10’000 résidences secondaires. Il faudra y résider 75 jours par an (la moyenne est actuellement de 35 à 40 jours annuels) pour se voir dispenser d’une Infôtellerie – Juin 2014 – No 78 114500849 ARH Infotellerie No 78.indd 3 taxe qui pourrait rapporter 10 millions et qui serait affectée, notamment, au développement général du tourisme sur le territoire de Crans-Montana. La taxe est fixée à 20 francs par m2 de surface brute de plancher utile. Plusieurs dizaines de propriétaires de résidences secondaires ont fait recours contre cette mesure qui est loin de faire l’unanimité. Les communes se font facilement de l’argent grâce aux taxes d’incitation, mais l’occupation des appartements n’a pas augmenté pour autant, affirment les propriétaires.. Le TF avait déjà dû intervenir en 2010 en Valais. Il avait alors donné son feu vert au règlement adopté par la commune de Val-d’Illiez pour lutter contre les lits froids, déboutant ainsi une société de construction de Monthey. La nouvelle loi valaisanne sur le tourisme, qui devait aider à résoudre ce problème via une taxe, a été refusée très nettement en votation populaire en 2009. Quelques communes comme Val-d’Illiez, Zermatt ou Bïrchen ont donc décidé d’introduire des taxes incitatives. Ainsi, à moins d’occuper leur logement ou de le louer pendant 70 jours, les propriétaires d’une résidence secondaire située aux Crosets, à Champoussin ou dans un autre secteur touristique de Val-d’Illiez doivent payer une taxe communale. A Zermatt, la taxe fixée est de 5’000 francs par appartement non-occupé pendant une bonne partie de l’année. Les propriétaires de résidences secondaires se sont ligués en association pour payer les frais d’avocat en vue d’une bataille judiciaire qui risque d’être âpre: «Le fait de devoir annoncer notre présence à l’avance pour échapper à la taxe communale et la surveillance exercée posent de vrais problèmes,» estime André Gossauer, le président de la Fédération valaisanne des résidences secondaires. O. G. La commune de Silvaplana pourra percevoir un impôt sur les résidences secondaires. (photo Suisse Tourisme) Des étoiles... ... et des casseroles à Claude Petitpierre à Vera Weber Après dix-neuf ans à la tête de l’organe de promotion touristique de la Ville, Claude Petitpierre prend une retraite bien méritée, le 1er juillet. Vivement apprécié de tous ses collaborateurs et partenaires, le Vaudois sera remplacé à la tête de Lausanne Tourisme par Steeve Pasche, 34 ans. L’actuel chef du service Congrès et Manifestations de Lausanne Tourisme, diplômé de l’Ecole suisse de Tourisme de Sierre, aura comme mission de poursuivre la promotion touristique de la Ville, première destination du canton. O.G Non contente de semer la zizanie dans le monde de l’immobilier, la fille de Franz Weber part en guerre contre les aquariums géants : « Au XXIe siècle, on ne peut plus cautionner le fait de laisser végéter des créatures aquatiques derrière les vitres ». Il est vrai que les poissons de mer enserrés dans les mailles des filets japonais ressentent infiniment plus de bonheur et de liberté que ceux qui batifolent dans les grands aquariums marins. A quand la famille Weber dans un bocal ?. 3 17.06.14 14:55 Gastronomie Un repas coté 9 étoiles Les trois chefs trois étoiles Philippe Rochat, Fredy Girardet et Benoît Viollier en compagnie du vigneron 3 étoiles, Raymond Paccot, de Féchy. Le temps d’une unique soirée qui a réuni le 15 mai dernier quelque 70 convives à l’Hôtelde-Ville de Crissier, Fredy Girardet et ses successeurs Philippe Rochat et Benoît Violier ont composé un menu unique, accompagné des crus du vigneron Raymond Paccot. Asperges vertes, araignées de mer, grenouilles aux morilles, filet de bar, homard bleu, selle d’agneau, fromages et éventail de desserts, ce menu unique a marqué les retrouvailles de trois générations de chefs trois étoiles qui ont assuré durant plus de trois décennies le rayonnement international du restaurant vaudois. Les bonnes choses vont par trois! De leur collaboration avec Raymond Paccot, propriétaire vigneron du Domaine La Colombe, est né un événement exceptionnel, ainsi que trois crus de haute lignée. La rencontre des chefs étoilés et du vigneron de Féchy a mis à l’honneur les accords subtils entre le meilleur de la gastronomie et l’expression des vins du terroir. Les trois chefs qui se sont succédés à Crissier ont tous collaboré avec Raymond Paccot depuis 1980, l’année où l’artisan qui a fabriqué un vélo sur mesure pour Fredy Girardet, a eu la bonne idée de lui offrir un vin de La Colombe, issu du domaine de Raymond Paccot. Le cadeau apprécié à sa juste valeur contribuera à créer en 1988 une première sélection Fredy Girardet, à l’époque où le maître de Crissier cherchait des blancs suisses plus gastronomique et sans trop de 4 114500849 ARH Infotellerie No 78.indd 4 fermentation malolactique pour apporter un peu de fraîcheur. Plus tard, en 1996, une sélection Philippe Rochat suivra, à majorité chasselas, suivie en 2013 d’une cuvée Benoît Viollier, lequel aura l’idée de créer un coffret des trois vins des trois chefs aux trois étoiles, un ensemble proposé à trois fois 25 francs. Haute gastronomie et haute horlogerie La Manufacture Blancpain était le partenaire du dîner préparé par les trois chefs du restaurant de l’Hôtel-de-Ville de Crissier. Ce rendez-vous exclusif a couronné les liens étroits unissant l’horlogerie à la haute gastronomie et à l’œnologie, bien avant qu’Alain Delamuraz se lie d’amitié avec Fredy Girardet, puis avec ses successeurs: « Cette rencontre montre l’intime conviction qu’il existe un lien entre haute horlogerie et « Horlogers, cuisiniers et vignerons nourrissent une passion commune pour l’artisanat, le savoirfaire, la précision des gestes et la minutie du travail fait main… » haute gastronomie, assure le vice-président de Blancpain, par ailleurs diplômé de l’Ecole hôtelière de Lausanne (EHL) et ancien directeur du Beau-Rivage Palace à Lausanne. Sous sa houlette, la marque n’a cessé de nouer des relations privilégiées avec les plus grands chefs du monde, des associations à des concours gastronomiques tels que le Bocuse d’or et des partenariats avec Relais & Châteaux et les Leading Hotels of the World. Selon ce fin gourmet, horlogers, cuisiniers et vignerons nourrissent une passion commune pour l’artisanat, le savoir-faire, la précision des gestes et la minutie du travail fait main selon un dosage harmonieux d’inventivité dans un esprit d’authenticité et de quête de la perfection. Les vins de Raymond Paccot Quant aux nectars, ils étaient placés ce soirlà sous la haute responsabilité de Raymond Paccot, vigneron-encaveur à Féchy. Issu d’une lignée de vignerons-tâcherons originaire de Savoie, il a enseigné et roulé sa bosse de par le monde, avant de venir au vin sur le tard, après une courte percée dans l’enseignement. Depuis qu’il a pris la succession de son père à la tête du domaine de La Colombe, en 1982, il n’a cessé d’innover pour finir par s’imposer comme l’un des meilleurs producteurs romands. Notamment en s’efforçant d’associer ses meilleurs crus avec un menu chasse élaboré par Benoît Violier, avant même son arrivée à la tête de la brigade de Crissier. Sur les 15 ha de son domaine, dont une majorité cultivée en biodynamie, Raymond Paccot produit 17 vins. Le chasselas y dispose d’une place de choix avec quatre crus, de La Colombe jusqu’au Brez, dédiée à la gastronomie. « Faut-il assortir les vins en fonction du menu ou le menu en fonction des vins ? » se demandait Philippe Rochat à l’heure du débriefing dans sa cuisine. Un peu l’histoire de l’œuf et de la poule. Ou du cep et de la grappe… O.G. Infôtellerie – Juin 2014 – No 78 17.06.14 14:55 Four Seasons « Je peux envisager deux à trois nouveaux palaces en Suisse » Directeur Général du George V depuis deux ans et désormais Senior Vice-President de Four Seasons, le Montreusien Christian Clerc, 47 ans, déménage les bureaux Europe– Moyen-Orient–Afrique du groupe de luxe canadien, de Genève à Dubaï. – Comment devient-on directeur général d’un des meilleurs hôtels du monde ? – Il faut saisir les opportunités que présente la vie. A l’Ecole hôtelière de Lausanne, si l’on m’avait dit que je serai un jour le patron du George V, je ne l’aurais pas cru. Mes parents ne viennent pas de l’hôtellerie. Mon père, physiothérapeute à Montreux, et ma mère, esthéticienne, exploitaient l’un des premiers spas de la région, l’Institut Senor à l’Excelsior Le Vaudois Christian Clerc est à 47 ans le tout nouveau Senior vice-président du groupe Four Season’s à Dubaï. Infôtellerie – Juin 2014 – No 78 114500849 ARH Infotellerie No 78.indd 5 5 17.06.14 14:55 Four Seasons de Montreux. Je suis tombé dans l’hôtellerie un peu par hasard, la famille de mon meilleur ami d’enfance possède le restaurant de La Rouvenaz. Quand on voulait aller jouer, il fallait qu’Enzio aide au restaurant. Sa maman Monique ne nous laissait pas partir avant d’avoir terminé le travail, je l’aidais donc au service. J’adorais cette énergie, les gens, les célébrités du Festival de jazz venus se restaurer. J’ai toujours aimé l’ambiance des hôtels, regarder les gens bien habillés déambuler. Cela m’a conduit à faire l’Ecole hôtelière de Lausanne. J’ai adoré. Tout de suite j’ai voulu voyager. J’ai effectué mon premier stage au Mexique et deux en Suisse, au Palace de Gstaad et à l’Intercontinental de Genève; son restau- « Zurich est un marché pour nous et pourquoi pas les Alpes? Je pourrais très bien imaginer encore deux ou peut-être trois établissements en Suisse. Mais il est difficile de construire, il faut donc dénicher de beaux objets... » rant en face de l’ONU, le Continent avait une étoile Michelin. J’ai aussi adoré Gstaad, on commençait à 5 h du matin pour servir les petits-déjeuners, ensuite le lunch au Sans-Cravate, puis le soir au Grill. On aidait encore au Gringo le soir, sans oublier d’aller skier entre 14 et 18 h ! – Quelles qualités essentielles sontelles nécessaires? – Pour ce métier, il faut beaucoup de passion et parler plusieurs langues. Ma maman est italienne. Je parle italien, anglais et espagnol. L’allemand, je l’ai pas mal perdu après l’armée servie dans les grenadiers de char. J’ai rencontré ma femme à Washington. Nous sommes mariés depuis 20 ans, avons une fille de 19 ans qui étudie la médecine dans le Connecticut et une autre de 15 ans à l’Ecole américaine de Paris. Je suis détenteur d’un passeport américain, mais je me sens très suisse. Je viens de reprendre la maison familiale de Chamby. Je suis très attaché à la Suisse et trouve malheureux le climat actuel entre nos deux pays. Les USA m’ont beaucoup donné, aussi bien sur le plan familial que professionnel. Ce pays n’est pas parfait, mais offre une fraîcheur, un esprit d’entreprise inégalable. – Quelle est la meilleure école hôtelière au monde ? – Celle de Lausanne, mais j’apprécie aussi Cornell University (Etat de New York). Lausanne vous forme en tant qu’hôtelier, Cornell est plutôt une école de commerce. 6 114500849 ARH Infotellerie No 78.indd 6 L’EHL ne laisse rien au hasard. Regardez ces fauteuils au George V, le tissu est fait de crin de cheval que plus personne ne sait entretenir. Pour cela, il faut une formation, cerner tous les éléments qui font un grand palace. Nous travaillons bien sûr avec l’EHL, nous accueillons des stagiaires. D’autres Four Seasons le font aussi. Nous accordons des bourses et offrons des séjours à des étudiants méritants. Je reste en contact avec les Anciens. Beaucoup ont fait de très belles carrières. Pas forcément dans l’hôtellerie. – Après Washington, Paris et Dubaï, pourriez-vous travailler en Suisse? – Je me verrais y travailler dans un nouveau chapitre de ma vie, là où l’aspect carrière est moins important. Plutôt dans le cadre d’un projet au niveau de la promotion de la Suisse ou en tant qu’investisseur, voire dans le domaine de l’éducation. Actuellement, les bureaux de Four Seasons pour l’Europe, le Moyen-Orient et l’Afrique sont à Genève, à la rue du Rhône, mais nous allons les déplacer à Dubaï. J’ouvre ces nouveaux bureaux en tant que Senior Vice-President Four Seasons et serai en charge d’une trentaine d’hôtels et d’une vingtaine de projets. Dubaï est un endroit très stimulant pour une équipe qui couvre une vaste région qui va de Dublin à Bakou et de St-Petersburg à Johannesburg. Dubaï est un endroit facilement accessible avec son hub d’Emirates qui couvre les cinq continents. Comme je vais passer 75% de mon temps à voyager, cela me permettra de passer moins de temps dans les avions. Je suis à Paris depuis 2012. La compagnie a décidé de me faire évoluer plus rapidement. Le titre de directeur-général du George V sera le titre que j’aurais été le plus fier de porter dans ma carrière mais la nouvelle position de Senior Vice-President est exceptionnelle. Elle va me permettre d’influencer l’avenir de cette belle compagnie et de représenter les couleurs de la Suisse au niveau international. Mes nouvelles fonctions signifient aussi que je ne serai plus basé dans un hôtel, ce qui certainement me manquera. Il y a une noblesse dans le métier de directeur général d’hôtel. Cette perte sera pour moi difficile. – Que pensez-vous de l’hôtellerie suisse? – Elle est en rebond. Elle s’est montrée un peu moins dynamique qu’espéré au niveau du produit hôtelier et du service. On s’est un peu reposé sur nos lauriers dans les années 80 à 90, mais j’ai beaucoup d’espoir pour l’avenir. Nous assistons à la naissance d’une génération de jeunes hôteliers et d’entrepreneurs dynamiques qui ont envie d’amener une nouvelle fraîcheur, une vision. La Suisse possède une tradition et un parc hôtelier exceptionnels. Il y a encore de la marge pour la progression touristique. Je suis très optimiste. La Suisse a une belle carte à jouer. – Les horlogers se lancent dans les palaces. Chopard a acheté l’Hôtel de Vendôme... – On peut citer aussi Bulgari, Armani et même Ferrari en Espagne. C’est le signe de la puissance des marques. A notre niveau hôtelier -– des 5 étoiles de 120 à 240 chambres –, les clients font davantage confiance à une marque experte en son domaine. Nous n’allons pas commencer à créer des hôtels de 600 ou 700 chambres. Le groupe Four Seasons est connu pour ne gérer que des hôtels de petite et moyenne tailles. Et que des établissements d’exception. A notre niveau d’hôtellerie de luxe, les gens continueront de faire confiance à des marques qui ont une tradition de qualité. La compétition est toujours saine. Je n’y suis pas opposé. Cette approche très ciblée dans tous les marchés est la signature de notre nouveau CEO, Alan Smith. Il veut une croissance contrôlée dans les marchés importants pour nous, comme Barcelone et Madrid où nous avons des projets exceptionnels en cours. A notre niveau de l’hôtellerie de luxe, les gens continueront de faire confiance à des marques qui ont une longue tradition de qualité. – Combien d’employés par chambre et combien pour le budget floral ? – Nous avons 650 employés pour 244 chambres et c’est un niveau assez rare pour Paris. Les fleurs représentent aussi un budget exceptionnel. C’est l’œuvre d’un directeur artistique, un véritable artiste à qui l’on doit cet aspect féerique. La Cour de Marbre avec ses orchidées suspendues rend l’hôtel un peu moins formel. On veut que le client se sente à l’aise, le faire rêver... Le mot luxe peut faire peur. Un palace peut être un endroit impressionnant. Le «Les bureaux de Four Seasons pour l’Europe, le Moyen-Orient et l’Afrique sont à Genève, mais nous allons les déplacer à Dubaï…» George V existe depuis 1928, son service est à la fois chaleureux et attentif. C’est le style Four Seasons. Nous souhaitons offrir à nos clients une qualité de service exceptionnelle, mais avec une approche humble et empreinte d’une grande gentillesse. Se rappeler que la personne qui compte le plus, c’est le client... – Le droit du travail français avec la semaine de 35 h ne vous facilite pas la tâche… Infôtellerie – Juin 2014 – No 78 17.06.14 14:55 Four Seasons Le Vaudois Christian Clerc est à 47 ans le tout nouveau Senior vice-président du groupe Four Season’s à Dubaï. – Nous avons beaucoup de chance, nous avons une entreprise où les gens se sentent bien. Nous sommes les leaders sur Paris. Nous allons terminer avec le plus haut taux d’occupation des sept dernières années. Plus de 76%, c’est énorme pour Paris. Le droit du travail français ne nous a pas posé de problème depuis que nous avons repris l’hôtel en 2000. Le climat social au George V est exceptionnel. Pour moi, c’est la base de notre succès. Nous avons des employés fantastiques qui aiment cet hôtel. Côté salaire minimum, nous sommes au-dessus du SMIC à tous les postes. Si nous voulons les meilleures équipes du marché, il faut leur donner un salaire compétitif par rapport au marché des hôtels du luxe sur Paris. Nos résultats exceptionnels nous permettent de bien nous occuper de nos équipes. Qu’elles sentent que si l’entreprise va bien, cela aura un impact sur leurs revenus. Qu’il y a une corrélation directe entre le succès de l’entreprise et leur succès personnel. – Qui dit luxe dit hôtes arabes et russes ? – Nous avons une clientèle très internationale. En No 1, les Américains, puis les Russes, le Moyen-Orient, mais aussi les Européens Infôtellerie – Juin 2014 – No 78 114500849 ARH Infotellerie No 78.indd 7 (Angleterre, Allemagne et Suisse). Sans oublier les Parisiens, c’est très important. Côtoyer les Parisiennes venues boire un thé à la Galerie avec leurs élégantes tenues fait partie de la culture locale, c’est important. C’est ce que les Américains appellent le « Sense of Place ». – En Suisse, un autre palace que celui des Bergues à Genève ? – Oui, on aimerait bien. Zurich est un marché pour nous et pourquoi pas les Alpes ? Je pourrais très bien imaginer encore deux ou peut-être trois établissements en Suisse. Mais il est difficile de construire, il faut donc dénicher de beaux objets. Sans entrer dans les détails, il y a des opportunités. Je m’y pencherai depuis Dubaï. Nous avons un objectif très précis de croissance. C’est pour cela que j’ai accepté ce challenge. Nous gérons 92 hôtels, nous allons franchir le cap des cent en 2015. Nous ouvrons cette année Johannesburg, Moscou, Orlando, Bahreïn et Dubaï. C’est une coïncidence que l’hôtel de Jumeirah Beach ouvre en même temps que le nouveau siège au centre de la ville. En 2015, nous ajouterons Casablanca et prévoyons d’autres ouvertures au niveau mondial. – Four Seasons est un groupe canadien en mains du prince saoudien Al Walid et l’Américain Bill Gates (Microsoft), deux des plus grosses fortunes mondiales… – Ils sont nos actionnaires majoritaires et M Sharp, notre fondateur et leader historique, conserve des parts. On peut être fier d’avoir des investisseurs autant du NouveauMonde que du Moyen-Orient, deux partenaires très solides avec des perspectives à long terme. C’est M. Sharp qui m’a confié mon premier poste de directeur général à 36 ans et de vice-président à 39 ans. En Suisse, on l’est rarement à cet âge-là. C’est l’une des raisons pour laquelle je suis parti à l’étranger. Il faut donner leur chance à ceux qui ont du talent et des capacités, pas seulement à ceux qui ont de l’expérience. Je préfère un peu moins d’expérience et plus de dynamisme, de vision et d’énergie. Se dire qu’en Suisse on ne peut être directeur général avant 50 ans, c’est démotivant. Propos recueillis par Olivier Grivat 7 17.06.14 14:55 Assemblée générale Les hôteliers à l’heure du bilan au Brassus Les hôteliers vaudois et leurs homologues de Fribourg, de Neuchâtel et du Jura ont participé le 15 mai dernier au Brassus, à la vallée de Joux, à l’assemblée générale d’hotellerieromande. «Le bilan de l’année hôtelière 2013 reflète un bon millésime pour les hôteliers romands, a constaté le président Philipe Thuner dans son discours tenu en présence du président du Grand conseil vaudois, Laurent Wehrli, et en l’absence (excusée) du conseiller d’Etat Philippe Leuba, en voyage de promotion des vins vaudois à Saint-Pétersbourg. Toutes les régions ont bénéficié d’une hausse des nuitées de quelques pourcents, confirmant la progression dans les cantons de Fribourg et du Jura et faisant mieux que rétablir la situation dans le canton de Vaud qui progresse de 6% en 2013 après avoir perdu 4,8% en 2012». Mais les dangers guettent: la mondialisation par internet a favorisé l’émergence d’une hôtellerie clandestine se cachant pudiquement sous le nom de chambres d’hôtes et qui sont mises en vente dans le monde entier sur la toile: «Certains en font leur métier, n’hésitant pas à louer ou à acheter des appartements pour les sous-louer ensuite à la nuit, relève Philippe Thuner. Or, ils ne sont soumis ni à tenir un registre des hôtes, ni à la TVA, ni à l’impôt, ni à payer la taxe de séjour, aux contrôles d’hygiène et de sécurité et encore moins à la convention collective de travail. C’est une économie de l’hébergement souterraine qui fait une concurrence déloyale aux hôteliers, ce dont les autorités n’ont pas l’air de s’inquiéter puisqu’elles n’ont même pas l’intention de profiter de la révision du droit du bail pour fixer quelques règles », accuse le président de l’ARH. Thuner. En accompagnement des bilatérales, nous avons accepté un grand renforcement des contrôles par les inspecteurs du marché du travail. Serons-nous obligés de dénoncer la convention de partenariat avec l’Etat sur ce sujet ? Il est impératif qu’une solution adaptée à la branche hôtellerie-restauration, soit trouvée, car même les frontaliers seront soumis au contingentement ». Et de lancer un appel aux autorités pour être associés à la recherche d’une solution pragmatique qui respecte le vote du 9 février, mais sans nuire à l’hôtellerie-restauration ou au tourisme. « Les chambres d’hôtes constituent une économie de l’hébergement souterraine qui fait une concurrence déloyale aux hôteliers, ce dont les autorités n’ont pas l’air de s’inquiéter puisqu’elles n’ont même pas l’intention de profiter de la révision du droit du bail pour fixer quelques règles… » Le président de l’ARH s’inquiète également de l’augmentation constante de la bureaucratie malgré la saisie en ligne sur internet. Ainsi, auparavant, il était exigé quatre décomptes d’impôts à la source par année, maintenant, le décompte est mensuel. Concernant la récupération de la taxe sur le CO2 et de ses directives de mise en œuvre, les dernières informations ne sont parvenues qu’à fin mars 2013 alors que l’entrée en vigueur de l’ordonnance a eu lieu au 1er janvier 2013 : « A ce jour, alors que le premier exercice n’est même pas terminé, un projet de révision de l’ordonnance a été mis en consultation. Il entend interdire aux PME, donc à beaucoup d’hôtels, de se grouper pour récupérer la taxe. On nage en pleine insécurité du droit ». Alpes vaudoises 2020 Concernant la mise en œuvre de la vision Alpes vaudoises 2020, il serait nécessaire d’améliorer rapidement l’accessibilité de nos stations et la mobilité entre elles par la modernisation des chemins de fer et le rattrapage dans l’entretien et l’amélioration des routes. Les remontées mécaniques, installations sportives et de loisirs doivent être renouvelées dans la volonté de diversifier et d’élargir notre potentiel d’hôtes séjournant et les centres de village sont à réaménager pour devenir plus conviviaux : « Les conditions cadres étant réunies, l’hôtellerie et le tourisme se redévelopperont et nous pourrons passer du tourisme de l’immobilier d’avant la lex Weber à un tourisme de l’exploitation pour un développement durable de nos vallées. » Le président de l’ARH a soulevé un autre lièvre concernant les coûts de promotion, notamment ceux de Suisse Tourisme. Pour figurer dans les campagnes de l’organisme national de promotion touristique, il faut payer relativement cher. Le résultat est que dans les brochures « les meilleurs hôtels design, wellness, historiques, typically swiss ou autres », ne figurent que ceux qui ont accepté de payer. Et de souhaiter vivement que les associations professionnelles, les offices du tourisme et les autorités élaborent une répartition claire des tâches et financements aux trois échelons, national, cantonal et local. (cp) Des chiffres quelque peu trompeurs Les bons chiffres de l’hôtellerie suisse et romande peuvent aussi être trompeurs, car les prix de vente des chambres sont à la baisse. Il a fallu s’adapter au franc fort et au pouvoir d’achat diminué des clients européens. La pression globale sur les prix est forte avec une concurrence toujours plus vive : « Depuis le 9 février, je m’inquiète du retour des contingents de main-d’œuvre étrangère avec leur complication, la lenteur de leur attribution et de l’élaboration des permis de travail, en bref une procédure totalement inadaptée à la volatilité de la clientèle et de la main d’œuvre dans notre secteur, a relevé le président Philippe 8 114500849 ARH Infotellerie No 78.indd 8 Eux présidents… Le syndic de Montreux et président du Grand conseil vaudois Laurent Wehrli avec le président de l’ARH, Philippe Thuner. Infôtellerie – Juin 2014 – No 78 17.06.14 14:55 Assemblée générale Nicolas Frey, directeur de l’Hôtel des Horlogers, Anne Soulié, Olivier Lehrian, vice-président ARH et Daniela Vogt, vice-présidente ARH Irmgard et Alain Baehler (Hotela) ainsi que Johanne Pecora, également de Hotela Roselyne Kraehenbuehl, Evelyne Lüthi-Graf (Archives hôtelières suisses), Dino Sante Demola, Président des hôteliers fribourgeois (Hôtel de la Rose, Fribourg), et Anne-Marie Minder, vice-présidente d’hotelleriesuisse (Hôtel du Rhône, Sion) Fabrice Bezençon, directeur SP System, François Bryand, syndic de Prangins et Président de Nyon Région Tourisme, et Pierre Borer, vice-président de l’ARH Pierre-André Michoud, vice-président d’ARH, en compagnie de Dominique de Buman, conseiller national et président de la Fédération du tourisme suisse, et Guglielmo Brentel, le président d’hotelleriesuisse Martial Meystre, directeur d’Avenches Tourisme, et Sophie Weber-Bovey… Sophie Rouvenaz, directrice de l’Ibis Bulle-La Gruyère, en compagnie de Pierre-André Thépaut, directeur de NH-Hôtel Fribourg Céline Renaud, directrice de JMC Lutherie, Yves de Gunten, administrateur du Domaine du Signal à Puidoux-Chexbres, et Frédérique Bleyzac, Area Sales Manager de JMC Lutherie au Brassus Infôtellerie – Juin 2014 – No 78 114500849 ARH Infotellerie No 78.indd 9 9 17.06.14 14:55 Formation Le label Q comme qualité Par rapport à la Suisse alémanique, la Suisse romande possède un important retard à combler sur les programmes de qualité du tourisme suisse. Des cours ont lieu à Pully et à Fribourg. « Sur 1700 établissements labellisés en Suisse, seuls 66 le sont dans la région lémanique, 31 pour la région Fribourg, 27 pour Genève et 131 pour Jura et les Trois-Lacs… » Responsable des labels à la Fédération suisse du tourisme à Berne, Chantal Beck explique ce décalage par la mentalité différente des Romands, sans doute moins enclins que leurs collègues alémaniques à affronter les directives administratives. Question de mentalité, mais il est vrai que les Romands sont plus difficiles à convaincre de l’utilité du Programme, bien qu’il s’agisse d’une aide pratique, relativement peu chère par rapport à d’autres systèmes de management de la qualité et facile à mettre en place. Le label de qualité se présente sous la forme d’un Q qui se décline en Q1, Q2 et Q3, tous garants d’une gestion de la qualité, «un calcul gagnant pour une entreprise touristique.» Pour ses promoteurs qui englobent depuis 1998 aussi bien la Fédération suisse du tourisme (FST), hotelleriesuisse que Gastrosuisse, soit une douzaine d’organisations touristiques, l’introduction d’une gestion de la qualité est un calcul gagnant pour une entreprise touristique: elle lui apporte davantage de clients satisfaits et donc un meilleur chiffre d’affaires et un plus grand succès à long terme. Des policiers aussi Le programme de gestion de la qualité est spécifiquement conçu pour les prestataires touristiques et axé sur leurs besoins propres. Près de 50% des labellisés sont des hôteliers, mais on y trouve aussi 12% de restaurateurs et 10% d’offices de tourisme. Conscients de leur importance sur le plan touristique, d’autres milieux éloignés de l’hôtellerie et de la restauration ont aussi souhaité se « labelliser », c’est notamment le cas de boulangeries et de la police neuchâteloise. Le programme fonctionne dans les entreprises de toute taille, les petites aussi bien que les moyennes ou les grandes. Pour obtenir le label de qualité niveau 1 (Q1), plusieurs conditions cumulatives sont nécessaires: l’entreprise doit exister depuis au moins six mois et elle doit s’assurer la collaboration d’un « coach de qualité » déjà formé. D’autre part, l’entreprise doit avoir rempli la documentation nécessaire auprès de l’organe de contrôle à Berne, accepté le 10 114500849 ARH Infotellerie No 78.indd 10 Chantal Beck, responsable des labels à la Fédération suisse du tourisme. principe d’une vérification lors d’un éventuel contrôle par échantillonnage et payé les frais inhérents. Car l’opération n’est pas gratuite : elle dépend des chiffres d’affaires de l’établissement répartis en quatre catégories: jusqu’à 250 000 francs, entre 250 000 francs et un million, entre 1 et 10 millions et plus de 10 millions. Ainsi, par exemple, pour un établissement accomplissant moins de 250 000 francs de chiffres d’affaires, le QI coûte 390 francs pour 3 ans. Qualité de l’accueil et sourire Le programme de qualité aborde systématiquement la qualité du service du point de vue du client. Ses besoins et ses souhaits viennent en premier, ce qui est la condition préalable au succès d’un accueil professionnel : « Le programme de cours associe les collaboratrices et les collaborateurs en les encourageant à prendre des initiatives ainsi qu’à travailler en équipe », explique Chantal Beck. Pour obtenir le niveau de qualité 2, le candidat doit jeter un regard autocritique sur son entreprise et la faire examiner par des contrôles externes. C’est là qu’entre en scène le « client mystère », de même qu’un sondage effectué auprès des clients et collaborateurs de l’établissement. Pour améliorer le niveau de qualité, il est prévu d’établir un plan d’action comprenant six à dix mesures concrètes, dont au moins une destinée à l’amélioration de l’environnement. Les mesures à prendre doivent entrer en vigueur dans les deux mois qui suivent le rapport d’évaluation. Enfin, pour atteindre le niveau 3 (Q3), une fois les deux premières étapes franchies, il est nécessaire de disposer dans l’entreprise d’un responsable de la qualité dûment formé (un coach de qualité), de mettre en œuvre avec succès un système de gestion de la qualité exhaustif et reconnu, et surtout de s’engager à améliorer la qualité en permanence. La procédure prévoit aussi un rapport d’audit ou d’évaluation annuel par l’institut de certification. Mais il est aussi possible d’accéder directement au niveau III, sans avoir franchies les deux premières étapes et pour autant que l’hôtelier remplisse les critères de qualité de ce niveau-ci : « Avant tout, c’est la qualité de l’accueil et le sourire qui doivent être améliorés dans l’hôtellerie suisse, estime Chantal Beck. La qualité a un prix certes, mais l’hôtelier doit comprendre qu’il ne peut recueillir en retour qu’un meilleur rendement de son établissement. Il n’est guère imaginable de se contenter d’un tout va bien comme ça. On peut toujours faire mieux. » O.G. Prochains cours : Les cours auront lieu : Niveau I : 3 juillet à Pully chez GastroVaud 30 octobre à Pully chez GastroVaud 3 novembre à Fribourg Niveau II : 19 et 20 novembre (2 demi-journées) à Lausanne (au Novotel Bussigny). Infôtellerie – Juin 2014 – No 78 17.06.14 14:55 Montreux Un Jazz Café en hommage à Claude Nobs Après Genève, Zurich, Londres et Paris Gare de Lyon, c’est au tour de la capitale de la Riviera lémanique d’ouvrir son enseigne à l’emblème du Festival de jazz montreusien. Au No 2 de l’Avenue Claude Nobs, le nouveau projet cristallise une histoire unique. Celle du Festival de Jazz est imbriquée depuis ses origines au rayonnement du Fairmont Le Montreux Palace. Dans ce joyau architectural de tradition et d’élégance construit en 1906, les artistes du Festival ont trouvé une tranquillité rare, propre à l’établissement suisse. Bien souvent, à l’instar d’un Vladimir Nabokov – le père de Lolita –, ils ont aussi goûté à l’inspiration d’une vue sidérante sur le Léman et les Alpes environnantes. B.B. King, James Brown, David Bowie, Miles Davis, Roberta Flack, Prince, Leonard Cohen, Joe Cocker, Santana, Grace Jones... Leurs noms résonnent encore dans les couloirs entre les vocalises matinales de Randy Crawford, les gammes de Prince sur le piano du lobby ou les fringales nocturnes de Quincy Jones pour le poulet épicé. Au dernier étage, la Claude Nobs Suite, la Freddy Mercury Suite et la Quincy Jones Suite s’apprêtent de nouveau cette année à garantir le repos de nombreux guerriers de scènes. Ce lieu chargé d’histoire était le nid tout trouvé pour le nouveau Montreux Jazz Café du pays, aux couleurs chaleureuses du chalet de Claude Nobs, le Picotin. Des souvenirs personnels de Funky Claude Les Montreux Jazz Café lancés par Montreux Jazz International SA sont de véritables ambassades de l’esprit du Festival à travers le monde. Après Genève, Zurich, Londres et Paris Gare de Lyon, ce 5e Café (le premier ins- Infôtellerie – Juin 2014 – No 78 114500849 ARH Infotellerie No 78.indd 11 Le bois brut cher à Claude Nobs et ses couleurs de prédilection entre le chocolat, le rouge et le violet mêleront l’atmosphère feutrée des clubs de jazz à l’esthétique montagnarde. tallé avec pignon sur rue) sera une enseigne particulièrement marquée par la «patte» du fondateur du Festival : le bois et ses couleurs de prédilection entre chocolat, teintes de rouge et de violet, mêleront l’atmosphère feutrée des clubs de jazz à l’esthétique montagnarde. Les murs seront personnalisés par des objets de sa collection personnelle, par les archives audiovisuelles et les images qui immortalisent en noir et blanc les souvenirs d’un demi-siècle de concerts à l’aura internationale. Ce Montreux Jazz Café, fidèle à l’œuvre de l’enfant du pays, s’apprête à devenir une étape touristique, gustative et patrimoniale pour qui souhaitera s’imprégner de l’ADN de la manifestation, tout au long de l’année. Le mariage des deux enseignes insufflera un nouveau dynamisme au palace montreusien, lui qui a logé les plus grands artistes depuis 1967. Selon Michael Smithuis, le directeur du Montreux Palace, « le café sera un vrai musée, ce qui le distinguera des autres cafés de la chaîne. On y trouvera notamment une guitare de B.B. King, le kimono que la chanteur Freddie Mercury – le chanteur du groupe de rock britannique Queen – avait offert à Claude Nobs, mais aussi ses jukebox, ses trains électriques et ses œuvres Art Déco, autant de reliques mises à disposition par son compagnon, Thierry Amsallem, sans compter les nouveaux objets qui seront amenés très régulièrement pour attiser l’intérêt des consommateurs. » Le concept unique de ce café est l’œuvre de designers anglais qui sont allés trouver l’inspiration dans le chalet de Claude à Caux, précise Mathieu Jaton. Le nouveau direc- teur du Festival montreusien qui s’apprête à remettre le couvert, pour sa 48 édition, en accueillant du 4 au 19 juillet, Pharrel Williams, Amy Mc Donald, Stephan Eicher, Tiken Jah Fakoly, Massive Attack et London Grammar. La carte des mets rappellera aussi les fringales nocturnes d’un Quincy Jones pour le poulet épicé du restaurant ou même l’un des plats préférés de Claude Nobs: la salade de pommes de terre au cervelas… Une ouverture en deux temps Les travaux de transformation ont débuté le 12 mai dernier pour une ouverture prévue en deux temps: le 26 juin le public sera en mesure de profiter de la partie Montreux Jazz Café et du Lounge (l’actuelle Brasserie du Montreux Palace), puis le Funky Claude’s Bar remplacera l’actuel Harry’s Bar dès le mois de septembre. Dans ce dernier, une scène intimiste propice au jazz sera active toute l’année avec les archives audiovisuelles et les images qui immortalisent en noir et blanc les souvenirs d’un demi-siècle de concert. D’ici là, c’est très certainement sur ces nouvelles tables, dégustant un Ella’s Cheesecake ou un BB Burger, que certains amoureux de musique attendront patiemment de croiser les grands de cette 48e édition, attirés par ce petit quelque chose en plus, propre à Montreux... « Avec ce café, Montreux ajoute une nouvelle perle à son collier, est venu plaider le syndic Laurent Wehrli lors de la conférence de presse de lancement. Le Montreux Jazz Café aura le mérite de faire vivre le Festival durant les 365 jours de l’année… » (cp/og) 11 17.06.14 14:55 Journée suisse des Vacances Le tourisme suisse condamné à ch o Président de Suisse Tourisme, l’ex-ministre du canton du Jura, Me Jean-François Roth, évoque les nouveaux défis posés aux acteurs touristiques. – Vous avez été élu par le Conseil fédéral à la présidence de Suisse Tourisme en décembre 2007, qu’est-ce qui a changé en six ans ? – Auparavant j’étais dans la vie politique et notamment au Conseil des Etats jusqu’en 1994. A la tête de Suisse Tourisme, j’ai retrouvé les rythmes d’alors avec des périodes de haute conjoncture où tout va bien, suivies de périodes de crise. J’ai donc vécu des périodes plus fastes que d’autres. La crise des « subprimes » et la crise économique qu’elle a engendrée s’est traduite par un recul des nuitées qui s’est encore accru avec la faiblesse l’euro de l’Euro face au franc. Si l’année 2008 a été extraordinaire, la suite a été plus difficile, il faut donc continuer à se remettre en question et poser des bases solides pour les années futures. Le tourisme suisse se trouve confronté à trois défis importants. Le premier est celui du climat. Le deuxième est celui des constructions de résidences secondaires. Le tourisme ne peut que bénéficier de solutions qui limitent ce type de constructions et encouragent l’installation de « lits chauds » d’hôtellerie et de parahôtellerie. Quant au troisième défi, c’est celui des loisirs liés à la nature. La Suisse doit profiter de son excellente position dans ce domaine. – Comment le tourisme a-t-il résisté durant ces années à la chute de l’euro ? – Nos prix ont renchéri d’environ 20% pour les touristes de la zone Euro. Pour faire la différence avec les concurrents, il y a trois facteurs qui jouent à plein. D’une part, le marché intérieur s’est très bien maintenu. Les Suisses visitent la Suisse. D’autre part, la marque Suisse reste symbole de qualité, un élément essentiel pour faire encore la différence malgré cette hausse des prix. Enfin il y a cette diversité sur un petit territoire qui fait que vous pouvez venir ici au bord du Léman et être le lendemain – ou le jour même – sur les pistes de ski. – L’hôtellerie et le tourisme en général ont échappé à l’imposition d’un salaire minimum qu’ils ne voulaient pas… – Effectivement l’hôtellerie aurait sans doute souffert. S’il y a lieu d’envisager des aménagements sociaux dans le domaine des salaires, ce serait plutôt par le biais des conventions collectives. Les régions ont quand même des niveaux de vie très différents. 12 114500849 ARH Infotellerie No 78.indd 12 – Mais une autre épée de Damoclès guette avec l’application de l’initiative sur l’immigration de masse ? – Personnellement cela ne me réjouit pas spécialement d’envisager de nouveaux contingentements. Mais en réalité, comme on ne sait pas quelle sera l’application concrète de cette initiative, on évite de se monter la tête pour le moment. – Vous avez besoin d’argent et vous demandez à Berne une nouvelle augmentation des subventions accordées au tourisme… – Nous avons reçu 210 millions de francs (+12 millions en 2012 dans le cadre du programme d’impulsion pour le tourisme) de 2012 à 2015. Nous demandons au Parlement fédéral un nouveau crédit-cadre porté à 240 millions, c’est-à-dire 60 millions par an de 2016 à 2019, soit une hausse de 14% qui inclut la compensation de l’inflation. Mais il ne s’agit que de la part de la Confédération, l’apport de la branche n’est pas inclus dans ce montant. Ce budget est nécessaire pour nous permettre de poursuivre notre stratégie duale. Elle consiste en premier lieu à repartir à la conquête des clients perdus en Europe. La clientèle européenne est vraiment le fond de commerce des prestataires touristiques suisses (réd. : avec 4,5 millions de nuitées en 2013, les Allemands sont juste derrière les touristes indigènes qui représentent quand même 15,8 millions d’unités). Nous avons perdu près d’un client européen sur cinq. Dans un deuxième temps, il s’agit de mettre en œuvre le programme « next-generation », pour fidéliser de nouveaux clients. – Sont-ils plus individualistes et moins adeptes de tourisme de masse ? – Oui, les clients européens ont plutôt tendance à voyager majoritairement de manière individuelle. Cela n’était pas le cas, jusqu’à maintenant, pour la clientèle asiatique – et particulièrement chinoise – venue en groupes découvrir l’Europe et la Suisse. Il y a beaucoup d’affaires à réaliser de ce côté-là. Une partie du budget supplémentaire demandé – si nous l’obtenons – servira à développer une stratégie de marketing ciblant les voyageurs individuels. Des campagnes qui devront être beaucoup plus incisives que les programmes destinés au tourisme de groupe. En fait on n’a jamais trouvé d’autres remèdes que d’agir sur la demande pour obtenir davantage de clients. Nous ne pouvons pas jouer sur les prix, mais il faut davantage montrer la Suisse sous de « nouveaux » aspects, inciter ces clients à la découvrir davantage et plus longuement, à s’intéresser à de nouvelles destinations. Ainsi, nous sommes condamnés à faire un «grand écart» en termes de stratégie de marketing: il faut, d’une part, se battre sur les marchés traditionnels pour reconquérir la clientèle européenne, notamment avec le programme « next-generation » et maintenir une présence forte sur des marchés touristiques émergents comme la Chine, l’Inde et Singapour. Il nous faut désormais davantage de moyens, car ce sont des pays où l’inflation est galopante. – La Suisse peut-elle tabler à la fois sur le tourisme des villes et le tourisme des Alpes. Faut-il choisir entre Heidi et high…tech ? – Je ne crois pas. Vous seriez très étonné de voir que dans l’arc alpin on peut aussi être très high tech. Il faut admettre que la force de la Suisse, c’est d’avoir des destinations alpines et urbaines très complémentaires, de par leur proximité mutuelle. Ces dernières années, les villes ont vu leurs nuitées augmenter constamment, mais celles-ci proviennent en majeure partie du tourisme d’affaires. Une nature présente dans les villes, mais aussi à proximité, dans les montagnes, c’est un atout majeur que le tourisme suisse devrait pouvoir toujours mieux exploiter, compte tenu de l’attrait que la nature exerce sur les touristes qui viennent pour leurs loisirs en Suisse. Qui mieux que la Suisse peut combiner Heidi et high tech ? Propos recueillis par O.G. Les dix enseignements de la Journée 1. Les marques créent des repères et inspirent la confiance. La super-marque Suisse possède un profil net et différencié: beauté de la nature et des paysages, qualité de vie élevée, grande fiabilité. La « Suissitude » peut inciter les clients à payer jusqu’à 30% de plus. 2. Le vécu est le nouveau symbole de statut: « sightfeeling » au lieu de « sightseeing ». 3. Choisir un marketing plus émotionnel, se profiler mieux, offrir d’avantage d’expériences de valeur. 4. La durabilité devient une évidence ; elle permet de se positionner. L’écotourisme n’est plus seulement un créneau. 5. La stratégie duale de Suisse Tourisme: est de reconquérir les clients venant d’Europe; consolider et diversifier la bonne position de la Suisse sur les marchés lointains. 6. La saison d’hiver exige de l’innovation : seul un tiers des personnes pratiquant un sport d’hiver est encore actif 10 ans plus tard. Il faut des produits nouveaux et bien adaptés pour exploiter le segment de croissance des « Best Agers », de ceux qui reprennent le sport et des marchés lointains. Infôtellerie – Juin 2014 – No 78 17.06.14 14:55 Journée suisse des Vacances h oisir entre Heidi et… hightech ? Le président de Suisse Tourisme Me Jean-François Roth en compagnie de deux médaillés d’or de JO de Sotchi, Youri Podladtchikov, en snowboard, et Dominique Gisin en ski de descente. A dr., Jürg Schmid, le directeur de Suisse Tourisme (photo Andy Mettler) 7. Le « Grand Tour of Switzerland » : un couloir de découvertes pour des profils d’hôtes variés à travers quatre espaces culturels. Engagement de toutes les régions touristiques, 1600 km, pour les touristes qui choisissent les transports publics ou la voiture. TUI voit un potentiel pour les hôtels 2 et 3* et les auberges de jeunesse et désire plus d’offres pour les familles tout comme des offres « all-inclusive ». 8. Les tablettes ont remplacé les carnets de notes. Le choix des vacances passe par la tablette; la quête d’information sur place se fait par Smartphone. 9. Moins de rénovations – plus de restaurations ! Préserver l’ancien et l’authentique. 10. L’art consiste à bien utiliser les nouvelles technologies – et, en même temps, à soigner le contact personnel, la proximité avec la clientèle et l’empathie. Infôtellerie – Juin 2014 – No 78 114500849 ARH Infotellerie No 78.indd 13 Le prix Bienvenu à l’hôtel le plus accueillant Suisse Tourisme a décerné à Lausanne son 2e Prix Bienvenu récompensant les hôtels les plus accueillants de Suisse. La distinction est attribuée aux établissements qui ont obtenu les meilleurs scores dans le cadre d’une analyse des appréciations de l’hospitalité formulées par les hôtes sur plus de 250 platesformes de réservation et d’évaluation en ligne. Réalisée par la société TrustYou, l’analyse aboutit à un classement validé et finalisé par les membres du jury à l’issue d’une visite effectuée dans les trois premiers hôtels de chaque catégorie. Le trophée est incarné par une petite figure de bronze, représentant un concierge d’hôtel prénommé «Bienvenu», au service de sa clientèle et à l’écoute de ses moindres désirs. La distinction est attribuée sur la base de plus d’une centaine de milliers d’appréciations postées par des hôtes de janvier à fin décembre 2013, sur plus de 250 plates-formes de réservation et d’éva- luation en ligne, compilées et analysées par TrustYou. Le Prix Bienvenu sera à nouveau attribué en 2015. Toutes les appréciations des hôtes mises en ligne en 2014 seront prises en compte pour l’attribution du 3e prix en 2015. Le classement 2014 récompense les cinq hôtels suivants: – Petits hôtels de vacances: Hotel Albris ***S, Pontresina (GR) (jusqu’à 40 chambres) – Grands hôtels de vacances: Parkhotel Schoenegg ***S, Grindelwald (BE) (à partir de 41 chambres) – Hôtels urbains: Zunfthaus zu Wirthen ***, Soleure (SO) (3 à 4 étoiles Superior) – Hôtels urbains de luxe: Mandarin Oriental Geneva *****S, Genève (5 étoiles/5 étoiles Superior) – Hôtels de luxe: Grand Hôtel Kronenhof *****S, Pontresina (GR) (5 étoiles/5 étoiles Superior) 13 17.06.14 14:55 Nouveautés « Nous avons encore des projets d’ h Bernard Russi, l’entreprenant patron-fondateur du groupe romand, ne se contente pas d’inaugurer quatre nouveaux établissements en six mois. Il caresse d’autres projets d ’hôtels à construire, notamment aux Diablerets, Champéry et Verbier. Bernard Russi, dont le groupe hôtelier est désormais le No 2 derrière le français Accor (photo V. Verissimo) Jusqu’où ira son appétit boulimique d’établissements hôteliers ? Bernard Russi, l’ancien gendarme vaudois qui a démarré dans les établissements médico-sociaux il y a 25 ans, puis les hôtels, « avec même pas un franc en poche », n’en finit pas de couper des rubans. En décembre dernier, c’est l’Hôtel 4 Vallées qu’il inaugure à Nendaz (VS) en présence du chanteur Florent Pagny. Le 7 mai dernier, c’est au tour du flambant neuf Discovery Hotel d’ouvrir ses portes à Crissier, siège également du nouveau centre administratif du groupe. Le 20 mai, c’est la pose de la première pierre d’Aquatis, un aquariumvivarium qui abritera aussi plus tard un établissement hôtelier à Vennes, sur les hauts de Lausanne, en présence du syndic de Lausanne, Daniel Brélaz (voir ci-dessous). Le 4 juin, avec 104 chambres 3 étoiles sup., le Lake Geneva Hotel – pardon pour le franglais ! – est officiellement inauguré à Versoix : « C’est un premier pas pour le groupe romand sur le territoire genevois, aux portes de la Cité de Calvin et de son aéroport ». Le nouveau restaurant qui l’accompagne s’appelle du reste « O-Five », tout comme la piste de Cointrin à portée d’ailes ou… de pales d’hélicoptère du tout nouveau hôtel qui dispose d’une magnifique vue sur le Lac de… Genève ! Pourquoi 0-Five » ? Le PDG Bernard ce nom de « Russi ne se contente pas d’être le patron d’un groupe hôtelier particulièrement dynamique, il est aussi pilote d’hélicoptère à ses heures. Un moyen de locomotion bientôt indispensable pour visiter ses vingt EMS conventionnés, ses neuf restaurants publics, dont un gastronomique (Le Petit Manoir à Morges), ses neuf résidences médicalisées ou appartement protégés et ses neuf hôtels de 3 à 4 étoiles sup. qui occupent au total quelque 1200 emplois. Cela fait du groupe BOAS le deuxième groupe hôtelier de Suisse derrière le français Accor et le premier groupe privé : « Le schéma financier est toujours le même, commente Bernard Russi. Les murs appartiennent à des financiers ou promoteurs privés dont nous sommes les locataires pour une durée de 20 ans. Une seule exception. Le 4 Vallées de Nendaz dont le bail ne porte que sur dix ans renouvelables. » De son côté, le nouveau Lake Geneva appartient à Marcel Séverin, le fondateur des pharmacies Sunstore (réd. : il a vendu récemment toutes ses officines au groupe Galenica). Nous avons dépensé 2,5 millions de francs pour l’équipement hôtelier, un ascenseur supplémentaire, l’aménagement des cuisines et du restaurant. Nous visons sur un taux d’occupation de l’ordre de 70%, voire davantage pendant les périodes d’affluence, comme le Salon de l’auto. » Aquatis ou le royaume des poissons La Cité de l’eau a été imaginé au début des années 2000 par deux biologistes français, Morgane Labous et Frédéric Pitaval et un muséologue suisse, Michel Etter. Soutenus par plusieurs organisations scientifiques, rejoints d’abord par le Groupe Grisoni, puis par le Groupe Boas, les fondateurs ont développé un projet visionnaire. Un véritable centre de culture scientifique dédié à l’eau douce, ressource vitale de la planète et à la protection de l’environnement. Ce sera à la fois un grand aquarium et un musée interactif présentant de manière fidèle des milieux aquatiques d’eau douce en danger de la planète. D’une capacité de 1 million de litres d’eau douce, l’aquarium présentera un parcours de découvertes constitué de 50 bassins illustrant une vingtaine d’écosystèmes aquatiques remarquables situés sur les 5 continents. Espaces interactifs, expositions sur les phénomènes de l’eau, manipulations diverses et bassins tactiles répartis sur plus de 6000 m2 offriront au public un voyage de plus de 2 heures à travers les plus beaux environnements reconstitués de la planète, abritant plus de 10 000 poissons et organismes vivants. Grands silures du Rhône, poissons spatules (fossiles vivants du Mississipi), piranhas carnivores et grands arapaïmas (plus grands poissons d’eau douce d’Amérique du Sud) de la forêt inondée d’Amazonie constituent une partie des populations d’animaux peuplant les milieux présentés. Avec son bâtiment cylindrique aux formes épurées, Aquatis abritera un centre de culture scientifique avec un parcours thématique lancé à la découverte de la faune et de la flore. Comment préserver les milieux d’eau douce, tel sera le leitmotiv de la visite placée sous l’emblème du poisson d’eau douce et de la Fondation AquaEcopôle, présidée par l’ancien conseiller national veveysan 14 114500849 ARH Infotellerie No 78.indd 14 Yves Christen et soutenue par la Fondation de famille Sandoz. C’est là également que déménageront en 2016 les anciens pensionnaires du Vivarium de Lausanne avec des ambassadeurs prestigieux comme la salamandre géante et le dragon du Komodo. 380 000 visiteurs attendus Placé au-dessus de la station du M2, le futur hôtel Aquatis offrira 148 chambres et deux restaurants à proximité de ce gigantesque aquarium qui offrira un voyage à travers lacs et rivières. Une situation géographique exceptionnelle sur les hauts de Lausanne, un ensemble architectural remarquable et un pôle de culture scientifique sans égal dans la région, toutes les conditions sont réunies pour faire de l’Hôtel Aquatis, à Lausanne-Vennes, un nouveau pôle d’attraction capable d’attirer des centaines de milliers de visiteurs. Le site est exceptionnel, placé à la fois juste à la sortie de l’autoroute A9, tout près d’un grand parking de plus de 1100 places et d’une sortie du métro M2. Dans le bâtiment adjacent, les quelque 380 000 visiteurs attendus annuellement trouveront accès à un hôtel de 143 chambres, avec 260 m2 de salles de conférences, un deuxième restaurant plus sophistiqué qui complètera celui de l’aquarium (250 places intérieur et extérieur offrant une cuisine brasserie plutôt rapide). Les deux platesformes, l’aquarium et l’hôtel Aquatis 3 étoiles Supérieur, seront gérées par une seule société de gestion, Aquatis détenue à 80% par BOAS et à 20% par deux partenaires scientifiques. L’Hôtel Aquatis, qui sera l’un des plus importants 3 étoiles de la région, est agendé pour 2015. Les 148 chambres devraient ouvrir en janvier ou février 2015. O.G. Infôtellerie – Juin 2014 – No 78 17.06.14 14:55 Nouveautés d’ hôtels pour le groupe BOAS » Actuellement le groupe basé à Crissier (VD) compte encore deux chantiers hôteliers d’envergure, l’Hôtel Centre des Sources à Saxon (3 étoiles) et l’Hôtel des Bains de Saillon (4 étoiles sup.), tous deux situés dans l’environnement immédiat des bains thermaux du Valais central, un centre thermal qui figure aussi dans le giron de BOAS. Aux Diablerets, BOAS souhaite travailler avec le canton de Vaud et son office de développement. La station des Alpes vaudoises a plusieurs projets du côté de ses remontées mécaniques notamment. A Verbier (VS), Bernard Russi souhaite construire un nouvel hôtel, mais ne désire pas dévoiler ses batteries à ce stade. Des synergies thermales Un autre projet est encore dans ses tiroirs du côté de Champéry (VS) et de son vaste domaine skiable. L’expérience de Nendaz et de son 4 étoiles sup. et de son spa sur deux étages – avec un bisse traversant les 2200 m2 – donne des idées au président-fondateur de BOAS, un sportif qui vient de terminer la récente Patrouille des Glaciers. Enfin, le groupe BOAS convoite les Bains d’Yverdon et son hôtel, deux établissements du Nord vaudois qui sont sur le marché. Cette acquisition aurait un sens dans la mesure où des synergies pourraient être mises en place avec les Bains de Saillon. Olivier Grivat Le nouvel hôtel se distingue par ses « bow-windows » qui s’avancent sur la façade et élargissent l’horizon. Infôtellerie – Juin 2014 – No 78 114500849 ARH Infotellerie No 78.indd 15 15 17.06.14 14:55 En bref – Agenda Comment manger sainement ? « Manger de la soupe fait grandir », « les carottes rendent aimable », « le jus d’orange empêche de dormir »... Info ou intox ? La nouvelle exposition temporaire de l’Alimentarium à Vevey décortique notre relation à la nourriture pour montrer que notre perception de ce qui est bon ou mauvais pour la santé n’a rien d’immuable ! Dernière exposition avant la fermeture du musée, DETOX propose un avant-goût de sa nouvelle offre digitale, prévue pour 2016. A la grande L’exposition raconte l’évolution de la nutriquestion « Comment manger sainement ? », tion depuis l’Antiquité. chaque époque a proposé ses solutions. Véhiculées par nos proches, par la médecine, par le discours publicitaire ou celui des médias, elles façonnent depuis plusieurs siècles notre rapport quotidien à l’alimentation. À travers cinq secteurs thématiques, DETOX raconte l’évolution de la nutrition depuis l’Antiquité, en s’attardant sur les différentes croyances médicales ou populaires. L’expo décortique notre relation à la nourriture pour montrer comment notre perception de ce qui est bon ou mauvais pour la santé est influencé par les croyances, les préjugés, mais aussi par l’évolution des connaissances médicales sur le fonctionnement du corps humain et la composition des aliments. A voir jusqu’au 30 avril 2015. (cp) Vivre sous terre La nouvelle exposition organisée au Musée historique du Chablais, à Vouvry, jusqu’au 16 novembre rassemble 45 œuvres de Bernard Dubuis, réalisées dans le monde souterrain des forts et forteresses du Chablais, une région de Suisse hautement stratégique. Le visiteur pénètre ainsi au cœur de la montagne et découvre, de l’intérieur, un vaste réseau de fortifications aujourd’hui en partie désaffecté. L’exposition se décline en quatre thématiques : Un site stratégique – Des œuvres de titans – Aux armes – Vivre 16 114500849 ARH Infotellerie No 78.indd 16 sous terre. Les photographies noir/blanc de Bernard Dubuis ne sont pas tirées sur du papier photo, mais imprimées au format 60 x 60 sur un textile autocollant. Cette présentation des images, sans cadre, leur donne une force particulière. Les photographies de Bernard Dubuis révèlent, au travers du choix des sujets, des cadrages, de la lumière, toute l’esthétique d’un monde pourtant confiné, froid, dévolu aux armes, où le minéral et le métal dominent. (cp) Dépôt en nombre Fondé en 1919 selon une vocation d’entraide sociale sous le nom de Fondation du Département social romand (DSR), le groupe DSR a créé une nouvelle société : Eldora SA, va reprendre toute l’activité de restauration collective. Cette transformation du groupe basé à Rolle, qui emploie 2000 collaborateurs, doit lui permettre de poursuivre son développement. DSR est partenaire du nouveau Centre de Congrès de l’EPFL (SwissTech Convention Center). Il y a investi près de 5 millions pour réaliser deux restaurants ainsi qu’une cuisine de 470 m2 pour le service traiteur. Andrew Gordon, le directeur général A l’instigation des Unions chrétiennes et de de la nouvelle société Eldora. la Croix bleue, la Fondation DSR gérait à ses débuts les « foyers du soldat », en les éloignant des tentations de l’alcool. En 1929, elle reprend l’exploitation de la cantine des cheminots à Lausanne, marquant le début de l’activité de restauration collective. En créant Eldora, dans laquelle sera transférée l’activité de restauration collective au 1er janvier 2015, DSR adopte une structure mieux adaptée. La nouvelle société reprend l’ensemble des contrats de ses 260 clients et la totalité du personnel d’exploitation. Ses 1600 employés continueront de recevoir leur part de bénéfices, car la Fondation DSR va survivre tout en se retirant de la gestion des affaires. Propriétaire d’Eldora à 100%, elle poursuivra sa mission sociale sur la base des dividendes annuels qu’elle percevra : les Unions Chrétiennes et la Croix bleue en sont toujours les premiers bénéficiaires. En 2013, le groupe a réalisé un chiffre d’affaires de 293 millions. Dans la restauration collective, DSR est le No 2 suisse derrière le groupe SV, son pendant alémanique, et devant Eurest/Compass. En 2015, Eldora prévoit un chiffre d’affaires de 235 millions, dont un tiers à Genève et un tiers en Suisse alémanique. P.P. 1000 LAUSANNE 1 Le groupe DSR devient Eldora Agenda Quelques rendez-vous importants pour le secteur touristique 3 juillet Athletissima à Lausanne 3 juillet au 14 août Festyvétés à Yverdon 4 au 12 juillet Opéra Carmen à Avenches 4 au 19 juillet 48e Montreux Jazz Festival 6 juillet SlowUp vallée de Joux 8 au 13 juillet Festival de la Cité à Lausanne 12 juillet au 30 août Marchés folkloriques de Vevey 22 au 27 juillet Paléo Festival à Nyon 19 au 31 août Luna Classics à Nyon Infôtellerie – Juin 2014 – No 78 17.06.14 14:56
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